Lors de la maraude, nous avons fais la rencontre d'un homme d'une soixantaine d'années, avec lequel nous avons longuement discuté.
J'ai été aussi agréablement surprise de voir que ce sont eux qui appellent le 115 en majorité et pas des particuliers, ce qui témoigne à nouveau d'un véritable climat de confiance qui a nécessité j'imagine des années pour être établi.
Nous avons notamment rencontré une jeune femme d'une trentaine d'année, à la rue depuis ses 18 ans, qui finira par nous chanter d'une voix fabuleuse, certains de ces textes qu'elle écrit pour raconter son histoire.
De mon point de vue, c'est une garde à maintenir pour les prochaines années.
Quand il s'est approché du camion, j'ai réalisé qu'il était très jeune (une vingtaine d'années c'est à dire proche de mon âge).
Elle a changé ma vision des sans abris avec qui je n'avais été en contact que via le service des urgences où j'ai travaillé cette année, et où l'on accorde que peu de temps à ces personnes qui sont dans le besoin.
Pour commencer nous avons répondu à un signalement, un homme d'une cinquantaine d'années qui avait paru fiévreux et mal en point aux équipes de jour.
J’ai rencontré 2 types de personnes : ceux dans la rue depuis des années, qui se sont endurcis et isolés, pour qui le SAMU social est un des seuls contacts avec la société; et des personnes ou des familles sans domicile depuis moins longtemps mais en grande détresse.
Cette femme adossée au pied du Sacré coeur ou cet homme emmitouflé sans abri depuis une vingtaine d'années dont l'expérience de la rue leur a forgé une expérience/sagesse hors du commun, m'ont donné une autre image de ces personnes en détresse.
En conclusion, il s'agit d'une expérience très positive pour moi et elle se trouve en haut de la liste de nos gardes obligatoires et doubles écoutes de cette année !
Mes anciens collègues m'avaient prévenue que depuis quelques années ils avaient observé une part grandissante de familles et de femmes enceintes dans leurs bénéficiaires.
J'ai également remarqué que certains usagers sont pris en charge depuis des années par le 115 sans qu'une solution pérenne ait pu être mise en place pour eux.
Certains travailleurs connaissent des gens vivant dans la rue depuis des années: ils les appellent par leur prénom, leur demandent de leurs nouvelles, connaissent leurs habitudes, où les trouver s'ils ne les ont pas vu depuis longtemps.
Nous ne sommes probablement pas assez sensibilisé à la façon de communiquer avec une personne sans-abri depuis plusieurs années, c'est pourtant très important et nous sommes souvent menés par exemple à l'hôpital à les rencontrer, et parfois hélas ils ne désirent plus s'y rendre de par un manque de formation du personnel soignant à la prise en charge de ces personnes.
La conséquence la plus palpable de cette fameuse garde au samu social est que "travailleur social", "assistante sociale", "détresse sociale", bref tous ces nouveaux mots, ces néologismes en "social", - le concept n'a que quelques années - sont devenus des réalités.
Au cours de la nuit, j'ai rencontré un homme d'une cinquantaine d'années.
Je trouve ça difficile, pour y avoir été confronté que quelques heures à une période de l'année assez clémente encore.
Ils vivaient dans la rue depuis plusieurs mois voir années et appelaient tous les jours le 115 pour avoir une place dans un foyer.
En effet pour moi, tout le monde mérite sa nuit dans un lit, et même si le SSP essaie d'être le plus juste et le plus impartial possible, le jugement personnel intervient toujours un peu, et on répond alors qu'il n'y a plus de place pour la nuit à un homme jeune et dans la rue depuis quelques mois pour ensuite dire oui à une femme plus âgée dont la situation de précarité remonte à des années et qui , connaissant le système, arrive très bien à faire du chantage affectif aux écoutants.
Nous avons rencontré une autre famille vers 1 h du matin (Les 2 grands parents d'une soixantaine d'années, les parents d'une trentaine d'années et les 3 enfants dont le plus jeune venait d'avoir 2 ans).
