Nous sommes donc allés à la rencontre de ces hommes et femmes pour discuter, leur proposer une boisson chaude ou un lit pour la nuit.
La situation qui m'a le plus marquée était lorsque dans le camion du samu, l'homme que l'on emmenait en centre d'hébergement m'a dit au décours de la conversation "on va partir en normandie avec ma femme et nos deux enfants pendant une semaine.
Ce sont des hommes et de femmes dévoués et sincères dont le rôle dans notre société est tout à fait essentiel.
Mais concrètement on était devant cet homme, dans le froid, et on lui répétait qu'on ne pouvait pas l'aider et qu'il fallait qu'il marche jusqu'à Paris pour qu'on l'amène ici.; alors qu'on était en train d'amener d'autres personnes devant lui.
Cette nuit a été très interessante, elle m’a permis de comprendre les problemes de place en centre d'hébergement et de voir quels sont les persones qui necessitent le plus des places Plusieurs moments on été marquant: - Quand durant la double écoute, on m’a dit que sur 150-200 appels par soirs, seulement une dizaine de places d’hébergement sont disponibles - un homme qui a appelé la regulation pour trouver une place dans le même centre que sa femme qui avait eu une place un peu plus tôt dans la soirée mais malheureusement il n’y avait plus de place pour lui.
Déjà avant d'arriver sur le lieu de la première personne, on s'approchait d'un autre homme sdf, désespéré car il n'y avait plus rien dans les poubelles Franprix.
Pendant la maraude nous avons eu un signalement d'un homme dans le 5ème arrondissement.
Il s'agissait d'un homme qui se trouvait dans la rue sous la pluie non abrité par la pluie, qui était alcoolisé et surtout dans un état très précaire d'un point de vu de l'hygiène.
Pour commencer nous avons répondu à un signalement, un homme d'une cinquantaine d'années qui avait paru fiévreux et mal en point aux équipes de jour.
Si les travailleurs sociaux ont le coeur grand ouvert pour accueillir petits et grands maux qui jalonnent la vie de ces hommes et ses femmes de la rue, il en ressort indéniablement que les moyens ne sont pas suffisants.
Cette femme adossée au pied du Sacré coeur ou cet homme emmitouflé sans abri depuis une vingtaine d'années dont l'expérience de la rue leur a forgé une expérience/sagesse hors du commun, m'ont donné une autre image de ces personnes en détresse.
En effet, lors d'un appel, un homme dans le besoin a voulu demander à un passant un stylo pour pouvoir noter le numéro d'un centre de soins, communiqué par l'assistance sociale à l'autre bout du fil.
Cependant j'ai pu noter un manque de moyens réel (deux centres d'hébergement pour hommes sur Paris, et un seul centre d'hébergement pour femmes) face à une demande importante (plus de 7000 demandeurs d'asile / nuit sur Paris) en dépit d'un système efficace (logement hôteliers, collaboration avec système associatif).
Nous avons accompagné plusieurs hommes sans domicile au centre de Montrouge; là, ils pouvaient rencontrer au petit matin une assistante sociale...
Un homme m'a particulièrement touchée.
Une de mes rencontres marquantes à été avec un homme que l'équipe connaissant déjà.
On s'est ensuite dirigé vers un spot fréquenté de plusieurs hommes et femmes sans abris qui dormaient dans des tentes et des duvets.
De la maraude, j'ai surtout retenu un homme qui vivait depuis 10 ans en bas d'un immeuble, caché derrière des buissons, et qui nous expliquait qu'il partait tous les jours à 7h du matin et ne rentrait que tard le soir pour ne pas importuner les habitants de l'immeuble par sa présence !
J'ai partagé la nuit avec des hommes et des femmes que je ne reverrai probablement jamais, pas une seule seconde je ne serai capable de comprendre ce qu'ils vivent, moi qui suis rentrée tranquillement dormir dans mon lit à 4H, mais j'ai appris à prêter attention à ces vies qui sont là dans la rue et que j'évitais le plus souvent dans le métro et dans les gares.
Cette nuit nous avons été confrontés à un cas qui a beaucoup touché l'ensemble de l'équipe : 2 jeunes femmes ont appelé le 115 pour signaler un homme à priori sans abris, complètement perdu.
Nous avions aussi prevu de recuperer un homme, en cours de traitement pour la gale, pour l'amener dans un foyer pour la nuit.
J'ai été un peu choqué après deux appels: celui dune femme retraitée de 70 ans ne touchant que 200 euros par mois et probablement sans famille, ainsi que celui d'un homme de 22 ans avec son fils et sa femme vivant dans une tente (ceci etait du fait de son age, identique au mien).
