D'abord celui d'une femme qui faisait part des difficultés d'un couple de roms qui vivait en bas de son immeuble, puis des appels de sans abris eux-mêmes qui étaient en grand détresse, parfois malades, et demandaient pour la énième fois une place en hébergement.
La situation qui m'a le plus marquée était lorsque dans le camion du samu, l'homme que l'on emmenait en centre d'hébergement m'a dit au décours de la conversation "on va partir en normandie avec ma femme et nos deux enfants pendant une semaine.
Lors de la double écoute, j'ai pu entendre les difficultés rencontrées par un père de famille à trouver un logement pour lui, sa femme et ses enfants.
Ce sont des hommes et de femmes dévoués et sincères dont le rôle dans notre société est tout à fait essentiel.
La rencontre que j'ai préféré à été celle d'une femme qui nous avait appelé pour refaire un pansement à la jambe, ce que l'infirmier a fait dans un arrêt de bus à 3 h du matin pendant que je lui tenait la jambe, en faisant fi de toutes les consignes d'asepsie durement apprises à l'hôpital ce qui était au final plus gratifiant et peut-être même un peu libérateur.
Au premier abord j'avais des appréhensions quant au contact avec les personnes que nous allions voir, qui pour moi ne voulaient pas forcément être aidées Finalement en étant entourée d'une équipe qui a l'habitude on comprend vite que l'important c'est le respect de l'autre, qui qu'il soit, et c'est une valeur fondamentale à notre exercice médical Deux situations m'ont marquée : Une femme qui ne voulait pas qu'on l'aide et qui visiblement avait un peu peur de nous; en discutant avec l'équipe on se rend compte que c'est assez fréquent qu'elles refusent de l'aide du fait qu'elles subissent énormément de violences dans la rue et sont donc fermées sur elles-mêmes.
Nous avons notamment rencontré une jeune femme d'une trentaine d'année, à la rue depuis ses 18 ans, qui finira par nous chanter d'une voix fabuleuse, certains de ces textes qu'elle écrit pour raconter son histoire.
Une autre histoire m'a marqué c'est celle d'une jeune femme de 20 ans qui était arrivée en france depuis seulement quelques jours et à qui on a expliqué toutes les démarches de demande d'asile.
Si les travailleurs sociaux ont le coeur grand ouvert pour accueillir petits et grands maux qui jalonnent la vie de ces hommes et ses femmes de la rue, il en ressort indéniablement que les moyens ne sont pas suffisants.
Cette femme adossée au pied du Sacré coeur ou cet homme emmitouflé sans abri depuis une vingtaine d'années dont l'expérience de la rue leur a forgé une expérience/sagesse hors du commun, m'ont donné une autre image de ces personnes en détresse.
Des jeunes (beaucoup de jeunes, on réalise alors la chance qu'on a), des moins jeunes, des femmes avec des enfants...
Au cours de la nuit de maraude, nous avons amené 6 personnes dans différents centres (5 hommes et seulement 1 femme !)
Cependant j'ai pu noter un manque de moyens réel (deux centres d'hébergement pour hommes sur Paris, et un seul centre d'hébergement pour femmes) face à une demande importante (plus de 7000 demandeurs d'asile / nuit sur Paris) en dépit d'un système efficace (logement hôteliers, collaboration avec système associatif).
Il s'agissait d'une jeune femme qui s'était retrouvée à la rue après la perte de son emploi, le départ de son ami, et le rejet de sa famille, et qui se débattait tant bien que mal pour essayer de s'en sortir et de loger par-ci par-là chez des amis qui acceptaient de l'héberger pour quelques nuits Finalement, l'arrivée du samu social n'a pu lui permettre uniquement d'être hébergée dans un centre pour la nuit, mais ne sera sans doute pas suffisant pour l'aider à se faire employer et pouvoir mener une vie comme avant.
J'ai partagé la nuit avec des hommes et des femmes que je ne reverrai probablement jamais, pas une seule seconde je ne serai capable de comprendre ce qu'ils vivent, moi qui suis rentrée tranquillement dormir dans mon lit à 4H, mais j'ai appris à prêter attention à ces vies qui sont là dans la rue et que j'évitais le plus souvent dans le métro et dans les gares.
Les situations sont diverses : familles, personnes isolées, femmes violentées par leur conjoint...
J'ai fait ma double-écoute d'abord en "front" où il y a comme un filtrage des appels, la femme avec qui j'étais m'a expliqué chaque étape qui relie l'appel et la prise en charge, puis je suis passée avec un monsieur qui faisait la "back" où les appels sont plus longs et où les appelants racontent leur parcours et les difficultés qu'ils rencontrent.
