J'ai pu constater pendant cette garde que la plupart de ces préjugés sont faux.

Nous avons d'abord dû le convaincre de venir avec nous, puis nous lui avons donné une douche et constaté l'ampleur des dégâts, nous avons panser ses blessures puis donné à manger et nous lui avons trouvé une place dans un service spécial prodiguant des soins.

Concernant le travail en tant que tel, et même si je respecte la bonne volonté et la dévotion de ces personnes (qui ne sont pas bénévole cela dit) et que je conçois bien qu'ils font tout ce qu'ils peuvent, force est de constater que leur travail n'est pas plus efficace, au final, que celui des Danaïdes.

Pour d'autres femmes on constate que les pères les abandonnent quand elles tombent enceinte car le couple est trop précaire pour assumer un enfant, mais les femmes n'ont pas le choix et se retrouvent dans une précarité encore pire.

Cela permet aussi de constater que beaucoup de sdf sont français , qu'ils sont jeunes et qu'ils ne sont pas responsables de leur condition ( peu de toxico, beaucoup de tristes histoires de vie ). On constate aussi qu'il existe énormément de structures sociales adaptées à chaque situation.

C'est assez effrayant car force est de constater que ces gens que nous accueillons et hébergeons ne s'intégreront probablement jamais dans notre société..

J'ai constaté que la plupart des gens sont des habitués et donc connus des travailleurs sociaux et des infirmiers et qu'ils aiment vraiment parler avec eux, ils font des blagues ,rient, disent quand ca ne vas pas ou au contraire quand ca va.

Il y a eu beaucoup de rencontres, toutes aussi chaleureuses les unes que les autres, et j'ai pu constater que la misère et la solitude n'épargnent personne : homme, femme, jeune, âgé, français ou étranger, tous sont égaux dans cette condition, et fort heureusement tous sont égaux quand on leur vient en aide.

J'ai été frappée de constater que même lorsqu'on s'occupe des plus démunis, il y a toutes sortes de critères à remplir pour avoir droit à une place au chaud pour la nuit.

J'ai aussi constaté la difficulté que les écoutants éprouvent face aux usagers ne parlant pas français ou très peu.

J'ai été agréablement surprise de voir que leur action ne s'arrêtait pas seulement à distribuer de la soupe et des couvertures aux personnes dans le besoin mais de constater qu'il y avait un véritable suivi et une complicité qui s'instaurait entre les équipes de maraude et les habitués du 115.

Khadija, l'infirmière et moi même la voyons ; nous constatons rapidement que son malaise n'est pas physique mais mental : elle veut se confier.

Malheureusement, le plus difficile aura été de constater que l'on est limité, par manque de personnel, par manque de moyens, par manque de places dans les centres.

J'ai aussi constaté que les démarches à faire pour se sortir de la rue ne sont pas si faciles et que ce n'est pas forcément juste un choix ou un abandon de vie mais surtout une accumulation de difficultés et un engrenage assez rapide.

Il est troublant de constater qu’elles ne sont pas prioritaires sur les hommes.

J'ai aussi constaté que, malgré la prévalence des problèmes psychiatriques, beaucoup de SDF ou des personnes précaires ne semblent pas en mauvaise santé physique ou psychique et "n'ont pas l'air" en difficulté au premier abord.

J'ai assisté à une discussion entre Mr Virgile, a la rue depuis un certain temps déjà, et l'équipe du samu social et ai pu constater leur travail en dehors de 'ramasser les SDF et les amener dans des centres' : conseiller les personnes, les orienter, leur remonter le moral, s'informer de leur état de santé; etc...

C’était « drole » de constater que leurs maîtres tenaient à prouver à chaque fois qu’ils avaient bien leurs vaccins et leurs papiers de chez le vétérinaire.

Surprise de constater les temps d'attente astronomiques au téléphone, les difficultés de communication avec des appelants régulièrement étrangers, l'agressivité face à la réponse négative d'hébergement et la diversité des appels.

Que la tradition veuille que l'externe fasse en toute occasion un gâteau, je le constate.