On se rend également compte à quel point les moyens font défaut après les dernières coupes budgétaires, tant pour héberger les familles que les isolés, alors que les appels au 115 sont en constante augmentation. On salue l'implication des employés, mais on se demande si malheureusement le SSP n'est pas en train de vivre ses derniers mois...
Je me suis demandée si je pouvais faire qqch pour ces gens, mais c'était toujours une pensée rapide sans vraiment de actions dernières.
Le chauffeur m'a expliqué et raconté ce qu'il avait vécu ces dernières années.
Je ne connaissais pas le 115/SAMU SOCIAL avant la nuit dernière, et j'ai été surpris d'y découvrir un monde organisé autour d'une vocation commune qui allie écoute et générosité, sans distinction entre les différents "usagers" aux histoires souvent touchantes (quand la communication était possible).
Vers 21h la maraude commence, et nous tombons dans les embouteillages parisiens. 1h30 plus tard nous arrivons à peine sur les lieux, une dame d'une vingtaine d'année en situation irrégulière a fait appel au SAMU social s'étant faite violer la nuit dernière dans la rue.
Lors de notre dernière maraude dans le 14e nous avons rencontré un homme de 70 ans (très) connu du Samu Social, actuellement en maison de retraite, mais qui continu à dormir dans la rue.
En s'en allant avec nous dans le camion,dans un dernier moment de bonté, le jeune homme laissa ses dernières couvertures de survie à son viel ami d'un jour.
La maraude commençant à 21h, si la garde se finissait à minuit l'étudiant aurait vu l'ensemble des activités du samu social et aurait pu prendre les derniers métros.
la misère a pris une envergure qui n'a cessée d'augmenter ces dernières années, il y a pratiquement l'équivalent de la population d'une deuxième ville qui dort dans les rues de Paris.
En une minute les 6 dernières places étaient déjà attribuées et il n'était que 20heures.
Cette dépendance quotidienne de ces services montrent bien un gros problème de société, qui m a été décrit comme clairement croissant sur les dernières années, avec apparition de nombreuses femmes SDF.
Or, ce monsieur étant connu pour refuser toute prise en charge au dernier moment, ils sont réticents...
Enfin, j'ai été très touchée par les enfants dans la rues, d'abord une famille avec 2 enfants d'environ 5 ans qui gardaient le sourire et continuaient de chanter malgré la fatigue et le froid puis un couple avec un bébé de 11 jours, pour ces trois derniers cas j'ai trouvé la prise en charge du SAMU social à la fois extraordinaire et indispensable.
Pour finir je voudrais saluer la motivation ainsi que les compétences humaines remarquables des professionnels que j'ai eu la chance de suivre la nuit dernière.
On les voie entre amis, se parler, s'entraider, se raconter les dernière nouvelles.
Les dernières heures sont un peu pénibles car il n'y a plus grand chose à faire et le temps passe lentement.
Un dernier mot de remerciement pour les travailleurs sociaux, dont la mentalité est totalement tournée vers l'Autre, qui font ce métier par conviction, et avec une grande dévotion : BRAVO!
Quelques poignées de main après, nous apprenons qu'elle revient du Portugal où elle aurait passé les six derniers mois, chez une amie.
Il nous explique qu'il est venue dans le 14eme pour l'enterrement d'un de ses meilleurs amis, un ancien militaire comme lui avec qui il vivait dans la rue qui à 54 ans a été retrouvé mort de froid la semaine dernière. Ce monsieur était venu à son enterrement pour honorer d'un dernier salut militaire son ami qui d'après lui aurait du partir comme un combattant mais la rue ne lui aura pas laissé cette honneur.
Heureusement nous lui donnons un des derniers duvets que nous avions (très prisés car ils tiennent vraiment chaud) et au moins cela lui a finalement donné un petit sourire.
J'ai compris à quel point ce combat contre la pauvreté était parfois difficile et ingrat (sans-abris non coopérants, problèmes de communication avec les personnes responsables des centres d'accueil) mais nécessaire tant les sans-abris sont dépendants de ce type d'aide, dans le sens où il constitue leur dernier rempart contre l'isolement, la faim et la maladie.
On se rend compte de la grande diversité des personnes qui contactent le SAMU Social, de même que celles rencontrées dans la rue: ce qui m'a frappé, c'est que certaines de ces dernières personnes ont un salaire certes précaire mais stable et gardent un contact social important (contacts réguliers avec des habitants), mais ces personnes font partie malheureusement d'une grande minorité qui souhaite s'en sortir.
Dernière intervention vers 4h du matin pour une prise en charge d'une famille en difficulté.
Je pense que je serai beaucoup plus compréhensive face à ces patients dans le milieu médical suite à cette garde (même si je l'étais déjà et que je n'avais pas d'aprioris avant la garde) En une phrase ce que j'ai retenu de cette garde : Peu importe son apparence extérieure, dernière cette personne il y a un être humain.
Il explique que son dernier entretien pour une formation n'a pas été concluant, il n'en peut plus de sa situation et dit se donner jusqu'à septembre pour espérer une amélioration. […] Ce fût mon dernier appel avant de partir dans le camion pour la maraude, et franchement ça m'a redonné du baume au coeur.
A commencer par la double écoute , les gens appellent pour solliciter un abris de dernière minute, avant la tombée de la nuit alors qu'il faisait très froid dehors, beaucoup d'appels de familles avec enfants en bas ages qui se retrouvent dans la rue , en général des étrangers, c'était en effet les appels les plus durs pour moi.
Déclinant l'offre avec regret, nous avons repris la maraude, après un dernier baise-main, et avons laissé Amadeus Gabriel sur le trottoir.