Cette nuit nous avons été confrontés à un cas qui a beaucoup touché l'ensemble de l'équipe : 2 jeunes femmes ont appelé le 115 pour signaler un homme à priori sans abris, complètement perdu.
Une situation marquante : Une femme de trente ans est parti de son pays d'origine la Côte d'Ivoire pour fuir son mari qui la battait.
Nous avons reussi a trouver des places pour les 3 acolytes, dans des centres differents puisqu'il n'y avait pas de place pour les 3 dans un seul centre ( et l'une d'entre eux etant une femme), et à les convaincre de se separer pour quelques jours, et de se debarrasser de toutes leurs affaires, pour avoir une chance de se decontaminer definitivement.
J’ai vu l´infirmière de notre camion se démener pour trouver une solution afin qu’une jeune femme sans repère et abandonnée a elle même puisse prendre s’est traitements dans de bonne sens conditions.
Il y a eu beaucoup de rencontres, toutes aussi chaleureuses les unes que les autres, et j'ai pu constater que la misère et la solitude n'épargnent personne : homme, femme, jeune, âgé, français ou étranger, tous sont égaux dans cette condition, et fort heureusement tous sont égaux quand on leur vient en aide.
En effet pour moi, tout le monde mérite sa nuit dans un lit, et même si le SSP essaie d'être le plus juste et le plus impartial possible, le jugement personnel intervient toujours un peu, et on répond alors qu'il n'y a plus de place pour la nuit à un homme jeune et dans la rue depuis quelques mois pour ensuite dire oui à une femme plus âgée dont la situation de précarité remonte à des années et qui , connaissant le système, arrive très bien à faire du chantage affectif aux écoutants.
Je suis rentrée chez moi vers 4h, car on passait dans le quartier voir une femme.
La première est celle d'une femme qui avait signalé qu'un sans domicile de son quartier était probablement blessé (elle l'avait vu boiter). […] L'autre situation qui m'a marquée est celle d'une famille roumaine (1 femme et ses 3 filles de 20 à 6 ans) que nous avons rencontrée vers minuit.
Je suis arrivé vers 18h au standard du Samu où j'ai passé 2h environ en double écoute avec un standardiste, j'ai donc pu découvrir quelques-unes des situations fréquemment rencontrées (clochard "habitué" cherchant un centre d'accueil pour la nuit, femme avec jeune enfant se retrouvant à la rue soudainement et totalement désemparée qui trouveront finalement un hébergement en hôtel, appel de riverain pour apporter de l'aide un SDF qu'il a croisé), j'ai aussi pu découvrir l'organisation du standard, avec 2 "superviseurs" gérant les places disponibles dans les centres et hôtels.
Et ayant fait la garde le 1er avril, date de fin de la trêve hivernale, j'ai également rencontré des personnes, des femmes (!)
Que c'était-il passé entre l'époque du pompier souriant vivant en Guadeloupe avec sa femme et son fils et celui de cet homme seul à la rue dans Paris?
Au niveau de la double écoute, j'ai été surprise par une écoute qui concernait une femme enceinte de 8 mois qui demandait un logement pour la nuit et qui a été refusé faute de place et parce qu'elle avait un visa touristique ce qui ne semblait pas du domaine de compétence du 115.
Tous ces locaux inhabités/inoccupés (Charles le Foix, Jean Rostand) principalement centre d'acceuil pour femme qui vont fermer d'ici peu !!
C'était une expérience très marquante pour moi - surtout les appels des jeunes femmes enceintes ou des mères ayant encore des petits enfants.
l'expérience du centre d'appel était sympa, avec une jeune femme très gentille, non avare d'explications et qui m'a laissé répondre aux appels, ceci était bien dans le sens ou l'on est bien intégré dans la réalité du centre d'appel.
Obligee de payer un taxi pour rentrer Donc payer pour faire une garde ou on ne vous attends pas où tout le monde fait grise mine et où on se retrouve à 3 femmes pour parler à des sans abris parfois non connu potentiellement dangereux Je ne m'attendais pas à ça et je suis terriblement déçue J'ai bien compris le manque cuisant de moyen mais je m'attendais à une équipe plus chaleureuse et un échange entre professionnel Med et paramédicaux pour faire évoluer l'image qu'on se fait des urgences et medecins et moi à l'inverse du samu social Je suis septique sur l'intérêt de cette garde et sur notre participation Surtout qu'on vous envoie avec une équipe qui maraude dans un quartier où il y a peu de sans abri plutôt que de vous mettre avec une équipe qui maraude dans les quartiers touristiques bondés de sans abri, du coup on voit pas le fond du travail juste le haut de l'iceberg...
