Les personnes travaillant au samu social m'ont impressionné par leur gentillesse et leur patience: ils essayent parfois pendant plusieurs dizaines de minute de convaincre un SDF d'aller à l’hôpital s'il y a quelque chose qui ne va pas ou d'aller dans un centre d’hébergement pour qu'il puisse manger, se doucher et dormir au chaud.
Quant aux "nouveaux" on s'assure qu'à leur arrivée dans les centres d'hébergement tous les moyens soient mis en oeuvre pour que leurs besoins spécifiques soient pris en compte, allant même jusqu'au recours à des interprètes disponibles 24h/24.
Il faisait froid dehors, pas glacial mais assez pour que je tombe malade.
Et m'a aussi fait encore un peu plus comprendre le long chemin qu'il reste à parcourir pour que chacun ait le droit à une vie digne.
Les études de médecine demandent un investissement bien trop important pour que je puisse m'engager avec eux, mais si il en avait été autrement je n'aurais pas hésité à réitérer l'expérience.
Sa décision est prise, nous lui donnons une soupe et un café pour qu'il puisse se réchauffer, et nous discutons avec lui quelques instants.
Même si un plan a été mis en route pour qu'aucune famille, ni femme, ni enfant ne dorment à la rue, la maraude m'a montré qu'il ne suffit pas d'ouvrir de nouvelles places d'hébèrgement pour régler le problème.
Alors qu'ils regroupaient leurs affaires pour qu'on les emmène en foyer il a fallu leur dire qu'ils passeraient la nuit dans la rue parce qu'il n'y avait plus place nulle part.
Un lit hospitalier a pu être fourni a Mme X pour qu'elle puisse se reposer en sécurité et avoir un repas chaud.
Alors qu'il faisait la manche et que personne ne lui prêtait attention, une petite fille de 5 ans environ à dit à son papa "Papa regarde, le monsieur il doit avoir froid", son père ne réagissant pas, elle à tendu au jeune son écharpe rose qui l'a remerciée mais lui a dit qu'il ne pouvait pas l'accepter qu'il fallait qu'elle la garde pour qu'elle n'attrape pas froid.
Mais les personnes sans abri sont un peu éloignées de ces considérations, ainsi que du fonctionnement complexe de l'attribution des places par le 115, et j'ai senti l'équipe se heurter à la frustration des personnes que nous emmenions pour une nuit, sans avoir de réponse satisfaisante ou même réconfortante à des questions très simples : "pourquoi dois-je rappeler tous les jours pour qu'on me renvoie au même endroit chaque nuit?
Avant de venir à ma garde et au début de la double écoute du 115, on m'avait prévenu que les demandes d'hébergement étaient trop nombreuses comparé au nombre de places disponibles ; que certains SDF appelaient tous les jours mais qu'on ne leur accordait une place qu'au-delà d'un certain nombre de nuits passées dehors, pour que "ça tourne" et que ça ne soit pas toujours les mêmes qui dorment en hébergement.
Et en gros, nous avons papoté toute la soirée, rejoints par certains SDF qui montaient dans le camion pour que nous les amenions vers l'endroit où dormir et qui discutaient avec nous.
Toujours est-il qu'il ne parle pas français et nous devons faire appel à un traducteur pour qu'il puisse nous communiquer son histoire.
Tout ça pour que certaines d'entre elles répondent plus que sèchement aux gens qu'elles ont au téléphone.
Une femme d'une trentaine d'années venant d'Algérie a appelé pour que nous l'aidions à trouver un logement, car son précédent hôte a mis fin à l'hébergement de sa famille constituée d'elle-même, son mari et leur enfant de 9 mois.
Tout est mis en oeuvre pour que ce soit à leur disposition, et que les usagers fassent leur choix, librement.
Vous qui attachez tant d'importance aux résultats qui seront les nôtres à ce concours, qui modifiez les programmes pour qu'il y en ait toujours plus à apprendre, qui savez combien vous nous condamnez à consacrer 100 % de notre temps à nos études, comment n'êtes-vous pas choqué par cette perte de temps-ci ?
L'infirmière de l'EMA négocie, se bat pour que ce jeune homme ne se retrouve pas pour sa première nuit en foyer dans un gymnase bondé avec des habitués qui y font la loi et pourtant il ne semble pas y avoir de place ailleurs.