La seconde partie de la garde (maraude) fût également extrêmement instructive pour moi, de par la relation direct que j'ai pu avoir avec ces personnes dans le besoin qui sont souvent dénigré par les gens les observant.
Cela permet aussi d'avoir une autre vision des sans-abris et de la relation soignants-soignés, hors du cadre habituel et protecteur de l'hôpital.
En effet, savoir établir une relation de confiance avec le patient et son entourage reste une des compétences nécessaires pour être un bon médecin à mes yeux et on retrouve cette nécessité au SAMU social.
Mais je pense que pour ceux qui ont plus de mal, par peur par exemple de leur agressivité, de leur exclusion, ils peuvent apprendre beaucoup de cette garde en voyant les relations que l'on peut créer avec ces personnes dans le besoin, qui n'expriment que leur détresse.
La double écoute m'a permis de cibler un peu plus le type de gens en relation avec le samu social et j'avoue que j'ai été assez surprise : en entendant ces gens habitués à demander à la standardiste, toujours avec gentillesse, si "elle n'avait pas une place pour lui" à montrouge ce soir, j'ai éprouvé de la compassion pour ces gens.
Les appels s'enchaînent rapidement ( plus de 1h d'attente pour être mis en relation avec le samu social après avoir appelé le 115), on reçoit beaucoup de personnes habituées recherchant un logement pour la nuit.
L'expérience m'a appris pour mon futur travail médical, de prendre en compte toutes les difficultés de la prise en charge du patient sdf, à savoir la relation psychologique, bienveillante avant tout, la résolution des problèmes de la rue qu'ils soient énoncés ou non, l'intérêt d'un examen complet comprenant les pieds, bien souvent dans un état infectieux ou diabétique extrême, et la prise en charge des dépendances.
Malgré les aprioris que j'avais sur cette garde (plus sociale que médicale) j'ai trouvé que cela apportait un réel plus, pas tant pour la pratique médicale en elle même mais surtout dans la relation a l'humain, en particulier lorsque cela touche des personnes défavorisées socialement et financièrement.
La relation établie entre les personnes de la rue et les équipes du samu social semble pleine de codes (s’asseoir, tutoyer, discuter de tout et de rien parfois) et j’ai trouvé difficile en tant que simple observateur de ne pas être trop intrusif.
La garde au samu social est une expérience enrichissante, fondée sur la rencontre de personnes avec qui nous ne lions aucune relation dans la vie de tout les jours : parfois par peur, parfois par la sensation de ne pas savoir quoi leur apporter.
De plus j'ai été un peu déçu par l'approche au sans domicile fixe : cette relation se traduit par une transaction ( de centre, de café, de soupe, de duvet ...) mais j'ai trouvé qu'au delà de ça l'échange était assez réduit entre l'équipe et le sans domicile fixe, je pensais qu'on prendrait véritablement quelques minutes pour discuter ce qui était rarement le cas.
Les personnes qui m'encadraient n'avaient parfois pas de bonnes relations avec les médecins des urgences.
Je ne m'attendais pas à ce que cette nuit au SAMU SOCIAL soit si riche en expériences, relations humaines et prises de conscience.
Les relations avec les sans abris traduisent cette optique.
Beaucoup de personnes que l'ont venait voir volontairement pour proposer un café ou une soupe nous remerciaient avec beaucoup de bonté et nous tenaient même au courant de leur avancées pour certains , comme ce monsieur qui avait trouvé une association ou se rendre chaque jour pour entretenir des relations amicales .
Car elle permet une continuité dans notre apprentissage de la relation avec les autres.
Mais il parait évident que le passant en question connaissait les deux individus en question, et avait noué avec eux une relation de confiance qui a peut -être permis à cette personne en détresse de ne pas perdre le peu qu'elle avait.
Le contact avec les usagers du Samu social est très enrichissant en ce qui concerne l’apprentissage de la relation humaine, notamment concernant le positionnement que l'on peut avoir.
Au début, un monsieur se sentait ennuyer et puis petit à petit il s’est mis à discuter du type de radio qu’il écoutait, des centres où il avait déjà été… Nous avons aussi été voir une dame avec des problème de santé, j’ai vu l’accueil dans un centre, la visite avec l’infirmière et le choix d’aller aux urgences suite à une consultation téléphonique avec un médecin en relation avec les équipes mobiles.
De plus, j'ai trouvé que la relation qu'ont les équipes avec les personnes sans abri est belle et sincère : parfois ils se connaissent vraiment et depuis longtemps.
Comme tout le monde a du le souligner, cette garde est évidemment un début d'expérience humaine qui apporte beaucoup, à nous en tant qu'individus pour nous faire prendre conscience de ce qui arrive à certaines personnes à deux pas de chez nous alors que l'on passe quotidiennement devant elles avec indifférence, mais aussi à nous en tant que futurs médecins pour appréhender la relation de ces personnes extrêmement précaires avec l'hôpital.
En revanche, j'ai entraperçu cette nuit quelques raisons qui peuvent faire qu'on tienne le coup dans ce métier : déjà c'est un métier de proximité avec les personnes, les plus démunies qui plus est ; et en plus, comme le 115 de Paris intervient dans ce secteur uniquement, les travailleurs du 115 connaissent personnellement bien la plupart des SDF de la ville (le logiciel informatique permet en plus d'avoir des nouvelles d'une personne même si c'est une autre équipe qui s'en est occupé cette fois là) et ont ainsi une relation durable avec eux.
Cette garde m'a vraiment beaucoup apaisée sur le plan des relations humaines et du rapport aidant/aidé pour ne pas dire soignant/soigné, qui parfois ne me satisfait pas à l'hôpital où les patients ne disposent pas de leur santé mais la remettent entre les mains des soignants ; c'est tout l'inverse qui s'est produit au Samu Social.
Il faut savoir sur moi que je n'ai (presque) pas de relations ni d'expérience avec les milieux précaires, et que en temps normal je ne pense pas particulièrement aux personnes sans-abri, même si, en temps que parisienne, je suis amenée à en croiser tous les jours.
Voire cet esprit d'équipe, et les relations qu'ils créés avec des gens qui sont dans le besoin extrême, de facon (apparemment) si facile.
Elle était donc retournée à la rue avec cet homme avec lequel elle entretenait une relation très ambiguë.
La relation entre le Samu Social et les usagers est belle.