J'ai été particulièrement touchée par deux familles que j'ai rencontré dans la nuit et à qui nous avons pu trouver un hébergement d'urgence pour la nuit: une mère et sa fille de un an; un père, ses 3 enfants et sa femme enceinte.
Il y a particulièrement une réponse qui était touchante car quand il a été dit à cette femme qu’elle ne pourrait pas être hébergée, elle a simplement dit « d’accord, je comprends, merci. […] J’aurais ainsi aussi appris ce qui peut être proposé à ces hommes et ces femmes pour les héberger.
On a aussi fait la rencontre d'une femme sans doute schizophrène qui racontait avoir inventé les salades mélangées et plein d'autres inventions miraculeuses qui auraient dû la rendre riche et célèbre mais dont on lui avait volé l'idée.
Et enfin une femme qu'on a retrouvée pendant la maraude, dont la fille avait des troubles sévères du comportement et venait d'être emmenée en Centre Médico Psychologique sans demander l'avis de sa mère (pourtant sa tutrice) ou même prévenir celle ci qui était pourtant dans la salle à côté.
René, un litron dans la poche, René qui chante à pleine voix "Gigi l'Amoroso" et disserte sur Dalida, la plus belle femme du monde, René le pittoresque, René le clochard d'Épinal.
Au cours de cette nuit, j'ai rencontré une femme SDF qui bien que ivre résumait bien la situation : hôpital ou prison puisqu'il n'y avait plus de places en foyer !
J'ai été assez émue à la rencontre d'une jeune femme, la quarantaine tout au plus, assoupie sur un banc, avec pour seule possession un sac à dos, et qui venait manifestement de se retrouver à la rue.
Même si un plan a été mis en route pour qu'aucune famille, ni femme, ni enfant ne dorment à la rue, la maraude m'a montré qu'il ne suffit pas d'ouvrir de nouvelles places d'hébèrgement pour régler le problème.
J'ai par ailleurs dû prendre mon courage à 2 mains pour ausculter la jambe de cette femme enceinte, le contexte étant absolument différent de ce dont j'ai eu l'habitude (pas de médecin, patient migrant après un voyage traumatisant et visiblement difficile physiquement, dans la difficulté pour se nourrir ou tenir au chaud son enfant...)
Je pense notamment à cette femme roumaine, homosexuelle, sourde et muette avec qui il nous a fallut un moment pour trouver une stratégie de communication adéquate mais qui paraissait rassurée d'avoir croisée notre chemin afin de ne pas dormir dehors.
Il sont avant tout des hommes, des femmes qui souffrent et pouvoir leur apporter quelques minutes de chaleur est sûrement déjà beaucoup pour eux bien que j'aurais aimé passer plus de temps avec quelques uns.
Nous avons eu l'occasion de recueillir une femme enceinte aux urgences maternité qui dormait à même le sol, d'accompagner aux urgences une usagère pour un problème somatique ainsi qu'une autre pour une prise en charge psychiatrique ; toutes les personnalités rencontrées cette nuit là m'ont particulièrement marquée par leur histoire, leur courage, leurs spécificités.
Je me souviens de toutes les personnes rencontrées cette nuit, celles qui m'ont le plus marquée sont d'abord une jeune femme que nous devions aller chercher à la sortie d'un métro, et une fois arrivés sur place nous nous sommes rendus compte qu'elle était avec un nourrisson, cela étai surprenant et faisait une drôle d'impression.
Ça fait 20 ans qu’il est là, il a perdu sa femme et sa fille. […] Ensuite, il y a eut David et son chien, ancien militaire qui a perdu sa femme.
On réalise aussi que les gens du 115 sont obligés de gérer des situations de façon "économique", "raisonnée", ce qui nous paraît parfois extrêmement difficile (j'entends par là des raisonnements comme "cette jeune femme a 25 ans, elle est en bonne santé, ça fait 4 nuits de suite qu'elle a un hébergement, pour cette nuit je ne lui en propose pas et elle va dormir dans la rue, tout en sachant qu'elle peut se faire agresser etc"...).
Nous avons deux heures devant nous de 18 heure à 20 heure ce qui nous laisse le temps de rencontrer plus de situation différentes : personnes isolées, femme seule avec jeune enfant, couple sans enfant, personne vivant sa première nuit dehors ou inversement.
, d'autres ont vécu des situations dramatiques (une femme battue, des réfugiés politiques -ce qui me touche beaucoup parce que ma famille est aussi réfugiée politique, etc.)
