Le monde des sans-abri est vraiment un autre monde, que dans la vie de tous les jours nous évitons presque tous, alors qu'il fait partie de la réalité. J'ai souvent été choquée par l'indifférence voire le mépris des gens dans la rue ou dans le métro lorsqu'un sans-abri leur adresse la parole. […] J'ai bien aimé cette nuit au samu social car l'équipe avec qui j'étais considérait vraiment les sans-abri comme des personnes égales aux autres sans sentiment de pitié, simplement là pour les aider, tout en étant conscient de leur situation, en essayant de les tirer vers le haut.
Au fond, quelques nuits isolées par mois dans un foyer d'hébergement, c'est plus pour se donner bonne conscience que réellement utile pour aider les sans-abri... […] Globalement cette garde était assez intéressante, et donne une vision plus concrète de ce que propose le samu social et le 115, on appréhende différemment les sans-abri.
Il faut savoir sur moi que je n'ai (presque) pas de relations ni d'expérience avec les milieux précaires, et que en temps normal je ne pense pas particulièrement aux personnes sans-abri, même si, en temps que parisienne, je suis amenée à en croiser tous les jours. […] Il m'a longuement parlé, car nous étions tous les deux à l'arrière du camion, le temps du trajet, de sa vie: marquée de violence, de séjours en prison, de démêlés divers avec la police ou d'autres sans-abri; essentiellement tragique. […] La travailleuse sociale, l'infirmière, le sans-abri et moi-même sommes rentrés dans une pièce pour discuter avec lui, de faire le point sur sa situation. […] Les agressions sexuelles, sujet tabou dans la société, le sont encore plus lorsqu'elles touchent les hommes, les personnes âgées, et les sans-abri. […] , mais je ne fais que rapporter ce que j'ai ressenti, face à cette misère et cette très grande fragilité qui touche les sans-abri dans Paris.
La maraude est un moment privilégié de contact avec les personnes sans-abri, m'ayant permis de mieux comprendre comment les aborder et les aider.
Il est réconfortant de se rendre compte qu'il existe des personnes fondamentalement bien attentionnées, qui font les choses sans rien attendre en retour, connaissent un petit détail, une petite anecdote, sur chaque sans-abri, et s'inquiètent quand elles ne le trouvent pas à l'endroit habituel.
Je fus particulièrement sensible au lien que les travailleurs du SAMU SOCIAL s'évertuaient à préserver vis-à-vis des personnes sans-abri au cours de leurs missions.
J’ai ainsi eu l’opportunité de discuter longuement avec un sans-abri d’origine portugaise qui a accepté de partager son histoire avec moi.
La mission samu social tourne autour de l'hébergement des personnes sans-abri, que ce soit au téléphone au 115 ou dans le camion en signalement ou maraude.
Plusieurs échanges avec des sans-abri ont été vraiment poignants, même si on ne sait pas toujours quoi dire.
J'ai admiré l'humanité de l'infirmier du 115 qui aidait à nettoyer un sans-abri paraplégique.
J'ai pu découvrir une perspective différente de celle des médecins hospitaliers lorsqu'il a fallu convaincre un sans-abri de se laisser conduire aux urgences (pour des ulcères infectés des jambes), parce qu'il redoutait le jugement et les préjugés du personnel hospitalier, alors même que ses lésions le menaçaient d'amputation.
Ce qui m'a tout de suite frappé, c'est l'extrême gentillesse des gens dans la rue : les riverains et commerçants que l'on rencontre sur le terrain et qui ont signalé, certains sans-abri qui nous abordent et discutent comme si on se connaissait depuis longtemps, d'autres équipes de maraude faisant parti d'autres associations qui viennent aider comme nous... […] Puis un sans-abri est venu nous voir (un habitué, déjà bien connu), il nous a tous serré la main et a commencé à discuter, un bras au-dessus de mon épaule et l'autre sur celle de l'infirmière du camion !!
Le seul point négatif (si on peut considérer que c'en est un), c'est que je me sens toujours aussi impuissante face à la détresse des personnes sans-abri, ne sachant pas comment les faire sortir de ce cercle vicieux.
Ca m'a fait pensé que ça peut arriver à tout le monde, et que les sans-abri ne sont pas forcément juste des personnes qui n'ont rien fait dans leur vie.
Même si je n'avais pas fait grand chose pendant cette garde étant donné qu'on a reçu pas mal d'appels pour des personnes qui au final n'étaient plus présentes lorsqu'on arrivait ou alors ne voulaient pas d'une place en refuge malgré le grand froid ; cette garde m'a malgré tout permis de comprendre un peu mieux la psychologie des personnes sans-abri qui préfèrent bien souvent rester dans la rue, un environnement qui leur est familier, plutôt que d'accepter d'être pris en charge par le SAMU social et les assistant(e)s social(e)s.
Dans la vie courante il y a comme une barrière entre nous et les sans-abri.
On se rend compte de l'isolement des personnes et de la difficulté pour eux d'être pris en charge sur le plan santé, que ce soit par la précarité financière, ou par l'isolement lui-même qui fait que certains sans-abri qui pourraient accéder à des soins refusent.
J'ai pu assister au témoignage poignant d'un sans-abri, sur sa vie dans la rue, les difficultés administratives de la réinsertion sociale, la solidarité des gens de son quartier et sur le ressenti de sa situation.
Pour ma part, j'avais de nombreux a priori sur les sans-abri, mais cette nuit m'a permis de découvrir que pour la plupart, ce sont des personnes fort sympathiques, très généreuses malgré leur manque de ressources.
Certains sans-abri sont très accueillants et complices avec l'équipe.
Une discussion de 10 minutes et un café sont parfois les seules choses qu'on peut apporter à une personne sans-abri qui refuse un hébergement pour une nuit et c'est ici que se situe, je pense, le principal intérêt de cette garde.