Maurice est un jeune homme à la rue depuis trois ans.
Une autre histoire m'a aussi beaucoup touchée , c'était un jeune homme de 22 ans , à la rue , sorti d'un foyer de province ,qui tous les soirs se battait pour avoir une place dans le centre d'hébergement Romain Rolland .
J'ai pu rencontrer des personnes de tous âges, majoritairement des hommes, français ou étrangers (ce qui parfois ne facilite pas la compréhension), la plupart ont eu des places en centre pour la nuit mais nous avons du refuser des places à deux jeunes hommes, de mon âge environ.
Un jeune homme s'est approché, et m'a tendu la main pour se présenter.
- ça été très enrichissant pour moi, même si je m'en doutais, le profil type du sdf n'est pas du tout celui qui est véhiculé dans l'esprit commun : "alcoolique&incurique", bien au contraire cette nuit là j'ai pu rencontré des gens au profil complètement différent, du jeune homme fier qui refuse de parler à sa famille de son problème d'hébergement, à l'habitué de la maison qui "utilise" le samu social comme le taxi le ramenant à son hébergement de nuit, en passant par le refus de contact, le partage d'un café...
D'autres réactions sont possibles : Par exemple pendant ma nuit, deux jeunes hommes connus du 115 nous on accosté de manière vive, "voulant" a manger, fouillant dans le camion...
La petite fierté que j'ai eu, c'est d'avoir amener un jeune homme de 25 ans qui ne souhaitait pas de notre aide et disait ne plus avoir confiance dans le 115 à prendre un café avec nous, puis une soupe, puis un bolino, et de fil en aiguille nous l'avons amener à nous accompagner jusqu'à un centre d'hébergement où il a pu dormir au chaud, alors que l'on s'apprêtait à céder à son refus et reprendre la route.
-L’événement qui m'a marqué cette nuit là : un jeune homme de 30 ans, qu'on a trouvé au niveau de la place du Panthéon, habillait d'une simple veste en cuir, sans bonnet, sans gants, ni écharpe.
Pour ne citer que quelques exemples de ce que m'a apporté cette expérience de confrontation à la réalité et d'interaction directe avec des personnes vivant dans la rue, je mentionnerais les points suivants : 1) l'impact émotionnel fort et marquant à long terme (en écoutant un jeune homme "tombé à la rue depuis très peu de jours" me raconter son histoire, sa situation, son désarroi à faire la manche pour la première fois, son épuisement à n'avoir trouvé le sommeil nulle part depuis 4 jours, etc...j'ai été profondément touchée, pour ne pas dire bouleversée, et j'ai le sentiment qu'un souvenir marquant comme celui-là, avec la charge émotionnelle qui y est associée, gardera longtemps -toujours ?
Comment ne pas me reconnaître chez ce jeune homme qui me parle de l'enchaînement des drâmes de sa vie auparavant banale l'ayant mené à l'errance, comment ne pas souffrir dans les yeux de cette femme malade, abandonnée de tous ses proches pour avoir quitté son mari ou de cette autre qui, lasse de son horizon si vide de changements, dit économiser pour en finir chez les helvètes.
Nous étions initialement partis sur un signalement par un tiers près de l'Hopital Saint Louis, à propos d'un jeune homme installé en bas de son immeuble.
Notre TS réussit à faire rire une roumaine, avec son roumain approximatif, notre infirmière engage la conversation avec un inventeur italien, on rencontre un jeune homme qui s'est retrouvé à la rue suite à un interdit bancaire.
On a pu ramener en hébergement 4 hommes sans abris, un homme âgé suivi à Saint Anne avec un syndrome cardinal postérieur qui avait donc des difficultés à marcher, deux frères très alcoolisés mais très chaleureux, et un jeune homme de 22 ans avec des antécédents psychiatriques sous curatelle, très touchant, qui avait l'air très fatigué et déprimé.
- un jeune homme de 18 ans, qui a fui le Darfour devant les combats qui ont fauché 3 de ses frères. […] L'infirmière de l'EMA négocie, se bat pour que ce jeune homme ne se retrouve pas pour sa première nuit en foyer dans un gymnase bondé avec des habitués qui y font la loi et pourtant il ne semble pas y avoir de place ailleurs.