Car comme dit le proverbe : "donne un poisson à homme, il mangera un jour, apprend lui a pêcher , il mangera toujours " L'impression que j'ai eu c'est que ces hommes et femmes sont dans la rue depuis des années et qu'ils vont de foyers en foyers mais qu'il n'y a pas d'évolution, pas de ré-insertion ...
Toutefois l'événement qui m'a le plus marqué est la découverte d'une jeune femme d'une vingtaine d'années assise seule sur un banc parisien.
mais aussi un homme d’une trentaine d’année demandeur d’asile, originaire de Guinée Conakri ayant fui son pays dans des conditions dramatiques, ou encore une jeune femme de 18 ans, ayant interrompu son traitement psychiatrique, en rupture complète avec sa famille..
Pendant la nuit nous sommes allé chercher deux femmes enceintes pour les amener dans un centre où elles avaient des places réservées.
je n'arrive pas à comprendre comment ces gens qui m'apparaissaient tout à fait sympathiques, responsables, avec de la famille pouvaient se retrouver à devoir dormir dehors ( très loins des alcooliques chroniques ou des sans papiers ne parlant pas français qui constituaient le tableau fictif que je me faisais des personnes sans domicile fixe) Enfin l'attitude des équipes , leur bienveillance, leur simplicité et la facilité avec laquelle ils vont vers ces gens m'a vraiment impressionnée, je sais que pour moi le contact était beaucoup plus difficile je ne me sentais pas à l'aise et ne savais pas trop ou me placer, que dire à ces hommes et ces femmes qui ont un mode de vie si éloigné du mien, pour qui la réalité n'est pas la même.
Parmi eux, un ancien légionnaire de 65 ans, à la rue depuis près de 7 ans, sans famille car quitté par sa femme et dont le fils est parti.
De cette garde, et en particulier de cette nuit passée en maraude, j'ai le sentiment d'avoir retiré de nombreux enseignements, qui m'apparaissent précieux tant pour ma vie personnelle, de jeune femme, de citoyenne, que pour ma vie de future interne et future médecin (hospitalier, je l'espère).
L’histoire qui m’a le plus marquée est cette femme ayant dormi 1 semaine aux urgences maternité de la Pitié après avoir accouché de son petit garçon.
Bien sûr, j'ai été scandalisée par ces soit-disantes solutions : 5 places par jour pour les femmes, 2 places pour les couples, 8 places pour les hommes en moyenne...
Et je dois dire que je n'étais pas la seule à avoir été touchée: les deux autres femmes avec mois semblaient également très gênées.
Je suis très admirative des femmes et des hommes du SAMU social.
J'ai pu rapidement visiter les lieux de ce centre d'hébergement, avec quelques explications de l'IDE, et j'ai trouvé cela génial que ce genre de centre puisse exister, qu'il puisse être gratuit pour ceux qui en ont besoin, et surtout qu'ils soient de grande qualité, avec des repas correctes, un respect de l'intimité, une séparation hommes/femmes, une salle audiovisuelle, des douches/toilettes individuelles, un jardin...
On commence par les signalements, 3/4 sont présents aux lieux indiqués, stupéfaite par la diversité des rencontres, toutes touchantes à leur manière et qui bouleversent les a priori sur les "clauchard", il y a de tout, plus de femmes que ce que l'on imagine, des jeunes, des immigrés, des français pure souche, des gens qui vivent volontairement à la rue, des handicapés...
Ca m'a vraiment marqué de voir une femme comme ca..
Cette femme se sentait très fatiguée et très faible lors de son appel téléphonique.
Son index gauche saigne, il s.est coupé, nous lui procurons de quoi faire un pansement. 5 min après une femme, la 30 aine, bobo chic du 10eme, ballade ses chien et vient vers lui avec un sac rempli de fringues, et un blouson en cuir qu'il enfile super fier.
En quelques heures, nous assistons une jeune femme seule à la rue depuis quatre jours et l’installons dans un petit hôtel où elle restera quelques jours ; nous distribuons des gants, des chaussettes, des duvets à des sans-abris qui affrontent cette nuit un froid humide, pénétrant l’enchevêtrement des couches ; à d’autres nous trouvons une place dans un hébergement d’urgence et les y accompagnons.
Une femme d'une trentaine d'années venant d'Algérie a appelé pour que nous l'aidions à trouver un logement, car son précédent hôte a mis fin à l'hébergement de sa famille constituée d'elle-même, son mari et leur enfant de 9 mois.
Entre temps nous allons à la rencontre des signalements qui s'accumulent; au final nous serons 10 dans le camion (dont 4 à l'avant) avec des gens de tout bord, des SDF, hommes comme femmes, des migrants, des jeunes à la rue...