Au contraire, durant la maraude (en particulier cette veille de jour de fête où il y avait beaucoup de monde dans les rues), nous ne voyions plus les passants, nous cherchions les ombres, discrètes, d'habitude invisbles.
Ils sont au courant de leurs habitudes, leurs préférences en terme de centres d'accueil, ainsi que des quartiers qu'ils fréquentent.
Ça a été très enrichissant de côtoyer les équipes qui ont l'habitude d'aller à la rencontre de ces personnes.
Il ne semblait pas surpris de nous voir arriver, au contraire, il avait l'habitude de voir le samu social, de jour comme de nuit, deux fois par semaine au moins.
Il est aussi remarquable de voir à quelle point l'équipe connait les SDF, leur lieu, leur habitude, l'histoire de leur vie...
On est au contact de personnes particulièrement démunies que l'on a pas l'habitude de cotoyer (un peu dans les hôpitaux quand même), je ne m'attendais pas à ce qu'ils soient aussi nombreux (même si on sait bien qu'il y a beaucoup de sans abris à paris) et surtout je ne m'attendais pas à trouver des personnes comme des étudiants, ou une fille de 17ans enceinte, un jeune qui cachait à ses parents qu'il était à la rue,.....
Ce qui est frappant c'est la différence que l'on peut noter dans la psychologie des personnes rien qu'au telephone, entre ceux qui demandent un coup de pouce, l'hébergement, pour continuer leurs démarches et s'en sortir, et ceux où l'on peut entendre leur lassitude et qui sont dans le système et ses habitudes depuis des années sans réelle conviction de s'en sortir.
Expérience humaine enrichissante, permettant de voir ce qu'on voit de loin d'habitude.
La plupart n'étaient pas agressifs alors que j'imaginais qu'ils le seraient plus même si une fois je ne me suis pas sentie totalement en sécurité avec un groupe de 6 sdf qui étaient tous ivres mais on sent que les équipes ont l'habitude et font tout pour que tout se passe bien.
Au premier abord j'avais des appréhensions quant au contact avec les personnes que nous allions voir, qui pour moi ne voulaient pas forcément être aidées Finalement en étant entourée d'une équipe qui a l'habitude on comprend vite que l'important c'est le respect de l'autre, qui qu'il soit, et c'est une valeur fondamentale à notre exercice médical Deux situations m'ont marquée : Une femme qui ne voulait pas qu'on l'aide et qui visiblement avait un peu peur de nous; en discutant avec l'équipe on se rend compte que c'est assez fréquent qu'elles refusent de l'aide du fait qu'elles subissent énormément de violences dans la rue et sont donc fermées sur elles-mêmes.
Chacun à son histoire , ses habitudes, chaque cas est unique.
On a l'habitude aux urgences de voir le "clochard bourré" parler tout seul sur son brancard mais on ne s'intéresse jamais vraiment à l'endroit où il va aller après, et aux moyens qu'on pourrait mettre en oeuvre pour éviter qu'il échoue là.
Et surtout plein d'habitudes bien ancrées, pour faire ses lacets, pour mettre ses chaussettes.
Certains travailleurs connaissent des gens vivant dans la rue depuis des années: ils les appellent par leur prénom, leur demandent de leurs nouvelles, connaissent leurs habitudes, où les trouver s'ils ne les ont pas vu depuis longtemps.
C'est pourquoi à notre échelle nous ne devons pas attendre d'être dans un camion du samu-social pour aller vers ceux que nous avons l'habitude de contourner,de regarder ce que nous choisissons de ne plus voire.
J'ai été marquée par l'implication des membres de l'équipe qui connaissaient déjà la plupart des personnes que l'on nous signalait, les reconnaissant en entendant le lieu où ils devaient se situer, et connaissant pour chacun leurs caractéristiques, habitudes ...
Elle nous permet de découvrir une population laissée à la marge de la société, que l'on a l'habitude de côtoyer aux urgences par ailleurs, mais pour laquelle on a du mal à s'imaginer leur condition de vie.
Garde très différente des autres que nous avons l'habitude de faire à l'hôpital, aux urgences.
Je les considérais pas comme des SDF simplement, j'ai appris leur nom, leurs histoires, leurs habitudes, on échange des sourires, une poignée de main, on prend un café.
Comme d'habitude il ne voulait pas venir avec nous - même pas après 40 min de négociation.
J'ai par ailleurs dû prendre mon courage à 2 mains pour ausculter la jambe de cette femme enceinte, le contexte étant absolument différent de ce dont j'ai eu l'habitude (pas de médecin, patient migrant après un voyage traumatisant et visiblement difficile physiquement, dans la difficulté pour se nourrir ou tenir au chaud son enfant...)
Ils connaissent tous le monde, les personnalités, les habitudes de chacun, et c'est assez rassurant de savoir qu'il existe au moins un service pour s'occuper d'eux car ils en ont besoin...
Tout d'abord j'ai trouvé que la double écoute au 115, était une bonne mise en condition pour la garde à suivre, qui permettait de se familiariser avec les modes de fonctionnement et les habitudes du samu social (de plus j'ai eu la chance d'être avec une écoutante qui prenait du temps pour m'expliquer plus en détail l'histoire de chaque appelant, et toutes les alternatives possibles à leur proposer à chaque fois).
La plupart sont déjà connu des équipes qui savent alors où les trouver et connaissent leurs habitudes.
Il passera la nuit dans le même foyer qu'à l'habitude et demain il retournera dans la rue comme tous les jours depuis des années.