Et des hommes et des femmes, dans la rue, plus ou moins forts, que l'on croit seuls, mais que la société n'oublie pas: leur nom, leur adresse, leur age, leurs nuitées en centre d'hébergement, leur repas, leur besoin...
Un batiment pour les hommes, un autre pour les femmes.
On voit vraiment toutes les situations : de la femme enceinte seule qui n'a plus de personne chez qui rester, de la femme battue, de la famille qui dort dans la rue, des hommes très malades mais qui n'ont aucun endroit ou passer la nuit ou ceux qui se sont installés à un endroit...
Au cours de la nuit, j'ai rencontré un homme d'une cinquantaine d'années.
L'histoire d'un homme qui courait après notre camion pour nous demander une place pour la nuit dans un centre d'hébergement m'a bouleversé , car malheureusement il n'y avait plus de place et nous lui avons donné un sac de couchage à la place , il était très inquiet de savoir ou dormir .
Il y a eu beaucoup de rencontres, toutes aussi chaleureuses les unes que les autres, et j'ai pu constater que la misère et la solitude n'épargnent personne : homme, femme, jeune, âgé, français ou étranger, tous sont égaux dans cette condition, et fort heureusement tous sont égaux quand on leur vient en aide.
L'appel qui m'a marqué fut celle d'un homme qui vivait à la rue depuis plusieurs mois et qui avaient envie de dormir au chaud cette nuit.
En effet pour moi, tout le monde mérite sa nuit dans un lit, et même si le SSP essaie d'être le plus juste et le plus impartial possible, le jugement personnel intervient toujours un peu, et on répond alors qu'il n'y a plus de place pour la nuit à un homme jeune et dans la rue depuis quelques mois pour ensuite dire oui à une femme plus âgée dont la situation de précarité remonte à des années et qui , connaissant le système, arrive très bien à faire du chantage affectif aux écoutants.
Quand le Samu Social est arrivé l'homme a accepté un café mais a refusé de parler de sa santé et n'a pas voulu de soins. […] Elles lui ont conseillé d'appeler les pompiers si l'état de cet hommes s'aggravait.
Je crois que ça a achevé de me convaincre qu'on avait encore beaucoup de travail à faire en tant qie "pays fes droits de l'homme".
Les gens n’ont pas besoin d’être marginalisés mais ont besoin de contact, de l’homme alcoolisé un peu violent autant que celui qui ne demande rien et espère un peu de solitude.
En ce 1er janvier glacial et pluvieux, annoncer à un homme de plus de 60 ans qu'il passera une fois de plus la nuit dehors n'est pas chose facile.
J'ai également été marqué par un homme, diabétique, que nous avons rencontré en début de nuit.
C'était un homme d'une cinquantaine d'années qui vit depuis environ 15 dans la rue et est bien connu par le SAMU SOCIAL.
Un homme qui n'avait pas de téléphone portable et regrettait que les cabines téléphoniques parisiennes soient peu à peu toutes supprimées; on lui a appris que la raison pour laquelle elles étaient supprimées justement, c'était pour empêcher les sans abri de dormir dedans...
Un appel de la régulation : trois hommes pour la Boulangerie, l'un rue Poulet, l'autre rue Marx-Dormoy, le dernier au métro Marcadet-Poissonier.
A travers leur vie aux parcours bien différents, j'ai pu remarqué a quel point finalement l'homme délaissé de manière général recourait aux besoins les plus fondamentaux: manger, dormir, avoir chaud, et qu'à eux seuls, ils suffisaient à remplir une journée.
Nous marchions sur le trottoir et nous avons croisé un riverain qui nous a indiqué où est ce qu'il avait vu l'homme pour la dernière fois et nous a raconté pleins de choses à son sujet.
Chaque appel est différent mais un m’a marqué, celui d’un homme qui voulait une place pour la nuit, remerciant plusieurs fois l’écoutant à la fin de l’appel malgré le fait qu’il n’y ai plus de place dans les centres d’accueil… l’écoute de la personne, un élément essentiel.
La camionnette s’arrête : un homme mal couvert dort sous le métro de la ligne 6. […] C’est bien le même homme qui quelques heures plus tôt avait appelé le 115.
Il sont avant tout des hommes, des femmes qui souffrent et pouvoir leur apporter quelques minutes de chaleur est sûrement déjà beaucoup pour eux bien que j'aurais aimé passer plus de temps avec quelques uns.
Enfin nous allions rentrer en pause, quand nous avons aperçu un homme couché par terre, sans couverture.
