J'ai trouvé difficile d'en laisser certaines derrière nous, faute de lits disponibles, d'autant que cette nuit était froide et pluvieuse.
J'admire le courage de ces gens qui n'ont rien et pourtant garde le sourire, j'admire également le personnel qui s'occuppent des lits infirmiers, des foyers qui travaillent dans des conditions très difficiles, et le personnel du samu social qui s'efforce d'exercer leur mission avec peu de ressources humaines et matérielles.
Nous l'avons ausculté, accompagné et rassurer jusqu'à son lit infirmier pour la nuit.
J'ai pu prendre conscience du nombre de personne qui attendaient chaque jour un nouveau lieu pour dormir et éviter de passer la nuit dans le froid (bref, prise de conscience). 1 heure plus tard, après le staff, j'ai été affecté à une équipe de "maraude", tout s'est bien passé, la plupart des sans-papiers que nous sommes allés voir ont été emmené à Montrouge pour leur fournir un lit et un repas.
Je ne dis pas que j'ai été traumatisée par cette garde, bien au contraire, mais je dis juste que retourner chez soi, dans son petit lit douillet après avoir maraudé et rencontré des gens qui dorment à même le sol, cela peut quelque peu déstabiliser....
Il apporte des conseils, des lits en urgence, des boissons chaudes, des duvets, vêtements ect.
En effet pour moi, tout le monde mérite sa nuit dans un lit, et même si le SSP essaie d'être le plus juste et le plus impartial possible, le jugement personnel intervient toujours un peu, et on répond alors qu'il n'y a plus de place pour la nuit à un homme jeune et dans la rue depuis quelques mois pour ensuite dire oui à une femme plus âgée dont la situation de précarité remonte à des années et qui , connaissant le système, arrive très bien à faire du chantage affectif aux écoutants.
Je n'ai malheureusement pas vu d'autres centres, j'aurai aimé voir les dortoirs de 100 lits pour me rendre un peu plus compte des conditions de vie.
On m a expliqué que dans d autres centres il y a beaucoup de lits dans la même pièce , et que du coup les conditions d'hébergement sont assez déplorables, avec des vols fréquents, ainsi que des disputes fréquentes entre les personnes .
La gentillesse de l'écouteuse me touche, elle reconnait le sans abri à sa voix, demande de ses nouvelles, de sa santé, essaie de l'aider et principalement (la raison de l'appel) de lui trouver un abri, un lit, pour la nuit.
la météo étant bonne, le véritable besoin d'un lit pour dormir dans des centres, où apparemment la violence et les vols sont courants, n'était pas très important: les personnes qu'on a été chercher n'étaient pas ravi de nous voir: il s'agissait pas d'une aides primordiale à mes yeux, ni aux leurs, si ce n'est apporter du confort non négligeable à des personnes dans une situations difficiles, situation qu'on ne corrige pas de cette manière probablement.
L'écoutante avec qui j'étais m'a expliqué que cela pouvait être frustrant au début mais qu'ils n'avaient pas le choix, ayant 300 lits pour 9000 appels par jour.
J'ai été particulièrement marquée par 3 personnes rencontrées : Une appelante tibétaine qui ne pouvait pas avoir de place cette nuit là, parce qu'elle était jeune, en bonne santé et qu'elle avait déjà dormi à l'abri les nuits précédentes, critères rédhibitoires pour obtenir un lit.
Ils se réchauffent un peu sur le trajet qui les mène à la Boulangerie, ce lieu que je ne verrai pas et qu'on me décrit comme un hangar où les lits superposés s'alignent aussi loin que porte le regard.
La coordinatrice m'a bien expliqué le fonctionnement de l'attribution des chambres/lits/haltes.
La visite du centre à Montrouge, de l'hôpital à Ivry m'a permis de voir que beaucoup de moyens étaient déployés pour intégrer les SDF (lessives, dîner, lits, douches, soins...).
Cet endroit et une petite unité d'hospitalisation avec peu de moyens, 31 lits, 2 infirmiers et 2 aides soignants (quand tout le monde est là).
Elle m'a notamment permis d'écouter l'histoire de quelques sans abris, pourquoi ou comment ils en sont là aujourd'hui et de comprendre comment s'effectue l'attribution des lits pour la nuit.
Cela consistait à aller voir les personnes sans abris signalées, leur proposer une collation ou boisson chaude, en ramener un ou deux dans les lits de soins d'urgence, ou bien partager un moment chaleureux en discutant.
Un lit hospitalier a pu être fourni a Mme X pour qu'elle puisse se reposer en sécurité et avoir un repas chaud.
Elles leur offrent un café, une couverture, des vêtements, un lit pour dormir lorsqu’il en reste encore – car une fois l’hiver passé, les places se font rares.
Convaincre un SDF de venir dans un centre où il a un lit infirmier de réservé alors que celui ci est réticent n’est pas différent que de prendre le temps d’expliquer un examen à un patient le refusant dans un premier temps par peur ou ignorance.
SAMU SOCIAL : Je commence par le seul point négatif de cette garde pour terminer par tous les points positifs : le fait qu'il n'y ait pas de chambre d'externe ou juste un lit pliant dans un coin !
pas de place en lit infirmier, ni LHSS pour cause d'éloignement ( il avait insulté quelqu'un du centre).
Leur travail m'est apparu indispensable, les moyens devraient être déployés dans ce sens, plus de lits d'accueil devraient être ouverts, en particulier.
Double-écoute avec deux écoutantes très sympathiques, beaucoup d'appels pour avoir un lit pour la nuit à la Boulangerie ou à Montrouge, dans mon créneau horaire d'arrivée.
C'est aussi l'occasion de créer du lien, au travers de discussions, souvent chaleureuses, parfois crûes, à la mesure d'un environnement violent : il fait moins de 5°, l'alcool est très présent, et finalement peu de SDF auront un lit cette nuit Le hasard de cette garde nous a également emmené dans un hôpital pour y récupérer un patient, l'occasion d'assister aux regards désapprobateurs de mes collègues d'un soir quant aux commentaires déplacés, voir méprisants, des infirmières de garde, pressées de voir ce si gênant patient enfin s'en aller.
Enfin, c'était intéressant de voir l'organisation qui existe pour les sans abris, beaucoup ont régulièrement un lit ce à quoi je ne m'attendais pas, on connait leur prénom, leur histoire, pour la grande majorité des personnes croisées dans la maraude.