Le plus dur à accepter en tant qu'aidant et qui génère une certaine frustration, c'est lorsque les personnes refusent qu'on leur vienne en aide, refusent d'être héberger et préfèrent rester dans la rue.
G refusant de suivre cette conversion est chassé par sa famille alors qu'il vient d'être licencié de son usine d'énergie solaire dans un contexte de licenciement économique.
En particulier,j'ai été touché par l'histoire de ces jumeaux égyptiens qui venaient d'avoir dix huit ans la veille et qui avaient été abandonné par leur père retourné en Egypte.
Vient ensuite le moment du briefing et de la maraude.
Nous avons réussi à convaincre 4 ou 5 personnes en difficulté à venir en hébergement, en l’occurrence au centre de Montrouge.
L'équipe a été vraiment très accueillante et sympathique bien que je ne vienne que pour une nuit!
Comment une personne à la retraite en vient à ne plus pouvoir manger et dormir dignement ?
Ca peut arriver à chacun d'entre nous : par exemple, un monsieur qui venait d'être licencié, il était logé par l'entreprise où il travaillait donc il perdait son travail ET son logement...
En effet, ils venaient d'arriver à Paris, avaient reçu 20€ d'un passant, puis un Macdo d'un autre, et enfin un sac de couchage chacun du samu social.
Les passants nous voyant de-s’enneiger ce monsieur, viennent nous aider.
Certaines personnes n’appelant par exemple que pour une avoir une trace dans leur dossier et pouvoir bénéficier d’une place d’hébergement dans les jours à venir seulement, et ce souvent pour une seule nuit.
Heureusement pour moi ce ne fut pas le cas puisque nous avons rencontré quelques usagers et surtout nous avons récupéré une famille et une maman pour les amener dans un foyer pour qu'ils passent le week-end, ce qui m'a permis de voir comment le SAMU social venait en aide aux usagers de façon concrète.
En dernier j'ai vu un sans-abri qui venait d'Europe de l'Est (beaucoup de SDF viennent d'ailleurs de ce côté d'Europe) qui était dans un état vraiment désastreux (il était pourtant assez jeune), qui buvait sa vodka au goulot, et qui à côté de ça était également très poli avec nous, il avait une lésion importante et très douloureuse de la fesse gauche (suite à une injection qu'il s'était faite dans la fesse) nous avons donc décidé de le transporter aux urgences de Bichat (où nous n'avons pas été particulièrement bien accueillis d'ailleurs).
Après deux heures de doubles écoute, à voir le nombre d'appel en attente ainsi que le temps d'attente avant d'être pris en charge, on commence à s'acclimater à la difficulté que va être la nuit et vient l'heure du briefing de 20h, qui a part nous présenter aux équipes du soir m'a sembler peu utile et inintéressant. […] Passé le briefing, vient le temps de commencé la maraude, apparemment j'étais tombé sur le mauvais camion, celui de la maraude pure.
Un traducteur Roumain nous vient en aide par téléphone.
Ces 2 jeunes (18 ans ) étaient accompagnés de 2 chiens et venaient d'Angers.
les conditions peuvent parfois être assez dures, et on comprend mieux le refus de certaines personnes de venir y passer la nuit....
L'autre situation: un autre qui attendait devant le centre d'accueil et que nous ne pouvions pas prendre en charge car la "règle" veut que ce soit un camion venu de Paris qui l'amène au centre (car sinon tout le monde viendrait directement devant le centre et ça ne serait pas gérable).
De plus, j'ai pu voir au sein d'équipes de personnes formidables quels sont les moyens mis en oeuvre pour venir en aide aux plus démunis.
Nous avons d'abord dû le convaincre de venir avec nous, puis nous lui avons donné une douche et constaté l'ampleur des dégâts, nous avons panser ses blessures puis donné à manger et nous lui avons trouvé une place dans un service spécial prodiguant des soins.
Notre mission ce soir a été de tout faire pour qu'il accepte de venir dormir dans un centre pour s'abriter, pour se doucher et avoir un bon repas chaud.
C'était gratifiant de venir en aide aux plus démunis, d'autant plus que nous étions dans les beaux quartiers ce qui rendait le tableau encore plus intense.
C'est pourquoi le samu social est si crucial : il permet de venir en aide aux plus démunis et de rappeler aux autres que la misère n'est pas une fatalité.
