Aider des personnes isolées est de l'ordre du possible (leur trouver une place en centre d'hébergement pour la nuit), en revanche héberger une famille est beaucoup plus compliqué.
J'ai eu l'occasion de côtoyer des personnes qui vivent dans une grande précarité, certaines s'accrochant au lien social, ayant encore des projets et d'autres totalement isolées, n'ayant plus la force ou l'envie de communiquer.
Même si les capacités de reponse aux besoins d’hébergement sont très limitées, on a l’impression que juste le fait d’avoir discuté avec ces personnes, de les avoir écoutées, leur avoir donné à manger et à boire est déjà beaucoup chez ces personnes parfois isolées
J’ai rencontré 2 types de personnes : ceux dans la rue depuis des années, qui se sont endurcis et isolés, pour qui le SAMU social est un des seuls contacts avec la société; et des personnes ou des familles sans domicile depuis moins longtemps mais en grande détresse.
Les personnes qui acceptent d'être aidées sont bien souvent les moins avancées dans le processus d'exclusion -- des travailleurs précaires, personnes touchant encore quelques aides sociales, par contraste avec des personnes trop isolées ou trop souffrantes pour faire face aux difficultés rencontrées dans les centres d'hébergement ; ou encore, par contraste avec des personnes ressortissant d'autres pays de l'union européenne, ne pouvant qu'être "dépannées" exceptionnellement.
Il serait intéressant d'assister à l'ensemble des pôles ; pôles family par exemple (je n'ai pu écouter que les appels des pôles isolés).
Les situations sont diverses : familles, personnes isolées, femmes violentées par leur conjoint...
La plupart sont heureux et reconnaissants lorsque le SAMU social vient s'assurer que tout va bien. 3-4 phrases échangées avec un café leur permettent de se sentir moins isolés, moins oubliés.
Je ne sais trop qu'en penser, après tout je n'ai découvert qu'une facette du samu social, l'écoute et la maraude mais il y aura encore des gens dans la rue, des (plus ou moins grands) isolés à qui le contact d'une maraude peut faire du bien et il serait dommage de voir cette activité s'essouffler.
Cette rencontre m'a permis de comprendre à quel point les troubles mentaux peuvent isolés les personnes, et à quel point il est important d'écouter les gens qui vivent dans la rue, car c'est la meilleure façon de leur venir en aide.
Le second point est que la maraude a essentiellement été constitué de voyages destinés au transport de personnes connus du service et ayant appelés le 115 afin de les emmener dans les différents foyers de logement et qu'il n'y a pas réellement eu de démarche de l'équipe d'aller à la rencontre de personnes isolées dans la rue, ce qui était à quoi je m'attendais ( la réalité est aussi que nous n'avons croisé qu'une seule personne dans cette situation dans les arrondissements attribués à mon équipe).
De 20h30 à 5h nous avons maraudé dans le sud est parisien, équipe très dynamique et sympathique, bonne ambiance dans le camion, et même avec les personnes que l'on récupérait pour les emmener soit dans les logements pour famille soit pour personnes isolées.
De nombreuses personnes ont appelé au moment de la double écoute pour essayer de trouver un logement pour la nuit, aussi bien des familles que des cas isolés.
Ils sont là pour se comporter humainement envers des personnes vulnérables et isolées.
Il faut savoir passer au delà de l'ignorance de certains, de la violence verbale ou de "l'indécence" d'autres; les laisser venir à nous est aussi leur laisser une chance pour ne pas rester isolés.
De ce fait, ce dont j'ai pris la mesure plus que jamais, et plus concrètement car j'en étais déjà convaincue dans le principe, c'est à quel point un simple échange peut être important et donner de la chaleur et de la dignité aux plus isolés.
J'ai beaucoup aimé la double écoute, ça permet de voir comment le système du samu social fonctionne, les personnes triées en "famille", "isolées" etc, les difficultés qu'ont certaines familles à être hébergées, (si elles ont des enfants scolarisés, la difficulté et l'impossibilité pour eux d'être proche de leur école), les quelques abus aussi parfois (des enfants qui grandissent jamais par exemple), des appelants qui se permettent de refuser leur place car elle a été réservée dans un centre qui ne leur convient pas...
Nous avons deux heures devant nous de 18 heure à 20 heure ce qui nous laisse le temps de rencontrer plus de situation différentes : personnes isolées, femme seule avec jeune enfant, couple sans enfant, personne vivant sa première nuit dehors ou inversement.
On a essayé de les convaincre de la diriger vers un centre pour mineurs et pour le reste de la famille, une place isolée en centre (les places familles en centre sont plus pour les couples avec des jeunes enfants) mais le mari de la jeune fille mineure refusa.
Mais ceux-ci, isolés du reste du camion, restaient parfaitement silencieux devant les interrogations des usagers.
Au cours de cette nuit, j'ai pu faire l'expérience de la réalité des gens de la rue, le rôle du SAMU social qui permet de donner une attache à ces personnes isolées.
La nuit au SAMU SOCIAL fut intéressante dans la mesure où l'on pouvait entrer en contact avec les personnes défavorisées, isolées, et nécessitant de l'aide pour un hébergement et pour se nourrir ou même boire.
Le choc m'a saisi quand elle m'a ensuite expliqué que les couples étaient toujours moins prioritaires que les personnes isolées car le 115 part du principe que l'homme protégera la femme en cas d'agression dehors dans la nuit.
Des personnes seules, isolées, écartées de la société.
C'est en pleurant qu'il nous raconte son quotidien, celui d'un sans papier, totalement isolé socialement, tantôt exploité sur un chantier au noir, tantôt exposé à la rue et à sa violence.
L’un des sans abris que nous avons pris dans l’EMA nous a raconté une partie de son histoire, c’était très émouvant car c’est là que l’on comprend que finalement à tout moment notre vie peut basculée, que l'on peut se trouver isolé et finir dans la rue.
Il n.en revient pas de voir autant de monde ce soir alors qu'il s'est isolé dans cette toute petite rue.