Pendant la maraude de cette nuit, nous avons rencontré une personne qui dormait au dessus de la bouche d'aération des métros, ce qui lui permettait de se maintenir au chaud.
Lors de la maraude, nous sommes allés voir une famille avec la mère, le père d'origine roumaine et un enfant de 7 ans qui dormait sur une bouche de métro évacuant de la chaleur.
Nous voyons des SDF tous les jours dans la rue ou dans le métro, et pourtant nous ne faisons pas attention à eux.
Excellente occasion de s'ouvrir l'esprit et de découvrir les sdf sous un autre angle (et pas les pénibles bourrés du métro).
Ce n'est d'abord pas très juste vis à vis des autres étudiants qui ont la possibilité de rentrer chez eux vers 3h alors que nous devons attendre parfois sans rien faire dans les bureaux du SAMU social que le traffic du métro/rer démarre (ayant fini la maraude à 4h15 et le premier métro partant à 5h30).
Croiser quotidiennement des SDF dans la rue, dans le métro, et s'habituer à ce paysage de misère est normal pour la plupart des gens.
La maraude commençant à 21h, si la garde se finissait à minuit l'étudiant aurait vu l'ensemble des activités du samu social et aurait pu prendre les derniers métros.
Cela faisait presque 4 ans qu'elle dormait dans le métro et faisait face à des problèmes que je n'imaginais pas être la première préoccupation d'un sans abri : refaire ses papiers qu'on lui avait volé.
On en voit tous les jours en allant travailler, dans le métro, etc...
Ils l'ont trouvé dans le métro, caché....
Les côtoyer, dialoguer avec eux, leur venir en aide, est une expérience qui transforme, ce n'est pas la pièce dans le métro ou la nourriture donnée parfois, c'est la création d'un vrai lien, on rie avec eux, on partage leur histoire, ce n'est plus "eux" mais "nous".
C'est dure de se l'avouer, mais il m'aura fallu cette nuit pour arrêter d'ignorer les SDF dans le métro.
Dans cette ville nous voyons tous tous les jours des jeunes, des vieilles personnes se reveiller ou s'endormir dans le métro.
Faute de place dans l'Equipe Mobile d'Aide(EMA) du Samu Social, j'ai fait ma garde à l'ancien Hospice Saint Michel (Lit Halte Soins Santé) situé près du métro Saint Mandé dans le 12ème arrondissement.
L'une d'elle est assez courante : la brûlure à cause de l'air chaud des métros qui sortent par les grilles posées sur le sol des rues.
J'ai été frappé par un appel d'une femme seule dans la rue avec une fillette malade, je me suis rendu compte à quel point elle avait besoin d'aide pour trouver l'hôpital et y être acceptée, pour enregistrer le chemin en métro qu'elle allait devoir faire.
Grâce à cette expérience, on se fait une petite idée de ce qu'est la misère humaine bien qu'on la rencontre très souvent dans le métro ou la rue.
J'ai souvent été choquée par l'indifférence voire le mépris des gens dans la rue ou dans le métro lorsqu'un sans-abri leur adresse la parole.
Ne pas ignorer le SDF qui est à l'entrée de la station de métro, s'assurer qu'il va bien, et n'a besoin de rien, c'est à la portée de tout un chacun.
Un deuxième moment qui m'a marqué est peut-être cette femme qui pleurait à côté d'une station de métro car elle était épuisée...
On se rend compte que c'est un réel parcours du combattant et que derrière les visages que l'on croise dans les métros, sur les trottoirs se cachent des personnes qui tous les jours doivent se battre pour conserver leur humanité.
L’un était prêt à se battre pour que nous n’aidions pas son compère en hypothermie sévère, comatant sur une grille du métro parisien.
La double écoute, fut mon premier contact avec l'univers du Samu social, je m'y suis installé dès mon arrivé, et écouter les gens desepérés de trouver un toit au bout de 50 nuits dans le métro ou la rue était assez dur, surtout lorsque nous n'étions pas en mesure de leur trouver un abri pour la nuit ou lorsque la solution que l'on trouvait n'était pas satisfaisante pour eux.
G à 23h45 qui a appelé le 115 pour une demande d'hébergement en urgence : nous le retrouvons au métro Chateau d'Eau.
En effet, la veille ils avaient fui l'un des centres d'hébergement car ils avaient eu peur et avaient préféré dormir dans une bouche de métro.
On "connait" tous, on essaie de s'imaginer la pauvreté des gens vivant dans la rue, on la voit chaque jour au coin de tous les boulevards, dans le métro, ça nous paraît presque....
À notre arrivée, ils sont situés sur une bouche de métro et refusent notre proposition de logement pour cette nuit.
On peut voir des sans-abris tous les jours en allant travailler, dans le métro comme dans la rue.
L'expérience sociale en soi ne m'a rien fait ressentir d'inhabituel ou de particulier, pour qu'un peu on se balade dans Paris et qu'on prenne le métro, on est déjà bien habitué à fréquenter et parler avec des gens en situation de détresse sociale et la contribution des maraudes au SAMU sociale m'a paru très peu significative (comme dit plus haut les gens sont hébergés quelques heures à peine, sans réel confort, puis reparte dehors pour plusieurs jours/semaines) hormis éventuellement les duvets et vivre donnés.
Et puis certains, ne rappellent plus et finissent par dormir sur un banc, un trottoir, une bouche d'évacuation d'air du métro.
J'ai partagé la nuit avec des hommes et des femmes que je ne reverrai probablement jamais, pas une seule seconde je ne serai capable de comprendre ce qu'ils vivent, moi qui suis rentrée tranquillement dormir dans mon lit à 4H, mais j'ai appris à prêter attention à ces vies qui sont là dans la rue et que j'évitais le plus souvent dans le métro et dans les gares.
Au départ, je ne voulais pas du tout assister à cette garde, par manque de motivation, finalement une fois sur place, j'ai appris à découvrir un autre monde, pas celui que je vois tous les jours en sortant du métro.