Cette expérience m'a donné envie de m'intéresser davantage à ces problématiques et à changer de regard sur les personnes exclues de la société et ceux qui leur viennent en aide; encore merci.
Cette garde a été très enrichissante, humainement et intellectuellement, et me fait porter un tout autre regard sur les personnes auxquelles le SAMU social vient en aide.
Une expérience dont découle curieusement probablement un sentiment de réconfort -- réconfort d'avoir pu venir en aide, quelque modeste soit-elle, aux plus démunis, avec les moyens qui sont ceux du Samu social.
Ce qui m'a surement le plus marqué c'est la détresse et le désarroi des personnes qui appelaient le 115, notamment celui qui m'a le plus touché est un jeune adolescent qui a appelé qui venait d'arriver seul sur paris, sans logement ni connaissance, et qui semblait désorienté.
Il était dans la rue depuis presque 15 ans, avait "son trottoir", les gens qui le connaissaient venaient lui rendre visite et le nourrir.
Un cas qui m'a marqué : Mr D, 72 ans qui venait d'être hospitalisé 3 semaines en médecine interne, est sorti avec "RAD avec traitements et examens complémentaires à programmer en ville", et une radio pour suspicion de fracture programmée dans 1 mois.
Ils venaient le voir régulièrement pour prendre des nouvelles.
D'autre part, j'ai été assez choquée d'apprendre que la majorité des lits proposés étaient des lits superposés alignés dans un ancien gymnase, où il n'y a aucun respect des règles d'hygiène, aucun accueil pour ceux qui viennent y dormir et presque aucune sécurité.
La plupart sont heureux et reconnaissants lorsque le SAMU social vient s'assurer que tout va bien. 3-4 phrases échangées avec un café leur permettent de se sentir moins isolés, moins oubliés.
Je suis moi même investie dans une asso qui vient en aide aux personnes sans logements et j'attendais beaucoup de cette garde, et j'en ai rien appris, j'étais déprimée et en plus de ça j'ai du me payer un Uber car lâchee à 4h sans être ramenée, je me sentais bien seule dans ce hangar de camions hors de Paris.
Il tardait à venir.
Tout particulièrement, nous sommes allés chercher un jeune Soudanais, un migrant venu en France, ayant probablement été torturé plusieurs fois au cours de son périple.
Ainsi les équipes, composées pour la majorité d'un conducteur, d'un travailleur social et d'un infirmier, se répartissent avec précision les rues parisiennes, tout en gardant un contact permanent entre elles et avec le centre dans le but de venir en aide au plus de personnes.
Des sans-abri venaient à notre rencontre parfois pour demander un hébergement pour la nuit, car elles n'arrivaient pas à joindre le 115 du fait d'une saturation téléphonique en période hivernale.
Beaucoup de personnes que l'ont venait voir volontairement pour proposer un café ou une soupe nous remerciaient avec beaucoup de bonté et nous tenaient même au courant de leur avancées pour certains , comme ce monsieur qui avait trouvé une association ou se rendre chaque jour pour entretenir des relations amicales .
Il y a eu beaucoup de rencontres, toutes aussi chaleureuses les unes que les autres, et j'ai pu constater que la misère et la solitude n'épargnent personne : homme, femme, jeune, âgé, français ou étranger, tous sont égaux dans cette condition, et fort heureusement tous sont égaux quand on leur vient en aide.
Chacun avait son histoire: du dealer qui a été renversé volontairement par un concurrent et se trouve en fauteuil roulant dans la rue depuis, un autre qui parle peu et finit par me dire que ça fait l'équivalent de mon âge qu'il vit dehors et se débrouille; et puis les migrants qui viennent en nombre, certains plus jeunes que moi, qui ont traversé une bonne partie du monde pour trouver une vie meilleure, avec pour seuls effets personnels une tenue de rechange leurs papiers et un peu de nourriture et d'argent sous leur manteau, certains ne pouvant même pas faire de demande d'asile pour la seule raison que leur empreinte digitale a été prise dans un autre pays de l'UE.
L’écoutant doit venir "vendre" au coordinateur la personne qui a appelé en essayant de vanter son "mérite" à avoir la place plus q'un autre.
J'ai ouvert les yeux sur le fait que les SDF de Paris ne sont pas "seuls", je n'avais pas conscience de tous les dispositifs mis en place pour leur venir en aide et c'est rassurant.
