Le parallèle d'ailleurs peut être largement fait avec l'hôpital où l'on doit s'efforcer de ne pas seulement soigner des pathologies mais des malades (ce qui n'est pas toujours évident en pratique).
J'ai eu envie de faire dix ans d'études (et de sacrifier tout ce que je possède) pour soigner les personnes de manière scientifique.
Et sur sa difficulté à pouvoir se soigner correctement: en effet, même si il avait accès à ses traitements, comment pouvoir les prendre correctement alors qu'il ne pouvait pas manger à sa fin et régulièrement tous les jours ?
Il ne nous faut jamais oublier pourquoi nous faisons notre profession, pour soigner tout être humain peut importe ses qualités physiques, mentales, sociales, ni son mode de vie.
Le découragement pour faire les démarches sociales, pour se soigner, reprendre contact avec leurs proches...
Une histoire, durant cette double écoute, m’a réellement marqué : une femme venant de Mayotte pour faire soigner son fils de 32 ans, épileptique avec un réel retard mental nous a appelé.
Il s'agit d'une jeune guinéenne de 29 ans qui est venue en France pour se faire soigner d'un cancer du sein à un stade avancé (d'après le bref examen clinique que j'ai pu faire).
On l'a finalement retrouvé sur son banc, on l'a amené au centre ou l'infirmière lui a soigné sa plaie, et j'ose espérer qu'il a au final pu récupérer sa nouvelle prothèse.
D'ailleurs cela m'a vraiment donné envie d'être plus à l'écoute, quand je suis confrontée à soigner une personne sans domicile fixe à l'hôpital...
Cette garde m'a vraiment beaucoup apaisée sur le plan des relations humaines et du rapport aidant/aidé pour ne pas dire soignant/soigné, qui parfois ne me satisfait pas à l'hôpital où les patients ne disposent pas de leur santé mais la remettent entre les mains des soignants ; c'est tout l'inverse qui s'est produit au Samu Social.
Il me semble qu'on a réussi à le convaincre d'aller à l'hôpital lundi, pour se procurer des gouttes, pour soigner sa conjonctivite.
A l'hôpital, on peut soigner des SDF, mais si l'on a pas vu comment sont leurs conditions, je pense que l'on se créé une perception complètement fictive de la rue et des ces personnes, qui n'est pas forcément la réalité.
L'habitante qui l'avait signalé ne comprenait pas que le Samu Social ne puisse pas le forcer à se soigner ou à aller à l'hôpital.
Ensuite, une expérience plus sympa, on a croisé un habitué pas comme les autres: très bien soigné, peigné, très sympa et très bavard!