Je crois que ça a achevé de me convaincre qu'on avait encore beaucoup de travail à faire en tant qie "pays fes droits de l'homme".
Je pense qu'il ne faudrait pas seulement évoquer la situation de ces personnes dans les médias en hiver mais plus souvent durant l'année car il y a moins de financement en été qu'en hiver pour débloquer des hébergements du coup l'hiver n'est pas forcément la période la plus difficile pour ces personnes là comme nous pourrions le croire.
Je crois que cette soirée m'a poussée à me rappeler les raisons de mon choix de métier, mais également les moyens que je pourrai avoir dans le futur pour soutenir les gens moins favorisés que moi.
J'ai donc cru comprendre que le SAMU social amène seulement les SDF aux foyers (qui est déjà pas mal, mais quand même très restreint par rapport à ce à quoi je m'attendais).
Pour la partie maraude : dès le début on sent que l'image des étudiants en médecine n'est pas toujours très bonne, je pense que certains de mes co-externes ont laissé un mauvais souvenir à l'équipe, je crois principalement par manque d'intérêt, ou condescendance vis à vis des intervenants.
Elle ne contribue pas à améliorer notre préparation à l'ECN certes mais elle enrichit formidablement et je le crois durablement notre expérience humaine.
On pourrait facilement croire que certains sans-abris le sont par choix, par besoin de liberté, de non-volonté de travailler, et que lorsque l’on veut s’en sortir, on s’en sort ; la réalité s’avère tout autre, la grande majorité des usagers que nous avons vu cette nuit ont perdu leur travail, ont par la même été délaissés par leurs familles, ont perdu leur logement, et ont essayé sans succès de retrouver du travail.
Ils tenaient a prouver qu’ils s’occupaient bien de leurs chiens et je crois que c’est vrai, ils avaient l’air en bonne forme.
ils étaient tellement contents ils ne semblaient pas y croire et j'étais contente pour eux.
Mais, après qu'il ait rangé ses billets, il commence librement à nous raconter un agression sexuelle qu'il a subie le jour même, en termes très crus.
Le regard c'est autre chose que les mots quand même, sutout quand on en a peu, celui de cette jeune femme forcée- faute de place en halte de nuit -de s'exposer une nuit de plus aux prédateurs de cette jungle de nuit, je ne l'oublierai pas de sitôt je crois.
Je crois que je n'ai jamais été aussi fier de mon pays.
Je crois que cette scène est celle qui m'a le plus affectée au cours de la nuit.
J'aurais pu essayer de croire à un jeu d'acteur mais malheureusement il ne jouait pas.
Arrives là-bas, le centre Romain Rolland, surnommé RR ou la Rolls Roys du 115, je découvre un centre très acceuillant avec des gens calmes et detendus, de la convivialité, on se croirait presque dans un centre UCPA!
Même s'ils ne croient pas en ce dernier, ils ont lié le leur avec une telle intensité que je m'imagine que ces deux histoires individuelles sont indéliables dans le temps.
Après cette dernière semaine, une des plus froides de l'année, marquant l'entrée dans l'hiver cette année où les saisons ne se reconnaissent même plus, où quelques pensées à ceux qui tentent de survivre dans ce froid dans les rues de Paris, après ces regards souvent timides, parfois honteux de ne rien donner, parfois coupables malgré un petit geste, tournés vers ces personnes qui vivent dans la rue, ceux que l'on croit si différents de "nous", comme si une frontière nous séparait, ceux "en marge" de la société?
Elle se posa sur le matelas, et tout en nous parlant, elle commença à manger toutes sortes de produits dont le mélange ne nous parut pas très sain : des filets de poulet crus trempés dans de la moutarde, des olives dans un bocal à la propreté plus que douteuse, des chips, bonbons, et pop-corn, le tout mélangé ensemble à même le trottoir et ses affaires plus que sales.
Cette frontière est difficile à trouver je crois pour nous aussi, futurs médecins. […] Cette frustration se manifeste différemment mais je crois qu'elle est bien la source de la fatigue des équipes (j'apprends durant la garde que le turn over au sein du samu social est très important et que les gens restent rarement plus de 6 mois), de la résignation souvent ou de la colère parfois des usagers.