Le hasard de la randomisation a fait que la majorité des appels concernait des usagers de moins de 20 ans, ce qui résonne toujours en nous quand on est étudiant d'une vingtaine d'années également.
La double écoute concernait la plupart du temps des demandes d'hébergement ou des informations sur les points d'alimentation.
Je pense que cette garde au samu social est une très bonne chose et qu'il est regrettable que seuls les étudiants de Paris VI soient concernés.
Un bémol tout de même, qui n'a rien à voir avec l'intérêt immédiat que représente la garde, c'est le sentiment d'impuissance et de culpabilité que l'on peut ressentir à l'égard des familles auquelles nous sommes confrontés notamment lorsque des enfants sont concernés.
Ces arguments étaient notamment qu'un jeune de 19 ans n'avait pas sa place au SAMU social surtout s'il avait un travail car le SAMU social concernait en priorité les "grands cassés" c'est à dire les personnes plus âgées et sans travail.
Je pense que tout citoyen est concerné.
La double écoute des appels du 115 m'ont particulièrement marqué, car la plupart concernaient des familles entières.
En ce qui concerne la structure en elle même, j'ai trouvé que la double écoute est bizarrement pensée, avec des personnes en attente qui n'obtiennent pas d'hébergement alors qu'elles patientent depuis une heure juste parce qu'elles ont une minute d'avance sur le verdict des places disponibles dans les différents sites d'hébergement.
En ce qui concerne la garde en elle-même, j'en garderai un souvenir fort et ému.
Passants comme usagers peuvent appeler le 115, la première partie de la nuit, les signalements concernaient plus particulièrement les appels de passants inquiets pour certains SDF (certaines personnes y pretent attention, j'ai trouvé cela touchant ...), la seconde partie de la nuit consistait plus à un "ramassage" des usagers ayant obtenu les faveurs du 115.
Enfin, l'action du SAMU social, même si elle est admirable, ne concerne que la très grande urgence, et on peut se sentir impuissant devant ces gens que l'on aide pour un instant seulement (quand ils acceptent d'être aidés), et que l'on ne revoit souvent pas ; on aurait envie d'agir bien en amont, sur tous ces facteurs et toutes ces situations qui les ont conduit à se retrouver dans la rue !
Au niveau de la double écoute, j'ai été surprise par une écoute qui concernait une femme enceinte de 8 mois qui demandait un logement pour la nuit et qui a été refusé faute de place et parce qu'elle avait un visa touristique ce qui ne semblait pas du domaine de compétence du 115.
Ce qui m'a marqué en premier lieu c'est de voir à quelle point le SAMU Social est une machine bien rodée, que ce soit en ce qui concerne le suivi des personnes connues du service ou celles qui entament un premier contact avec l'organisation.
Notre premier appel par exemple concernait un monsieur ayant des plaies surinfectées des pieds l'empêchant de marcher et pour lesquelles il avait consultées plusieurs jours auparavant aux urgences.
Les autres cas rencontrés concernaient des familles de Roms qui mendiaient jusque minuit-1h avant de retourner dans leur caravane bien au chaud, et même s'il est triste de voir des enfants exploités de la sorte, là encore, l'intéret de l'échange est incertain - barrière de la langue, barrière de culture, ils ne comprennent pas pourquoi on veut les aider parce qu'ils ne sont pas vraiment dans le besoin; nous avons aussi vu des sans abris type "punks à chien", et dont le chien avait mordu quelqu'un quelques jours plus tôt ... tenu négligemment par sa propriétaire, trop occupée à fumer son cannabis pour se soucier de la sécurité - dans leur cas, les échanges concernaient des demandes d'hébergement d'urgence; peu d'échanges et de discussion donc centrées sur la personne, sur son histoire, etc.
En ce qui concerne la maraude, la aussi j'ai été surprise.
Cette nuit-là, j'ai rencontré de nombreuses personnes dans le besoin avec des profils assez différents, et cela m'a permis de voir que l'activité du SAMU Social ne concernait pas seulement les sans domicile fixe.
En effet, sa mission première est le secours aux "usagers" dans le besoin immédiat et récent (je retiens à ce sujet le cas d'une employée de maison en situation irrégulière retrouvée en pleurs dans la rue, qui venait de se faire jeter dehors par son employeur), et je ne sais toujours pas quel avis adopter en ce qui concerne le soutien aux "sédentaires" de la rue.
Cela consiste à identifier l'usager, évaluer sa situation et tenter de répondre à sa demande qu'elle concerne l 'hébergement, la nourriture, la santé.
J’ai trouvé ce livret très instructif notamment en ce qui concerne notre présentation et notre attitude lors de la maraude.
En ce qui concerne la maraude, je trouve et ça reste mon avis que devant les moyens importants mis en place ce système manque cruellement d'efficacité.
M.G, vient d'un pays quelque part en Europe, il avait de grosses responsabilité dans son pays en ce qui concerne la lutte contre la corruption et le crime au niveau institutionnel, ses actions l'ont obligé à fuir précipitamment à bord de sa voiture, voiture poursuivie par une autre voiture avec des intentions beaucoup moins louables, toujours est-il que la course poursuite associé à des coups de feu ont fatalement évolué vers le carambolage.
L'évennement qui m'a le plus marqué concernait un Monsieur SDF de 36 ans en plein épisode dépressif aigue.
Ceci ne concerne donc pas seulement l'équipe du SAMU social, mais la goutte d'eau qui fait déborder le vase l'a, pour ma part, peut-être fait déborder pendant cette nuit de garde.