J'ai fait ma garde un vendredi soir mi-janvier, c'était un des premiers jours de l'année où il faisait vraiment froid.
Le chauffeur qui était un "ancien" du samu social (6 ans d'ancienneté) a pu me décrire les évolutions de son travail au fur et à mesure des années.
On prend conscience de la difficulté d'intégration pour ces personnes à la rue depuis tant d'année.
J'ai adoré découvrir le SAMU Social, car je n'avais jamais fait de maraudes pour l'instant, et j'aime aider des personnes fragiles (je suis responsable bénévole de 2 épiceries solidaires "par et pour étudiants" cette année).
C'était un homme d'une cinquantaine d'années qui vit depuis environ 15 dans la rue et est bien connu par le SAMU SOCIAL.
C'est probablement une des nuits de l'année où j'ai appris le plus de choses utiles (contrairement à ce que pensaient certains camarades qui m'avaient dit en râlant que "ça ne couvrait aucun item de l'ECN"...)
Il m'a expliqué que cette fonction a été déviée, partant d'une simple volonté d'aller au contact des personnes marginales (majoritaires dans les années 90) à l'assistance de personnes de tout bord sollicitant l'aide d'un organisme social assez "général" aujourd'hui (notamment avec l'arrivée massive des migrants qu'il faut aider à se loger et à acquérir une situation régulière en France, etc. ).
Je pense qu'il ne faudrait pas seulement évoquer la situation de ces personnes dans les médias en hiver mais plus souvent durant l'année car il y a moins de financement en été qu'en hiver pour débloquer des hébergements du coup l'hiver n'est pas forcément la période la plus difficile pour ces personnes là comme nous pourrions le croire.
Un signalement m'a particulièrement marquée : il s'agissait d'un SDF aveugle, connu du chauffeur depuis des années, que l'on a trouvé assis par terre et que l'on a ramené dans sa chambre d'hôtel (si l'on peut appeler ça un hôtel vue l'insalubrité des locaux, bien qu'étant situé en plein coeur de Paris).
Ainsi une structure d'urgence se voit gérer des situations d'urgences qui peuvent durer plusieurs années, montrant ainsi le manque de place à long terme permettant à ces personnes une réinsertion.
Je m’appelle Moein MOGHADDAM, je suis étudiant en 4ème Année de médecine à Paris VI. […] Cela m’a fait rappelé des expériences similaires que j’avais pu vivre durant mes 5 années d’exercices professionnelles en tant sage-femme échographiste spécialisé en gynécologie-obstétrique et en médecine fœtal.
Pour moi cette garde doit être maintenue dans les années à venir, autant pour la double écoute que pour la maraude, et je me considère chanceuse d'avoir rencontré la totalité des personnes que j'ai vu pendant la garde.
Après cette dernière semaine, une des plus froides de l'année, marquant l'entrée dans l'hiver cette année où les saisons ne se reconnaissent même plus, où quelques pensées à ceux qui tentent de survivre dans ce froid dans les rues de Paris, après ces regards souvent timides, parfois honteux de ne rien donner, parfois coupables malgré un petit geste, tournés vers ces personnes qui vivent dans la rue, ceux que l'on croit si différents de "nous", comme si une frontière nous séparait, ceux "en marge" de la société?
Ils connaissent aussi chaque repère d'un quartier et suivent certains SDF depuis des années.
Certains vivent dans la rue depuis des années, dans un état de grande exclusion.
Souvent les personnes sont déjà connues du SAMU social, elles sont parfois suivies depuis plusieurs années.
Car comme dit le proverbe : "donne un poisson à homme, il mangera un jour, apprend lui a pêcher , il mangera toujours " L'impression que j'ai eu c'est que ces hommes et femmes sont dans la rue depuis des années et qu'ils vont de foyers en foyers mais qu'il n'y a pas d'évolution, pas de ré-insertion ...
