Heureusement pour moi ce ne fut pas le cas puisque nous avons rencontré quelques usagers et surtout nous avons récupéré une famille et une maman pour les amener dans un foyer pour qu'ils passent le week-end, ce qui m'a permis de voir comment le SAMU social venait en aide aux usagers de façon concrète.
En tout cas pour ces personnes devant vivre dans la rue chaque jour un éternel recommencement ou il faut se battre pour un lit.
En tout cas, et cela faisait chaud au coeur, c'est qu'en cette nuit glaciale, nous n'avons au final rencontré que peu de monde, je pense qu'ils avaient tous pris leurs précautions et contacté le 115 avant la maraude pour pouvoir dormir au chaud!
En tout cas je trouvais l'expérience très enrichissante, et je pense que c'est vraiment une bonne idée de l'avoir intégré dans notre cursus médical.
Chacun à son histoire , ses habitudes, chaque cas est unique.
Nous avons eu un cas particulièrement intéressant.
En tout cas j'ai beaucoup aimé cette nuit.
Il est certain qu'il en aurait été autrement si tel n'avait pas été le cas.
De plus j'ai été un peu déçu par l'approche au sans domicile fixe : cette relation se traduit par une transaction ( de centre, de café, de soupe, de duvet ...) mais j'ai trouvé qu'au delà de ça l'échange était assez réduit entre l'équipe et le sans domicile fixe, je pensais qu'on prendrait véritablement quelques minutes pour discuter ce qui était rarement le cas.
Un cas qui m'a marqué : Mr D, 72 ans qui venait d'être hospitalisé 3 semaines en médecine interne, est sorti avec "RAD avec traitements et examens complémentaires à programmer en ville", et une radio pour suspicion de fracture programmée dans 1 mois.
Cette nuit nous avons été confrontés à un cas qui a beaucoup touché l'ensemble de l'équipe : 2 jeunes femmes ont appelé le 115 pour signaler un homme à priori sans abris, complètement perdu.
Même en été il y a des cas d'hypothermie.
Je suis convaincue que distribuer cette garde à l'ensemble des étudiants de la même façon et sans imposer le redoublement en cas d'absence nous donnerait plus encore de confiance et d'enthousiasme à l'idée de participer à ce type d'activité.
mais, de là, à passer une nuit à leur rencontre, à leur parler, à partager leur expérience, c'est une chose totalement différente et pour la plupart d'ente nous, cette nuit était la 1ère expérience sociale et elle nous fait prendre conscience que, dans la majorité des cas, nous sommes totalement démunis face à leur détresse.
J'ai bien aimé discuté avec les sdf, l'assistante social faisait très bien son travail en conseillant les structures correspondantes à chaque cas pour TOUTES les personnes.
En tout cas, un grand merci pour la personne qui s’est occupé de moi pendant la double écoute, et à mon équipe de maraude qui a été vraiment génial !
Et j'ai interrogé l'écoutante sociale qui m'a répondu que cela arrive fréquemment et dans certains cas les personnnes n'avertissent pas leur famille de leur situation.
On l'a donc amené dans une structure avec une prise en charge adaptée à son cas où il y a des infirmières pouvant changer ses pansement et permettant au monsieur de se reposer un peu.
De nombreuses personnes ont appelé au moment de la double écoute pour essayer de trouver un logement pour la nuit, aussi bien des familles que des cas isolés.
Les autres cas rencontrés concernaient des familles de Roms qui mendiaient jusque minuit-1h avant de retourner dans leur caravane bien au chaud, et même s'il est triste de voir des enfants exploités de la sorte, là encore, l'intéret de l'échange est incertain - barrière de la langue, barrière de culture, ils ne comprennent pas pourquoi on veut les aider parce qu'ils ne sont pas vraiment dans le besoin; nous avons aussi vu des sans abris type "punks à chien", et dont le chien avait mordu quelqu'un quelques jours plus tôt ... tenu négligemment par sa propriétaire, trop occupée à fumer son cannabis pour se soucier de la sécurité - dans leur cas, les échanges concernaient des demandes d'hébergement d'urgence; peu d'échanges et de discussion donc centrées sur la personne, sur son histoire, etc.
J’ai aussi réalisé que si dans la majorité des cas le 115 était bien accueilli par les sans abris, dans certains cas aucun dialogue n’était possible (on nous a ainsi jeté de l’eau alors que nous cherchions à parler avec quelqu’un, mais d’après ce que m’a dit le reste de l’équipe de l’EMA il y avait bien pire qui pouvait arriver).
On se sent pendant cette nuit à la fois terriblement impuissant et quand même extrêmement utile dans certains cas (pas moi qui était juste là en observatrice mais l'équipe en génral).
Entendre leur rancœur contre la société dans ces cas la, aussi .
