Le problème c'est que ce patient ne relève pas d'une structure d’accueil d'urgence normale, car il pourrait être un danger pour les autres, alors que faire de lui?
En ce qui concerne la structure en elle même, j'ai trouvé que la double écoute est bizarrement pensée, avec des personnes en attente qui n'obtiennent pas d'hébergement alors qu'elles patientent depuis une heure juste parce qu'elles ont une minute d'avance sur le verdict des places disponibles dans les différents sites d'hébergement.
Quand nous nous promenons dans la rue nous les voyons à peine, mais pendant les maraudes c'est comme si soudain ils nous étaient tous révélès et c'est alors qu'on se détache de l'égocentrisme qui habite nos vies pour apporter le peu d'aide que l'on peut offrir à ces pauvres gens.
Les appels au 115 etaient presque tous rejetés d'emblée: avec la fin" administrative" de la periode hivernale, de nombreux refuges (gymnases..) mis à disposition pour l'hiver sont deja fermés alors que le froid n'est pas du tout fini.
Le plus beau souvenir que j'ai a été de croiser son regard, quand on est reparti, très reconnaissant, et nous dire "merci" alors qu'il ne parle pas un mot de français.
J'ai trouvé ça peinant de lui avoir dit non alors que nous avions pu proposer un hébergement pour des personnes qui avaient croisé notre chemin plus tôt dans la soirée et qui n'avaient pas une hygiène corporelle et un aspect physique aussi négligés que lui.
En effet finir à 5h du matin alors qu'on habite à plus d'une heure d'Ivry et devoir rentrer en RER après peut être compliqué pour certains étudiants.
En effet pour moi, tout le monde mérite sa nuit dans un lit, et même si le SSP essaie d'être le plus juste et le plus impartial possible, le jugement personnel intervient toujours un peu, et on répond alors qu'il n'y a plus de place pour la nuit à un homme jeune et dans la rue depuis quelques mois pour ensuite dire oui à une femme plus âgée dont la situation de précarité remonte à des années et qui , connaissant le système, arrive très bien à faire du chantage affectif aux écoutants.
Pour ma part je ne pense pas en être à la hauteur, je ne trouve pas assez de tolérance pour sourire à un père de famille roms qui préfère laisser sa femme(enceinte) et sa fille de 2 ans et demi dormir sur un trottoir par -1 degrés alors qu'ils ont une place d’hébergement dans les Yvelines, parce que la manche sur Paris lui rapporte plus par la présence d'une femme enceinte et d'un enfant en bas age ...
Aujourd'hui les maraudes ont une place de plus en plus limitée dans l'exercice, le nombre de véhicules diminue, l'"urgence" comme ils l'appellent est progressivement remplacée par de la "stabilisation" où on propose plusieurs nuits d'hébergements pour une même personne alors que le "un pour un" (une personne, une nuit) était de rigueur dans le passé, ce qui laisse moins de places d'hébergements pour un usager qui serait recueilli par une maraude.
Finalement, le plus étonnant dans cette rencontre fut peut-être cet instantt où elle nous a demandé si nous n'avions pas froid au moment où la pluie commença à tomber, alors que elle vivait dans sa voiture...
Étrange situation que celle-ci dans la nuit à Paris dans un coin de rue sentant mauvais, ou un SDF proposait ses services pour discuter en italien pour aider deux hommes à trouver un foyer pour la nuit, alors que lui même allait rester dehors pour la nuit et qu'aux yeux de la société il n'est utile pour personne.
J’ai pu voir la difficulté que l’on pouvait avoir à loger les différentes personnes, les choix difficiles parmi les demandeurs alors que l’on aimerait pouvoir tous les faire dormir au chaud.
J'ai été touchée par un jeune SDF de 30 ans, ancien cuisinier, qui a accepté d'être pris en charge alors que depuis plusieurs semaines il refusait.
Je pensais par exemple que la période d'été serait plus facile à "gérer" alors que c'est l'inverse : en hiver il y a plus de moyen financiers attribués au 115, il y a moins de touristes et par conséquent plus de chambre d'hôtel pour des familles sans-abri ce qui facilite le travail du 115.