Je ressors de cette garde avec une autre vision des sdf,une meilleure compréhension et moins de préjugés mais sans la casquette du samu je ne pense pas que je ferai un pas vers eux,mais dans ma vie de futur médecin j'essaierai de respecter au mieux le travail du samu social et je tacherai de voir le sdf comme un patient comme les autres et non pas juste comme un homme alcoolisé "qui l'a bien cherché".
Au décours de la maraude, on découvre un homme avec une grande barbe blanche assis sur le seuil d'un immeuble entrain de lire des journaux d'actualité.
Mais peut-on vraiment affirmer qu'un homme 'mérite' plus une place qu'un autre ?
Il est troublant de constater qu’elles ne sont pas prioritaires sur les hommes.
Nous avons accompagné des hommes de différentes catégories d'âge à deux centres différents : Montrouge et la Boulangerie, j'ai pu assister à plusieurs évaluations sociales et infirmières: chacun avait une histoire, un espoir ...
mais aussi un homme d’une trentaine d’année demandeur d’asile, originaire de Guinée Conakri ayant fui son pays dans des conditions dramatiques, ou encore une jeune femme de 18 ans, ayant interrompu son traitement psychiatrique, en rupture complète avec sa famille..
je n'arrive pas à comprendre comment ces gens qui m'apparaissaient tout à fait sympathiques, responsables, avec de la famille pouvaient se retrouver à devoir dormir dehors ( très loins des alcooliques chroniques ou des sans papiers ne parlant pas français qui constituaient le tableau fictif que je me faisais des personnes sans domicile fixe) Enfin l'attitude des équipes , leur bienveillance, leur simplicité et la facilité avec laquelle ils vont vers ces gens m'a vraiment impressionnée, je sais que pour moi le contact était beaucoup plus difficile je ne me sentais pas à l'aise et ne savais pas trop ou me placer, que dire à ces hommes et ces femmes qui ont un mode de vie si éloigné du mien, pour qui la réalité n'est pas la même.
J’ai été particulièrement choquée par la situation des femmes sans-abris ; elles sont bien moins touchées par la précarité que les hommes, c’est pourquoi les centres d’accueil leur réservent bien moins de places, et celles-ci sont donc rapidement prises, d’autant plus que le nombre de femmes dans la rue est actuellement en augmentation… C’était vraiment très dur de devoir annoncer à de petites mamies de 70 ans qu’elles allaient devoir passer la nuit dehors, par le froid qu’il faisait, car il n’y avait tout simplement plus de places pour elles… En résumé, c’est une expérience que je recommande à tous, elle permet d’ouvrir les yeux sur la misère qui existe dans notre société, réputée pourtant pour sa puissance économique.
Nous avons aussi rencontré un homme qui avait un studio mais qui faisait quand même la manche sous la pluie.
Il est 2:45, il pleut depuis le début de la soirée, et la, sur une bouche d'aération de métro, nous voyons un homme sans couverture, sans protection, sans abri de fortune allonge et trempe jusqu'aux os.
Le choc m'a saisi quand elle m'a ensuite expliqué que les couples étaient toujours moins prioritaires que les personnes isolées car le 115 part du principe que l'homme protégera la femme en cas d'agression dehors dans la nuit.
Nous avons aussi emmené au chaud pour la nuit deux hommes, dont un d'une quarantaine d'années, propre sur lui, avec pour seules affaires, son sac à dos.
Je suis très admirative des femmes et des hommes du SAMU social.
J'ai réussi à convaincre un homme à deux doigts de se noyer dans la Seine de venir se faire hospitaliser.
Un seul signalement pour notre camion, un homme témoignant dans le film Au Bord du Monde.
J'ai pu rapidement visiter les lieux de ce centre d'hébergement, avec quelques explications de l'IDE, et j'ai trouvé cela génial que ce genre de centre puisse exister, qu'il puisse être gratuit pour ceux qui en ont besoin, et surtout qu'ils soient de grande qualité, avec des repas correctes, un respect de l'intimité, une séparation hommes/femmes, une salle audiovisuelle, des douches/toilettes individuelles, un jardin...
C'est avec une frustration énorme que l'on a quitté ce soir là un homme en larme, à l'avenir très sombre.
J’aurais ainsi aussi appris ce qui peut être proposé à ces hommes et ces femmes pour les héberger.
Entre temps nous allons à la rencontre des signalements qui s'accumulent; au final nous serons 10 dans le camion (dont 4 à l'avant) avec des gens de tout bord, des SDF, hommes comme femmes, des migrants, des jeunes à la rue...
- un homme de 64 ans marqué par des années de rue qui à l'arrière du camion me montre sa fortune (une petite bourse avec 15euros en petites pièces). […] L'équipe m'apprend que le mois passé, un chauffeur a vu son contrat se terminer car il a donné un chaton à un homme seul dans la rue durant la maraude...