Cette nuit nous avons été confrontés à un cas qui a beaucoup touché l'ensemble de l'équipe : 2 jeunes femmes ont appelé le 115 pour signaler un homme à priori sans abris, complètement perdu.
De plus, elle ne peut comprendre toutes les démarches à conduire et devient complètement dépendante de l'aide des autres, et dans son cas a une chance limitée d'avoir des papiers.
Cette nuit a été extrêmement enrichissante, à la fois parce que l'accueil est excellent (bien organisé, et les équipes sont très sympathiques), et parce que cette nuit permet de donner une vision complètement différentes des usagers du Samu Social.
J'ai également été étonné que certains SDF refusaient complètement de voir le samu social pendant que d'autres attendent notre venue avec impatience.
En vivant à Paris, on est complètement habitués à voir des SDF mendier dans le metro, dans les rues, aux terrasses de café, donc ces personnes font très vite parties du "paysage" à Paris.
Puis dès qu'ils se mettent a aborder la journée qu'elle a passé à l'hôpital et sa rencontre avec le psychiatre, elle se braque complètement, refuse de répondre aux questions de l'équipe qui lui demande des explications sur ce qui s'est passé.
Même si ce temps de double écoute est trop court, il permet d'avoir un aperçu direct des difficultés rencontrées "sur le terrain" au quotidien et de la détresse des personnes dans le besoin; complètement différent de ce dont on peut voir à l'hôpital où on ne se concentre que sur la maladie ou la plainte mais pas sur les conditions de vie dans sa globalité.
Au total une très bonne expérience, très enrichissante, complètement nécessaire et logique du point de vue de nos études.
Ensuite, les SDF qui interpellaient le camion de la rue pour avoir un café ou une soupe, étaient complètement ignoré, accompagné par une remarque 'on est quand même par leur chien'.
- ça été très enrichissant pour moi, même si je m'en doutais, le profil type du sdf n'est pas du tout celui qui est véhiculé dans l'esprit commun : "alcoolique&incurique", bien au contraire cette nuit là j'ai pu rencontré des gens au profil complètement différent, du jeune homme fier qui refuse de parler à sa famille de son problème d'hébergement, à l'habitué de la maison qui "utilise" le samu social comme le taxi le ramenant à son hébergement de nuit, en passant par le refus de contact, le partage d'un café...
Certes sur le plan humain, et social c'était intéressant de découvrir le travail du samu social (qui m'était complètement inconnu), cette notion d'urgence qui n'est pas la même qu'au sens médical du terme, mais au niveau médical justement, je n'ai pas vu tant de choses que ça...
- plus objectivement le rôle d'observateur est complètement dépassé pour des personnes qui sont externes depuis 2 ans déjà : > d'une part parce qu'observer sans pouvoir mettre en pratique est rarement productif surtout au cours d'une expérience si fugace (sur ce point il aurait donc été plus intéressant de laisser l'externe établir le contact avec des usagers connus réputés n'étant pas des cas délicats) ; > d'autre part compte tenu que nous interagissons depuis 2 ans avec des patients dans le cadre des stages, nous avons déjà côtoyé des patients en situations précaires ou d'abord délicat.
Nous restions auprès des personnes à la rue le temps d'une discussion autour d'un café chaud, d'écouter leurs doléances ou leurs anecdotes, et le plus impressionnant pour moi fut de constater que jamais ces personnes ne faisaient de demande faramineuse ou impossible, ni ne nous mettaient dans des positions inconfortables, au contraire : leurs demandes étaient toujours complètement réalistes, des chaussettes du café une couverture etc, comme s'ils avaient entièrement accepté leurs situations difficiles à la rue, certains même refusaient les places dans les centres d'hébergement d'urgence.
A l'hôpital, on peut soigner des SDF, mais si l'on a pas vu comment sont leurs conditions, je pense que l'on se créé une perception complètement fictive de la rue et des ces personnes, qui n'est pas forcément la réalité.
Les séjours de rupture sont des séjours qu'on fait faire à des personnes socialement en difficulté (sortie de prison, famille d'accueil) dans une culture complètement différente de la leur.