La suite de la nuit s'est très bien passée, nous avons rencontré des personnes totalement différentes de par leur âge, leur situation précaire, leur addiction.
La plupart n'étaient pas agressifs alors que j'imaginais qu'ils le seraient plus même si une fois je ne me suis pas sentie totalement en sécurité avec un groupe de 6 sdf qui étaient tous ivres mais on sent que les équipes ont l'habitude et font tout pour que tout se passe bien.
J'ai eu l'occasion de côtoyer des personnes qui vivent dans une grande précarité, certaines s'accrochant au lien social, ayant encore des projets et d'autres totalement isolées, n'ayant plus la force ou l'envie de communiquer.
Ce sont des gens qui croient totalement en ce qu'ils font, qui ne baissent pas les bras devant les difficultés qui paraissent immenses (manque de place, devoir dire à des gens en détresse sociale extrême qu'ils devront dormir dehors ce soir...) pour un observateur extérieur non aguerri...
Nous avons eu affaire à des personnes totalement différentes, qui n'hésitent pas non plus de leur côté à engager des discussions enrichissantes, et ces personnes là nous racontaient parfois que leur vie était bien plus pleine de surprises, de voyages qu'il n'y parait.
Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre, et c'est un univers totalement nouveau que j'ai découvert aussi bien dans le quotidien des SDF que dans l'aide qu'apporte le Samu Social.
Je suis arrivé vers 18h au standard du Samu où j'ai passé 2h environ en double écoute avec un standardiste, j'ai donc pu découvrir quelques-unes des situations fréquemment rencontrées (clochard "habitué" cherchant un centre d'accueil pour la nuit, femme avec jeune enfant se retrouvant à la rue soudainement et totalement désemparée qui trouveront finalement un hébergement en hôtel, appel de riverain pour apporter de l'aide un SDF qu'il a croisé), j'ai aussi pu découvrir l'organisation du standard, avec 2 "superviseurs" gérant les places disponibles dans les centres et hôtels.
L'équipe composé d'un chauffeur, assistance sociale et IDE sont tous les 3 totalement complémentaires.
Le système est totalement déséquilibré entre les innombrables demandes et le peu d'offre disponible.
Je tiens à remercier Alice (la TS), Mickaël (l'IDE) et Manu (le chauffeur), pour leur accueil ce soir là, dans l'EMA 1, ils m'ont traitée avec beaucoup de gentillesse, je me suis sentie la bienvenue et totalement intégrée, pas mise l'écart du fait de mon statut d'observatrice et de mon manque d'expérience.
Le tableau de la vie parisienne la nuit était assez particulier vu du camion,entre les fêtards totalement ivres qui déambulent dans les rues,les bobo qui sirotent un dernier verre en terrasse et les sdf qui essayent de commencer leur nuit,on peut voir que les plus à blâmer ne sont pas ceux qu'on peut penser au premier abord.
En effet, pour probablement beaucoup d'entre nous, c'est une expérience totalement nouvelle et nous pouvons nous poser la question de certains risques.
Et cet homme, qui avait tendance à rejeter l'aide que l'écoutante essayait de lui apporter au téléphone, a totalement changé de discours lorsque nous sommes allés le voir en personne.
D'autant plus que l'attribution des places est soumise à des critères totalement subjectifs dépendant de l'interlocuteur.
En effet sa prothèse lui cisaillait totalement la peau de la cuisse, qui était à vif sur une longueur de 10cm, et commençait à se nécroser autours.
Elle était totalement perdue à l’idée de prendre le métro seule, avec son enfant et ses trente six milles valises même après lui avoir écrit le trajet.
Vouloir aider chacun de façon totalement égalitaire c'est un beau projet, mais il faut se rendre à l'évidence que tel que ce système est fait il n'aide personne.
(personnes âgées/malades en priorité sur base DECLARATIVE) Il suffit que la personne qui appelle soit au courant de cela et le tout est totalement biaisé.
Avant cette garde, j'ignorais totalement l'existence de cette structure!
C'est en pleurant qu'il nous raconte son quotidien, celui d'un sans papier, totalement isolé socialement, tantôt exploité sur un chantier au noir, tantôt exposé à la rue et à sa violence.