Nous leur avons donc expliqué qu'ils ne devaient en aucun cas quitter les lieux sans avoir vu de travilleur social pourpouvoir faire avancer leur situation, en espérant que la Prise en charge sera correctement faite cette fois-ci.
Durant la première partie de nuit, nous avons eu plusieurs cas similaires mais celui que j’ai évoqué était le cas le plus marquant.
Dans ce cas, je trouvais l'utilité du 115 assez relative, car le but est d'aider les gens sur l'urgence puis de les aider à se réinsérer, et non de les loger gratuitement chaque nuit.
En effet, sa mission première est le secours aux "usagers" dans le besoin immédiat et récent (je retiens à ce sujet le cas d'une employée de maison en situation irrégulière retrouvée en pleurs dans la rue, qui venait de se faire jeter dehors par son employeur), et je ne sais toujours pas quel avis adopter en ce qui concerne le soutien aux "sédentaires" de la rue.
J'en garde donc un sentiment plutôt positif, mais néanmoins je m'interroge sur l'utilité de rendre cette garde obligatoire, surtout pour ceux qui font déjà beaucoup de gardes dans leur stage (ce qui n'était pas mon cas).
C'est toujours agréable et réconfortant de travailler (plutôt d'assister dans mon cas) avec des gens qui ont la volonté d'aider autrui et d'aller à la rencontre de l'autre, rencontre qui s'avère parfois difficile.
J'ai aussi été frappée par le cas d'un jeune de mon âge à la rue, et me suis demandé : comment est ce possible ?
A part ces quelques regrets, cette garde fut une bonne expérience, avec une équipe sympathique, à mon écoute et prête à m'expliquer plein de choses, et dans la grande majorité des cas avec de bons rapports avec les personnes, qui appréciaient de bavarder un peu dans les camions ou lors des soins infirmiers dans les centres.
- plus objectivement le rôle d'observateur est complètement dépassé pour des personnes qui sont externes depuis 2 ans déjà : > d'une part parce qu'observer sans pouvoir mettre en pratique est rarement productif surtout au cours d'une expérience si fugace (sur ce point il aurait donc été plus intéressant de laisser l'externe établir le contact avec des usagers connus réputés n'étant pas des cas délicats) ; > d'autre part compte tenu que nous interagissons depuis 2 ans avec des patients dans le cadre des stages, nous avons déjà côtoyé des patients en situations précaires ou d'abord délicat.
J'ai choisi de décrire un cas qui m'a marqué.
Ce n'est pas le cas partout, d'autres centres proposent 280 places dans des lits superposés, avec le risque de vols, d'aggressions.
Et ce fût le cas pour de nombreux appels.
En tout cas, je trouve que cette garde au sein d'un trinome sympathique est très formatrice.
Peut être quelques antagonistes toxiques ou même un défibrillateur automatique, car même si ce n'est pas le but principal du Samu Social, il me semble que l'investissement est minime face au bénéfice qu'il procure, à savoir la possibilité d'une prise en charge précoce en cas de situation aiguë.
En tout cas, vu que je ne soupçonnais aucunement que ce type d'écoute puisse se dérouler dans ces conditions, je les ai perçues comme extrêmement bénéfiques.
Le choc m'a saisi quand elle m'a ensuite expliqué que les couples étaient toujours moins prioritaires que les personnes isolées car le 115 part du principe que l'homme protégera la femme en cas d'agression dehors dans la nuit.
Après je n’ai vu que quelques cas, il y a sûrement des sans-abris avec lesquels il existe plus d’agressivité.
L’équipe à laquelle j’étais affectée ne faisait pas de maraude cette nuit là mais était assignée à répondre au signalement, principalement donc les cas de familles en détresse.
Ma place était devant et au milieu dans le camion au cas où il y avait des passagers violents (c'était le cas pour un).
Il existe donc un réel problème de priorisation des fonds engagés qui devraient être orientés dans la résolution du problème sur le long terme et non pas a court terme comme c'est le cas actuellement.
Nous sommes là pour les écouter s'ils ont besoin de parler, pour leur montrer qu'ils peuvent compter sur nous en cas de besoin.
Très vite on me fait comprendre que le 115 n'a pas vocation à loger tous les SDF, mais n'est qu'une solution de dépannage : un même SDF ne pourra espérer que 2-3 nuits par semaine dans un centre d'hébergement, peut être plus en cas de situation critique, mais les places d'hébergement de moyenne et longue durée sont rares.
Mais c'était aussi très intéressant de voir rapidement comment le SAMU social pouvait intervenir auprès de ce genre de cas très compliqué, et de voir comment ils géraient les situations de crise.
Le plus dur semble être l'impuissance, en tous les cas ce le fut pour moi. […] Elles nous apportent en tous les cas beaucoup, à nous, étudiants en médecine.