Moment m'ayant particulièrement touchée : 2 jeunes ont appelé le 115 pour venir en aide au "Père Pierrot" un homme vivant depuis 2 ans dans la rue, parlant de lui (Pere Pierrot) à la 3eme personnes et disant de tous (inclus sont frère et son fils qui l'ont laissé dans la rue) qu'ils sont "gentils comme tout !".
Vient ensuite la maraude..
L'équipe avec qui j'ai maraudé était très sympathique, ce qui m'a permis de poser toutes les questions qui me venaient à l'esprit au cours de la nuit.
J’ai pu entendre plusieurs demandes de famille très différentes, de la mère seule avec plusieurs enfants qui venait d’arriver, au couple avec un enfant en bas âge, jusqu’à la mère encore la maternité, avec son bébé de 15j paniquée à l’idée de devoir retourner dans la rue.
Comme d'habitude il ne voulait pas venir avec nous - même pas après 40 min de négociation.
Cependant je ne pense pas que cet enseignement devrait être obligatoire je pense que c'est anti-pédagogique que de forcer les étudiants en médecine à faire ça, les gens du SAMU SOCIAL sont agacés car ils savent tous que les étudiants viennent car ils y sont obligés, alors que beaucoup seraient venus par intérêt et auraient été mieux reçus.
Et enfin une femme qu'on a retrouvée pendant la maraude, dont la fille avait des troubles sévères du comportement et venait d'être emmenée en Centre Médico Psychologique sans demander l'avis de sa mère (pourtant sa tutrice) ou même prévenir celle ci qui était pourtant dans la salle à côté.
Notre chauffeur s'est attelé à convaincre Georges, qui était bien connu du Samu Social, de venir avec nous pour dormir en hébergement pour cette nuit.
Le fait de pouvoir vraiment venir en aide aux personnes qui le demandent est une denrée rare, même parfois en médecine, et je suis donc très content d'y avoir pris part.
Il est grand, mince, porte une barbe rousse et vient vers nous. […] Son index gauche saigne, il s.est coupé, nous lui procurons de quoi faire un pansement. 5 min après une femme, la 30 aine, bobo chic du 10eme, ballade ses chien et vient vers lui avec un sac rempli de fringues, et un blouson en cuir qu'il enfile super fier.
Le temps passe tellement vite que je ne peux faire de double écoute, on doit vite aller au briefing de 20 h, juste le temps pour un café et de discuter avec une étudiante de Science Po, qui vient faire la même chose que moi. […] Tous ont leur place dans le centre et nous devons dire non, à contre coeur, à plusieurs personnes, qui dès que le camion reste trop longtemps à un endroit, affluent pour savoir s'il est possible de venir.
Pour moi cette garde doit être maintenue dans les années à venir, autant pour la double écoute que pour la maraude, et je me considère chanceuse d'avoir rencontré la totalité des personnes que j'ai vu pendant la garde.
Il faut savoir passer au delà de l'ignorance de certains, de la violence verbale ou de "l'indécence" d'autres; les laisser venir à nous est aussi leur laisser une chance pour ne pas rester isolés.
dans des endroits où il n'y a rien à observer, où un simple entretien serait suffisant, où on est accueilli par un amical "Mais tu n'as rien à faire de mieux un lundi de soir que de venir ici ?"
On découvre tout un univers qu'on ne connait pas, tous ces moyens mis en oeuvre pour venir en aide aux sans domicile fixe.
J'ai assisté à ce deuxième entretien, dans lequel l'usager nous a expliqué qu'il était venu clandestinement en France pour trouver du travail afin de renvoyer de l'argent à sa mère malade en Côte d'Ivoire.
Je suis de nature curieuse et ouverte à tout, mais à 4h30 du matin, dans le froid depuis 30 min avec l'infirmière, la travailleuse sociale et l'ambulancier, à essayer de convaincre un sdf de venir avec nous au centre d'hébergement alors qu'il ne veut pas en entendre parler, puis finir par se faire copieusement insulter n'est pas vraiment ce que j'appelle une expérience enrichissante...
Peut-être serait-il possible de permettre aux étudiants qui le souhaitent de venir faire des maraudes via un partenariat entre la faculté et le SAMU social ou d'autres maraudes de quartier ?
D’autres encore viennent d’ailleurs, sont sans ressources et sans perspectives, dans un pays dont ils ne maîtrisent ni la langue ni les codes.
Elle lui raconte que les policiers sont venus tôt ce matin avec des éboueurs pour jeter sa "maison", ils lui ont tout pris, son matelas, ses parapluies qui lui servaient de toit, ses assiettes, tout ce petit aménagement qu'elle a réussi à assembler au fil du temps.
