Elle me semble indispensable, aussi bien en tant que citoyen qu'en tant que futur médecin, pour découvrir ce monde souvent ignoré et connaître les différentes aides et structures qui existent afin de savoir orienter les personnes qui en ont besoin.
Nous avons reçu un signalement pour une femme d’une quarantaine d’années afin de l'accompagner jusqu'à un centre d’hébergement pour la nuit unique.
Ils n'avaient jamais entendu parler du samu social ou du 115 afin de demander de l'aide, ils ne connaissaient donc ni endroit où se se nourrir régulièrement ni où se doucher.
Copie du mail envoyé à samusocial.upmc@gmail.com le 29/03/2011 Bonjour, Je vous écris afin de vous narrer ce qui m'a marqué au cours de ma garde au samu social de paris.
J'imaginais également qu'il y aurait une coopération entre le Samu Social et l'AP-HP, ce qui n'est pas le cas, même pour emprunter une douche afin de faire une toilette...
Je me suis retrouvé dans un camion un peu spécial puisque celui-ci effectuait ce que l'on appelle la maraude pur, c'est à dire que notre objectif était de parcourir toutes les rues non explorées d'un arrondissement (le 19ème en l’occurrence) afin de rechercher des SDF (ou usagers comme on les nomme au SAMU social).
Devant ces mots très durs, il m'apparait donc indispensable que des discussions soient organisés afin de réaffirmer l'engagement du corps médical pour assurer la meilleure prise en charge à tout individu ayant besoin de soins et ce sans discrimination, socio-économique ou autre.
J'ai vraiment apprécié cette garde au SAMU social, par le fait que les personnes qui y sont sont volontaires, accueillantes, dynamiques et donnent une partie de leur personne afin de conserver la dignité et procurer de l'aide aux plus démunis.
Du point de vue de la réalité à laquelle on est confrontée (et qui m'était auparavant très abstraite), elle est dure, parfois désespérante, mais il me paraît maintenant évident qu'un futur médecin tout particulièrement doive en prendre conscience, ne serait-ce pour mieux appréhender la réalité de tant de patients des hôpitaux afin de mieux les accompagner.
J'ai apprécié l'accueil par la coordinatrice qui m'a donné des documents à lire afin de connaître le SAMU social avant de démarrer la double écoute.
On n'a pas le même regard en étant avec l'équipe du SAMU social et je pense que tout soignant devrait participer à une maraude au moins une fois dans leur vie afin de pouvoir adapter leurs pratiques et changer leurs a priori.
Après 10 minutes, nous lui avons demandé de se remettre debout afin de l'amener dans le camion, mais il n'a pu faire plus d'un pas avant de reperdre connaissance.
Le second point est que la maraude a essentiellement été constitué de voyages destinés au transport de personnes connus du service et ayant appelés le 115 afin de les emmener dans les différents foyers de logement et qu'il n'y a pas réellement eu de démarche de l'équipe d'aller à la rencontre de personnes isolées dans la rue, ce qui était à quoi je m'attendais ( la réalité est aussi que nous n'avons croisé qu'une seule personne dans cette situation dans les arrondissements attribués à mon équipe).
Premier contact en tant que "membre" du samu social, et disparaissent au même instant tous mes préjugés afin de mieux profiter de cette expérience.
Je trouvais qu'il avait beaucoup de courage, d'essayer de vivre dignement et de continuer ses études malgré son statut de sans papier lui interdisant de prendre un emploi afin de s'intégrer véritablement dans notre société.
J'ai donc vu la recherche d'hébergement ponctuel pour la nuit pour ces personnes mais l'équipe m'a informé que l'objectif n'était pas de les rendre dépendant d'eux mais de les aider à se réinsérer avec la présence de ces travailleurs sociaux sur les sites d'hébergement en journée, afin de leur permettre de retrouver une vie plus confortable mais ce n'était pas toujours facile.
Il venait de se fait virer du squat où il logeait et souhaitait trouver un logement pour continuer de s"entretenir" afin de finir sa formation à Carrefour où on lui avait promis un cdd.
Cela m'a donné envie de me renseigner davantage sur les modalités nécessaires afin de faire des consultations de médecine générale dans les centres d'hébergement d'urgence pour mon exercice médical futur.
J'ai assisté à ce deuxième entretien, dans lequel l'usager nous a expliqué qu'il était venu clandestinement en France pour trouver du travail afin de renvoyer de l'argent à sa mère malade en Côte d'Ivoire.
Dédier une équipe pour ramener les pris en charge vers les centres d'hébergement de façon plus groupées permettraient aux autres équipes d'aller à la rencontre des personnes dont l'exclusion est telle qu'elle ne leur permet plus de formuler une demande, afin de créer un lien, proposer un café, une soupe.
Afin de refaire ses papiers, elle s'est rendue à l'ambassade qui l'a renvoyée vers un commissariat de police pour qu'elle déclare ses papiers perdus.
Pour ce qui est de la maraude, je trouve qu'il était important d'établir un contact proche auprès de ces usagers de la rue afin de tenter de leur trouver un refuge pour au moins un nuit, leur permettre de prendre une douche, de boire, de manger, et même si certains refusaient malgré toutes nos tentatives pour les convaincre de monter dans le camion avec nous pour être emmené dans un meilleur endroit pour eux, il restait tout de même possible de leur proposer des chaussettes, un café, une soupe, ce qui reste une aide très appréciable.
L'écoutante le met en attente et va voir son responsable : une place en hébergement stabilisé est disponible à la Boulangerie, c'est-à-dire une place sans limite de durée ou presque, afin de permettre à des personnes comme ce monsieur de se concentrer sur une recherche d'emploi et de logement.
Par une chaude nuit d'été, je me rend à Ivry-sur-Seine afin de faire ma garde au SAMU Social de Paris.
Nous avons entamé de longues négociations pour essayer de la convaincre et de la persuader de venir dans le camion avec nous, afin de lui trouver une place en foyer pour la nuit, et pour l'éloigner de l'homme.