Et sur sa difficulté à pouvoir se soigner correctement: en effet, même si il avait accès à ses traitements, comment pouvoir les prendre correctement alors qu'il ne pouvait pas manger à sa fin et régulièrement tous les jours ?
Aucun intérêt sur le plan humain, ne favorise en rien notre aptitude à l'écoute, mais exacerbe plutôt notre indignation vis à vis des personnes qui profitent d'une solidarité sociale dont ils ne se rendent pas compte de la valeur et qui estiment que tout leur est du alors qu'ils ne sont même pas français et ne parlent pas notre langue. […] La partie maraude est plus insolite, plus intéressante, même si c'est un peu difficile de partir pour une nuit blanche dans le froid glacial d'une nuit d'hiver, alors que l'on sort de garde de réa et que l'on n'a pas dormi depuis 26h.
Dans l’EMA, je participais à la maraude « signalement », nous avons vu beaucoup de personnes qui dormaient à même le sol dans le froid (j’avais quatre épaisseur de vêtement sur moi et pourtant je sentais le froid, alors que je ne pouvais qu’imaginer ce qu’eux pouvaient ressentir) et qui avait appelé ou qui avait été signalé par des gens dans la rue. […] J’ai aussi réalisé que si dans la majorité des cas le 115 était bien accueilli par les sans abris, dans certains cas aucun dialogue n’était possible (on nous a ainsi jeté de l’eau alors que nous cherchions à parler avec quelqu’un, mais d’après ce que m’a dit le reste de l’équipe de l’EMA il y avait bien pire qui pouvait arriver).
La femme enceinte seule a fuit la côte d'Ivoire avec son mari et a été emprisonnée en Libye alors qu'elle tentait de rejoindre l'Europe, elle a eu la chance d'être emprisonnée avec son mari ce qui lui a permis de ne pas être violée dans la prison, elle nous a confié que ses amies célibataires se faisaient violer régulièrement. […] Cependant je ne pense pas que cet enseignement devrait être obligatoire je pense que c'est anti-pédagogique que de forcer les étudiants en médecine à faire ça, les gens du SAMU SOCIAL sont agacés car ils savent tous que les étudiants viennent car ils y sont obligés, alors que beaucoup seraient venus par intérêt et auraient été mieux reçus.
Il faisait très froid et il pleuvait beaucoup et la question que je me suis posé en frisonnant alors que j'étais dehors depuis même pas 5 min était : mais comment font t'ils ??
Puis, alors que la camionnette n'était pas repartie, un autre sans abri a commencé à discuter avec l'équipe.
Ne parlant pas le français nous avons dû faire appel à un traducteur par téléphone pour savoir pourquoi la famille avait quitté les lieux le jour-même alors qu'aucune solution long cours n'avait été trouvée et l'hébergement était donc reportée automatiquement d'une nuitée.
Et tous les deux m'ont tout de suite mis à l'aise : j'avais l'impression de les côtoyer depuis longtemps alors que je ne les avaient rencontrés que quelques heures avant... J'ai pu me lâcher, rire, discuter de sujets graves et moins graves, comme si j'étais avec des amis de longue date, alors que je suis plutôt du genre réservé en temps normal...
Il se réveille alors que nous nous approchons. […] Sur le chemin du retour, alors que les rues de Paris défilent sous mon regard, je m’imagine la camionnette conduite par Mohammed comme une luciole dans la nuit, dont l’éclat s’efface en avançant.
La diversité des appels peut être surprenante et suscite à chaque fois une émotion différente, telle que de la peine avec une touche de colère lorsque les places manquent aux centres d'hébergement et parfois un sentiment partagé lors de l'annonce d'une possible place alors qu'on sait que le même combat des places aura lieu le lendemain.
J’ai pris conscience du très faible nombre de places disponibles dans les centres d’herbergrment d’urgence ainsi que dans les herbergements en hôtel pour famille alors que malheureusement le nombre de familles avec des enfants très jeunes, à peine sortis de maternité qui ne peuvent pas avoir de place est important.
Toujours de façon brutale, alors que "tout allait bien avant", qu'ils avaient un métier, un logement, une vie normale..
