L'équipe avec qui j'ai fait la maraude m'a donc expliqué que c'était une nuit plutôt calme car les sans-abris s'était mis à l'abri dans les parkings par exemple, à cause du froid ressenti la nuit précédente.
J'ai été surprise par la positivité et la force des sans-abris.
Ca permet une grosse prise de conscience, ça permet de se sentir beaucoup plus impliqué concernant le problème des sans-abris et plus tolérant.
Cette garde m'a permis de découvrir un monde que je ne connaissais absolument pas, avec une grande solidarité entre sans-abris (on a vu 2 hommes qui étaient ensembles dans la rue depuis plus de 10 ans et qui partageaient tout; l'un avait appelé les secours quand l'autre avait fait un AVC, puis était allé le voir à l'hôpital et avait eu des difficultés à la trouver car il ne connaissait pas son nom de famille).
J'ai découvert une autre facette de Paris et cette nuit a vraiment transformé mon regard sur les sans-abris que je croise depuis et sur ma manière d'interagir avec eux.
J'ai été choquée par le manque de moyens dont disposent le samu social et la ville de Paris pour faire face au nombre exorbitant de sans-abris : 4 camions par nuit, 4 sacs de couchages par camion, très peu de nourriture solide, peu de centres, peu de places.
Le travailleur social et le chauffeur étaient aussi très impliqués, choqués par les conditions des sans-abris.
On peut voir des sans-abris tous les jours en allant travailler, dans le métro comme dans la rue.
On a assez peu discuté avec les sans-abris.
Cette nuit au SAMU social a été pour moi très enrichissante humainement, j'ai trouvé le personnel très accueillant et ouvert, avec une réelle volonté de partager leurs expériences avec quelqu'un de l'extérieur, que ce soit au niveau de la double-écoute ou dans le camion à la rencontre des sans-abris.
Cette nuit avec le SAMU social, si elle ne permet évidemment pas de voir l'ampleur des besoins et du travail accompli par le 115 et les maraudes, permet de lever quelques mystères concernant le fonctionnement des systèmes d'hébergement des sans-abris et la vie de ces derniers dans la rue, ce qui, à mon avis, ne peut être que bénéfique lorsque nous sommes confrontés à ce genre de patient dans le cadre de nos stages (notamment aux urgences).
J'ai été assez déçue du faible nombre de signalements trouvés sur place, car nous n'avons eu que peu de contacts avec des sans-abris durant la nuit.
Cela a été une expérience à part que de sillonner la ville, des quartiers fréquentés au quotidien, avec la préoccupation d'aller à la rencontre des sans-abris et personnes en souffrance.
J'ai beaucoup apprécié le contact avec les sans-abris.
Je pense que cette expérience est très utile dans notre cursus, car nous sommes (et seront) régulièrement confrontés à des sans-abris, même dans les services.
Enfin, étant en stage aux urgences au moment de la garde, ça a été l'occasion de savoir dans quelles conditions ont été trouvé/ aidé les sans-abris qui sont amenés à l'hôpital chaque jour et surtout chaque nuit pour se faire soigner et/ou pour dormir au chaud ...
On est encore loin de la réintégration sociétale des sans-abris avec ce projet, mais leur aide non négligeable peut être un tremplin vers un véritable effort collectif de soutien et de partage envers ces gens dans la rue.
Cela m'a permis de me rendre compte de la détresse des sans-abris.
Je savais que des aides quotidiennes existaient pour les sans-abris, mais sans savoir vraiment qu'une telle organisation existait.
C'est une garde qui peut donner envie de s'impliquer davantage pour tenter d'améliorer la situation des sans-abris, même si je pense que c'est un domaine d'action parmi les plus particuliers qui existent, et qui peut en rebuter plus d'un.
L'histoire d'un des sans-abris qu'on a vu cette nuit m'a particulièrement touchée.
Cette nuit d’observation m’a permis de voir les actions mises en place pour les personnes sans-abris.
L’intervalle de temps est serré pour les sans-abris qui n’ont pu dénicher un logement dans la journée : pour peu qu’ils appellent avant que la liste des places disponibles ne soit communiquée à la régulation du Samu social, on leur conseille de rappeler plus tard ; une fois cette liste disponible, les places sont pourvues en quelques minutes. […] En quelques heures, nous assistons une jeune femme seule à la rue depuis quatre jours et l’installons dans un petit hôtel où elle restera quelques jours ; nous distribuons des gants, des chaussettes, des duvets à des sans-abris qui affrontent cette nuit un froid humide, pénétrant l’enchevêtrement des couches ; à d’autres nous trouvons une place dans un hébergement d’urgence et les y accompagnons.
On découvre les autres facettes de Paris, le monde des sans-abris, sa dureté.
Globalement, cette nuit aura été pour moi l'occasion de m'intéresser aux activités du samu social et d'en apprendre plus sur l'organisation des hébergements proposés aux sans-abris et à la condition des migrants.
Tout les sans-abris sont fichés dans le logiciel du samu social afin d'avoir une notion de leur historique.
Enfin, et peut-être le plus marquant fut le dévouement des équipes qui maraudent la nuit, des personnes qui font l’accueil téléphonique du 115, autant que ceux qui accueillent les sans-abris dans les centres d’hébergement.
Après je n’ai vu que quelques cas, il y a sûrement des sans-abris avec lesquels il existe plus d’agressivité.
Hormis quelques échanges brefs (ou parfois moins brefs) avec des sans-abris au fil des années, dans le métro, dans les gares, dans les rues de Paris...
Dit comme ça ça n'a aucun sens, il faut savoir que les camions du Samu patrouille dans un secteur pour aider des sans-abris, leur donner à boire, à manger, leur parler et parfois s'il reste de la place dans des centres, leur proposer un toit.
C'est sous un jour nouveau que j'ai pu aborder le monde de la rue, et c'est fort de ce vécu que j'espère pouvoir un jour pratiquer une médecine plus humaine et compréhensive à l'égard de ces patients si particuliers que sont les sans-abris
Aller vers les sans-abris, discuter avec eux, écouter ce qu'ils ont à dire.