J'ai été très touchée par un canadien, venu en France il y a 3 ans et qui a pris la décision de repartir dans son pays mais qui s'est fait volé ces papiers.
Pendant la nuit ensuite, lorsqu'on se rendait sur le lieu d'un signalement, j'ai remarqué qu'on se faisait souvent interpeller par des personnes démunies, qui venaient demander un peu de nourriture ou des vêtements.
Convaincre un SDF de venir dans un centre où il a un lit infirmier de réservé alors que celui ci est réticent n’est pas différent que de prendre le temps d’expliquer un examen à un patient le refusant dans un premier temps par peur ou ignorance.
Errer dans les rues toute la nuit en mobilisant autant de moyens matériels et humains pour au final ne venir en aide qu'à une petite dizaine de sans abris me semble assez faible comme "rendement". 80% du temps est en effet perdu à faire des allers et retours vers le centre d’hébergement avec souvent une seule personne à bord et à marauder dans les rues sans véritable but.
Avant de venir à ma garde et au début de la double écoute du 115, on m'avait prévenu que les demandes d'hébergement étaient trop nombreuses comparé au nombre de places disponibles ; que certains SDF appelaient tous les jours mais qu'on ne leur accordait une place qu'au-delà d'un certain nombre de nuits passées dehors, pour que "ça tourne" et que ça ne soit pas toujours les mêmes qui dorment en hébergement.
N'habitant pas Paris et sachant qu'ils ne me raccompagneraient pas jusqu'à chez moi, je suis venue en voiture.
Au-delà de cette aide d'appoint, le SAMU social peut effectuer une évaluation sociale par les travailleurs sociaux et leur venir en aide pour leurs différentes démarches administratives mais propose aussi une évaluation de leur santé d'abord par une IDE puis par un médecin le lendemain matin.
M.G, vient d'un pays quelque part en Europe, il avait de grosses responsabilité dans son pays en ce qui concerne la lutte contre la corruption et le crime au niveau institutionnel, ses actions l'ont obligé à fuir précipitamment à bord de sa voiture, voiture poursuivie par une autre voiture avec des intentions beaucoup moins louables, toujours est-il que la course poursuite associé à des coups de feu ont fatalement évolué vers le carambolage.
Peut être aussi qu'on jugera moins vite aussi le SDF qui vient se réchaffer au urgences par les remps de grand froid.
J'ai cependant été frustré de voir que nombre de demande n'aboutissaient pas et stupéfait de comprendre au téléphone que des familles passaient littéralement leur journée entière à tenter de joindre le 115, sursaturé d'appels, comme on le leur demande dans le seul vague espoir de voir leur dossier priorisé, ils deviennent esclaves du système destiné à les aider, ne pourraient ils pas simplement se signaler via une application plutôt que d'appeler sans espoirs pour la nuit qui vient?
J'ai réussi à convaincre un homme à deux doigts de se noyer dans la Seine de venir se faire hospitaliser.
J'ai trouvé la situation délicate car ce jeune SDF n'avait aucune idée que nous venions pour lui, et comme il avait déjà un genre de campement avec des matelas et des meubles, il a refusé (très poliment) un hébergement pour la nuit.
Nous avons rencontré une autre famille vers 1 h du matin (Les 2 grands parents d'une soixantaine d'années, les parents d'une trentaine d'années et les 3 enfants dont le plus jeune venait d'avoir 2 ans).
Le camion du Samu social attire les SDF, on vient y chercher une place en refuge (qui arrivent au compte goutte au fur et à mesure de la soirée), de la nourriture, quelques vêtements, de manière plus inattendue des préservatifs...
Malgré le fait que la nuit fut dure, elle m’a montrée que s’il y a des gens dans les rues, il y a aussi des gens qui les viennent les écouter, leur apporter un peu de réconfort et qui font de leur mieux avec les moyens qui sont à leur disposition pour les aider.
Ils sont venus en France pour trouver de meilleures conditions pour leur bébé.
Je craque, je lui dis que je reviendrai le lendemain soir la voir avant que le Samu vienne la chercher […] Et même lorsque l'on trouve des places dans un foyer pour un usager, un sentiment voisin et tout aussi désagréable vient nous saisir: la frustration.
Briefing : on est venu directement me chercher pour m'emmener au briefing tout en m'abreuvant d'explications.