Il est cependant dommage d'avoir des ressources limitées pour obtenir un hébergement, ne serait-ce que parce que certaines institutions refusent catégoriquement d'accueillir ces personnes qui sont pourtant des êtres humains comme nous tous, faute d'argent et d'institutions mis en place dans ce but, et malheureusement il reste difficile d'aider ces personnes qui sombrent très souvent dans l'alcool et qui utilisent le circuit du SAMU SOCIAL sur plusieurs années, parfois des dizaines, parfois jusqu'à leur décès.
Un homme d'une trentaine d'année, à la rue depuis plusieurs mois, mais en recherche active de formation et d'emploi, en lien régulier avec une assistante sociale d'une association.
Au total : merci beaucoup pour cette belle "garde", expérience très positive, à reconduire les prochaines années +++
Nous avons aussi emmené au chaud pour la nuit deux hommes, dont un d'une quarantaine d'années, propre sur lui, avec pour seules affaires, son sac à dos.
Cela va m’aider à mieux appréhender les difficultés et besoins auxquels font face les patients sans abris que je reçois aux urgences par exemple (même si ma représentation reste à des années lumières de ce qu’ils peuvent vivre).
Bon un peu "folklo" mais des mains qui se serrent, des rires, des amitiés entre usagers mais aussi avec les travailleurs sociaux, qui pour certains se connaissent depuis des années.
Hormis quelques échanges brefs (ou parfois moins brefs) avec des sans-abris au fil des années, dans le métro, dans les gares, dans les rues de Paris...
Une des premières personnes que nous avons ramassé pour l'amener au centre d'hébergement était un homme d'une cinquantaine-soixantaine d'années, très marqué du visage, on sentait qu'il était sous l'influence de l'alcool (qui, de son aveu, était une des choses qui lui permettaient de tenir).
Des fiches à remplir, des plannings à boucler, des statistiques pour compter combien il aura transporté de personnes cette année là jusqu'aux centres d'hébergement.
- Court-termisme des politiques actuelles : pourquoi payer des PHRH (Réservation Hospitalière… c’est-à-dire des hotels privés pour les familles de roumains avec enfants en bas age) alors qu’on pourrait mettre 5 fois plus de budget une année donnée pour rénover un ancien hôpital par exemple (au lieu de le vendre à une mutuelle privée, cf un exemple dans la soirée, près d’Ivry sur Seine) ?
- Court-termisme des politiques actuelles : pourquoi payer des PHRH (Réservation Hospitalière… c’est-à-dire des hotels privés pour les familles de roumains avec enfants en bas age) alors qu’on pourrait mettre 5 fois plus de budget une année donnée pour rénover un ancien hôpital par exemple (au lieu de le vendre à une mutuelle privée, cf un exemple dans la soirée, près d’Ivry sur Seine) ?
- un homme de 64 ans marqué par des années de rue qui à l'arrière du camion me montre sa fortune (une petite bourse avec 15euros en petites pièces). […] Il passera la nuit dans le même foyer qu'à l'habitude et demain il retournera dans la rue comme tous les jours depuis des années. […] Ils m'accueillent comme si je faisais partie de leur tribu depuis des années.
Je pense qu'on a un contact avec la misère à l'hôpital et à travers les voyages humanitaires de deuxième année de médecine, peut être que juste essayer de nous expliquer ce qu'est l'expérience au SAMU SOCIAL plus en détail plutôt que de rendre l'enseignement obligatoire rendrait l'expérience beaucoup plus agréable pour ceux qui ont envie d'y aller.
Une femme d'une trentaine d'années venant d'Algérie a appelé pour que nous l'aidions à trouver un logement, car son précédent hôte a mis fin à l'hébergement de sa famille constituée d'elle-même, son mari et leur enfant de 9 mois.
Ce n'était pas ma première maraude à proprement parler, j'avais déjà pu à travers une association scout faire de la distribution de soupe, café et autres plusieurs années auparavant, mais c'était la première fois que je participais à une maraude avec le Samu social.
Je me demande souvent ce qui peut amener quelqu'un à se désocialiser, à passer ses nuits dans la rue pendant quelques jours puis quelques mois puis quelques années.
En effet, d'origine roumaine, Me M. était en France depuis quelques années et avaient eu 2 enfants qui avaient été placés dans des foyers.