Nous avons du aller à l'encontre d'une famille, composée d'une mère et de ses deux enfants de 3 ans et 9 mois qui dormait dans la rue alors qu'il faisait vraiment très froid et qu'ils possédaient une place d'hébergement en hôtel.
Le premier contact avec un sdf s'est fait assez facilement,serrer la main m'a paru naturel alors que je ressentais du dégoût à l'idée de le faire avant la garde.
Je suis de nature curieuse et ouverte à tout, mais à 4h30 du matin, dans le froid depuis 30 min avec l'infirmière, la travailleuse sociale et l'ambulancier, à essayer de convaincre un sdf de venir avec nous au centre d'hébergement alors qu'il ne veut pas en entendre parler, puis finir par se faire copieusement insulter n'est pas vraiment ce que j'appelle une expérience enrichissante...
Alors qu'il faisait la manche et que personne ne lui prêtait attention, une petite fille de 5 ans environ à dit à son papa "Papa regarde, le monsieur il doit avoir froid", son père ne réagissant pas, elle à tendu au jeune son écharpe rose qui l'a remerciée mais lui a dit qu'il ne pouvait pas l'accepter qu'il fallait qu'elle la garde pour qu'elle n'attrape pas froid.
Il avait perdu toute sa famille lors d'un accident de voiture alors qu'il était le conducteur, il n'a jamais pu se relever de cette épreuve
On se dit alors que les champs d’action des équipes du Samu Social et des travailleurs sociaux sont restreints par un manque de moyen, de ressources tant financières qu’humaines pour prendre en charge le mieux possible ces personnes en difficulté.
Convaincre un SDF de venir dans un centre où il a un lit infirmier de réservé alors que celui ci est réticent n’est pas différent que de prendre le temps d’expliquer un examen à un patient le refusant dans un premier temps par peur ou ignorance.
Il est triste de devoir leur donner des réponses plutôt "négatives" alors que beaucoup appellent plusieurs fois dans une même journée pour obtenir gain de cause.
Bon, d'accord la demande n'est pas la même mais, pour exemple : - certains régulateurs passent 20 à 30 minutes en ligne avec une personne, à l'heure de pointe des appels (18h-22h), alors que le nombre de personnes en attente est énorme - (conséquence du premier item) : de nombreuses personnes appellent et patientent pendant plusieurs heures au téléphone, puis finissent par s'endormir ou raccrocher...!!
Alors que j'imaginais ce système dépersonnalisé, j'ai été étonnée de remarquer combien les opérateurs téléphoniques connaissaient les personnes qui appellent régulièrement pour des places dans les foyers.
Je suis admirative de leur dévouement, de leur choix de faire des maraudes alors qu'ils pourraient très bien travailler dans des contextes plus faciles et confortables.
Tout est compliqué, il faut faire des rapports sur tout, alors qu'on perd du temps à ce moment là à aider d'autres personnes.
- Court-termisme des politiques actuelles : pourquoi payer des PHRH (Réservation Hospitalière… c’est-à-dire des hotels privés pour les familles de roumains avec enfants en bas age) alors qu’on pourrait mettre 5 fois plus de budget une année donnée pour rénover un ancien hôpital par exemple (au lieu de le vendre à une mutuelle privée, cf un exemple dans la soirée, près d’Ivry sur Seine) ?
- Court-termisme des politiques actuelles : pourquoi payer des PHRH (Réservation Hospitalière… c’est-à-dire des hotels privés pour les familles de roumains avec enfants en bas age) alors qu’on pourrait mettre 5 fois plus de budget une année donnée pour rénover un ancien hôpital par exemple (au lieu de le vendre à une mutuelle privée, cf un exemple dans la soirée, près d’Ivry sur Seine) ?
Il n.en revient pas de voir autant de monde ce soir alors qu'il s'est isolé dans cette toute petite rue.
Il en a marre de ces roumains (d’autres diront polonais, africains… ) qui ont droit à des aides alors que lui il est français et il a juste le RSA pour survivre.
Ils nous racontent la violence, les vols, les clans, les bagarres, les gardiens qui les mettent dehors à 7h30 le matin alors qu'ils sont théoriquement hébergés jusqu'à 9h.