Un bémol tout de même, qui n'a rien à voir avec l'intérêt immédiat que représente la garde, c'est le sentiment d'impuissance et de culpabilité que l'on peut ressentir à l'égard des familles auquelles nous sommes confrontés notamment lorsque des enfants sont concernés.
La double-écoute était un peu restreinte mais très intéressante, car on a du gérer un malentendu entre un hôtelier et une famille, afin que cette famille et ses 6 enfants ne soit pas à la rue le soir-même.
absence de famille, enfants placés en centre sans point de chute à 18 ans, conflit familial...
Lors de la double écoute, j'ai pu entendre les difficultés rencontrées par un père de famille à trouver un logement pour lui, sa femme et ses enfants.
Et c'est alors que j'ai aperçu des étoiles dans ses yeux, un grand sourire, comme un enfant émerveillé.
Des jeunes (beaucoup de jeunes, on réalise alors la chance qu'on a), des moins jeunes, des femmes avec des enfants...
Certains se battent encore, en général ces derniers ont des enfants, et réussissent à accéder à un hébergement.
Un appel qui m'a particulièrement marqué est un appel d'un monsieur à la rue avec ses 5 enfants dont le plus jeune est à peine âgé de 7 mois.
La plupart étaient des familles de gens jeunes avec des enfants en bas âge.
N'étant pas mariée, elle a du cacher sa grossesse à sa famille pendant 6 mois, puis elle a décidé de fuir l'Algérie pour rejoindre le père de l'enfant en France.
Ils prennent en compte le nombre de nuit d'errance consécutives, le sexe, l'état de santé, la présence ou non d'enfants.
Je suis arrivé vers 18h au standard du Samu où j'ai passé 2h environ en double écoute avec un standardiste, j'ai donc pu découvrir quelques-unes des situations fréquemment rencontrées (clochard "habitué" cherchant un centre d'accueil pour la nuit, femme avec jeune enfant se retrouvant à la rue soudainement et totalement désemparée qui trouveront finalement un hébergement en hôtel, appel de riverain pour apporter de l'aide un SDF qu'il a croisé), j'ai aussi pu découvrir l'organisation du standard, avec 2 "superviseurs" gérant les places disponibles dans les centres et hôtels.
Nous avons rencontré une famille au tout début de notre ronde, une mère s'occupait de deux de ses enfants pendant que son mari et les deux autres faisaient la manche plus loin afin de pouvoir dîner.
Je pense que le premier événement qui m'a marqué dans ce mini stage s'est déroulé lors de la douvle ecoute : il s'agissait d'une famille dans la rue, leur enfant avait 11 mois et la femme était enceinte...
C'était une expérience très marquante pour moi - surtout les appels des jeunes femmes enceintes ou des mères ayant encore des petits enfants.
J'ai été particulièrement touchée par deux familles que j'ai rencontré dans la nuit et à qui nous avons pu trouver un hébergement d'urgence pour la nuit: une mère et sa fille de un an; un père, ses 3 enfants et sa femme enceinte.
Même si un plan a été mis en route pour qu'aucune famille, ni femme, ni enfant ne dorment à la rue, la maraude m'a montré qu'il ne suffit pas d'ouvrir de nouvelles places d'hébèrgement pour régler le problème.
J'ai par ailleurs dû prendre mon courage à 2 mains pour ausculter la jambe de cette femme enceinte, le contexte étant absolument différent de ce dont j'ai eu l'habitude (pas de médecin, patient migrant après un voyage traumatisant et visiblement difficile physiquement, dans la difficulté pour se nourrir ou tenir au chaud son enfant...)
Tant de choses si difficiles quand une part de la société vous rappelle chaque jour, par son ignorance ou pire son dédain, qu'elle ne compte plus sur vous; que vous êtes ses enfants abandonnés, jetés dans cette grande marmite qu'est la rue.
Une femme d'une trentaine d'années venant d'Algérie a appelé pour que nous l'aidions à trouver un logement, car son précédent hôte a mis fin à l'hébergement de sa famille constituée d'elle-même, son mari et leur enfant de 9 mois. […] Chacun a tout quitté sauf son vis-à-vis et l'enfant pour tenter de vivre une idée commune qui les fait dépendre davantage l'un de l'autre.
J’ai pris conscience du très faible nombre de places disponibles dans les centres d’herbergrment d’urgence ainsi que dans les herbergements en hôtel pour famille alors que malheureusement le nombre de familles avec des enfants très jeunes, à peine sortis de maternité qui ne peuvent pas avoir de place est important.
Avec mon équipe on est allé à la rencontre d'une famille avec trois enfants en bas age (le plus âgé devait avoir 3ans).
comment les parents peuvent laissé errer leur enfant, juste pour une dispute ?
On a essayé de les convaincre de la diriger vers un centre pour mineurs et pour le reste de la famille, une place isolée en centre (les places familles en centre sont plus pour les couples avec des jeunes enfants) mais le mari de la jeune fille mineure refusa.
L'un d'entre eux par exemple était en train de jouer aux cartes avec un habitué à la terrasse d'un café, un autre nous parlait de son ex, de comme c'était bien qu'ils s'entendent bien car c'était pas évident pour les couples séparés de garder de bon contacts, puis nous parlait de ses enfants...
Le SAMU social a surtout la capacité de proposer un hébergement pour la nuit dans un de leur Centre d'Hébergement d'Urgence (CHU) pour les personnes isolées, et pour les familles avec enfants en bas âge peut solliciter en urgence une place dans un hôtel partenaire.
Ce système en particulier m'a, vous l'aurez compris, révolté, comment s'occuper de ses enfants , se trouver une situation stable au niveau financier tout en pointant tous les jours, tel un détenu libéré sous contrainte de se signaler chaque jour qu'il vit aux autorités, et cela parfois plus de 6 mois durant, et avec des femmes enceintes souvent, et avec des nourissons parfois.
Nous avons rencontré une autre famille vers 1 h du matin (Les 2 grands parents d'une soixantaine d'années, les parents d'une trentaine d'années et les 3 enfants dont le plus jeune venait d'avoir 2 ans).
Les autres cas rencontrés concernaient des familles de Roms qui mendiaient jusque minuit-1h avant de retourner dans leur caravane bien au chaud, et même s'il est triste de voir des enfants exploités de la sorte, là encore, l'intéret de l'échange est incertain - barrière de la langue, barrière de culture, ils ne comprennent pas pourquoi on veut les aider parce qu'ils ne sont pas vraiment dans le besoin; nous avons aussi vu des sans abris type "punks à chien", et dont le chien avait mordu quelqu'un quelques jours plus tôt ...
On a également pu trouver une place à trois familles : une femme enceinte, une femme seule avec un bébé d'un an et une petite fille de 8 ans, et un couple de jeunes roumains avec un enfant d'un mois.
Pour ma part, sur les quatre signalement, trois correspondaient plus ou moins à cette description (dont deux étaient des habitués des visites du SAMU), mais nous avons eu affaire à une famille avec trois enfants également...
La mère et ses enfants vivent en fait à Rennes, dans un logement social, et étaient venus à Paris pour venir chercher la grand-mère qui avait fait tout un périple depuis la Roumanie pour venir jusqu'ici.
En effet, d'origine roumaine, Me M. était en France depuis quelques années et avaient eu 2 enfants qui avaient été placés dans des foyers.