J'ai quand même eu l'impression d'un quotidien assez répétitif au près des SDF, meme si on leur fait du bien sur le moment (tous nous ont remercié après nos discussions avec eux), ce n'est que bref et il faut recommencer le travail chaque jour...
Il résulte quand même une frustration à la fin de cette garde : tant de gens à s'occuper et des moyens toujours insuffisants, un public parfois difficile à approcher, un sentiment d'impuissance.
P.S : les chefs de stage sont perplexes quand à la réalité de ces gardes, ils pensent que ce n'est qu'une excuse pour sécher mais bon j'avais quand même prévenu en avance.
Ceci est un peu cru certes mais cela représente quand même bien le questionnement des équipes qui ont conscience de ne pas sauver le monde et qui se posent parfois des questions quant à l'intérêt réel de leurs efforts.
Bref, je pense que je n'ai pas eu de la chance avec ma garde, mais je trouve quand même que l'équipe ne m'a pas bien pris en charge.
Ca a été finalement une agréable surprise de voir que les aides mises en place pour eux sont quand même assez nombreuses, mais j'ai été très surprise par le fait que la plupart des personnes rencontrées pendant ma garde ont refusé toute forme d'aide, pour un hébergement pour la nuit mais aussi pour une soupe ou un sac de couchage!
Je trouve que la répartition du temps des "activités" de la garde est bien : 2h de double écoute puis le reste du temps avec l'équipe mobile car je pense que c'est plus intéressant de voir réellement sur le terrain les actions du samu social (mais qu'il faut quand même garder un peu de double écoute !).
Le 115 téléphonique ne m'a pas vraiment plus, on se croirait gestionnaire d'un hôtel, les gens appelaient pour savoir si on allait leur trouver un lit, je trouve ce point là, assez "bouche-trou", car oui on leur trouvait parfois des lits pour une soirée, mais on ne réglait quand même pas le problème de la précarité sociale, ni de la réinsertion sociale.
Une personne a quand même eu la gentillesse de me prendre en double écoute.
J'ai été étonnée du manque de moyens dans les centres, je me souviendrais d'un soin infirmier d'une plaie du pied, avec un infirmier consciencieux qui ne pouvait malheureusement pas faire un soin de la qualité qu'il aurait voulu : manque de matériel, manque de temps, mais quand même le sentiment d'avoir été utiles, en attendant le médecin qui passait le lendemain matin.
Le seul moment gênant a été quand j'ai sorti mon smartphone pour lui montrer une photo, et qu'elle a dit " ah oui c'est pratique c'est trucs quand même..."
Malgrés cet episode, ça réchauffe quand même le cœur de pouvoir apporter une soupe ou donner une clope à un SDF, de partager et de lui donner le sourire rien qu'en arrivant vers lui, malheureusement je n'ai pas pu trop profiter de cela car lors de ma nuit 2 camionnettes de maraudage étaient bloquées (panne, situation difficile) et l'on a du se transformer en maraude de signalement, ce qui correspond à faire la navette.
Au total, une expérience très agréable, et très enrichissante, que je ne peux que conseiller cette garde aux autres étudiants (dont je pourrais quand même comprendre qu'ils ne l'apprécient pas autant que moi s'ils n'ont pas les mêmes appétences).
On se sent pendant cette nuit à la fois terriblement impuissant et quand même extrêmement utile dans certains cas (pas moi qui était juste là en observatrice mais l'équipe en génral).
L'infirmière ne m'a rien dit mais a survolé mon regard lorsque j'ai insisté auprès d'elle de leur donner quand même à manger. Même si ce n'est pas un refus de manger, c'est quand même un refus de quelque chose et il faut en tenir compte.
L'un d'eux a dit une phrase qui m'a marquée : "il faudrait quand même pas que les personnes dont le travail est d'aider les gens dans la précarité se retrouvent eux même en situation précaire", ce qui me semblent important, parce qu'en les écoutant, en effet, ils ne donnaient pas l'impression de disposer d'avantages sociaux importants, même si je ne connais pas du tout la réalité de leur métier.
Malgré tout, nous avons quand même été rendre visite à des "habitués", qui refusent systématiquement de venir en centre.
- double écoute sur les appels des familles +++ Je tiens quand même à signaler, que c'est inadmissible de ne pas raccompagner les étudiants qui n'habitent pas dans paris et de les laisser dans Ivry à 5h du matin sans transport dans une zone déserte !
J'ai quand même eu la chance de pouvoir discuter avec deux sdf à l'arrière du camion le temps d'aller à Montrouge, et ils disent des choses intéressantes (leur vision de la médecine, leur vie avant, leur vie de famille), et d'assister à leur bilan (médical et social).
Malgré cela nous avons quand même pu aller à la rencontre d'une dizaine de personnes tout au long de la nuit, bien que la moitié seulement n'aient souhaité aller dans des centres pour la nuit : le fait de ne pas pouvoir aider ces derniers au-delà d'une soupe ou d'une couverture, était d'ailleurs assez "dur", surtout pour ceux qui semblaient malades.
Ce n'est qu'une question de matériel mais quand même, je tenais à le préciser.
Nous avons aussi rencontré un homme qui avait un studio mais qui faisait quand même la manche sous la pluie.
Le regard c'est autre chose que les mots quand même, sutout quand on en a peu, celui de cette jeune femme forcée- faute de place en halte de nuit -de s'exposer une nuit de plus aux prédateurs de cette jungle de nuit, je ne l'oublierai pas de sitôt je crois.
Il faut bien se reposer pour réviser l'urgence réanimation de Jeudi quand même !