Après la double écoute je suis montée dans le camion avec une équipe formidable, Frank qui est toujours de bonne humeur, Cécile qui a la main sur le coeur et Sara qui écoute inlassablement et patiemment le récit des plus démunis.
Malgrés cet episode, ça réchauffe quand même le cœur de pouvoir apporter une soupe ou donner une clope à un SDF, de partager et de lui donner le sourire rien qu'en arrivant vers lui, malheureusement je n'ai pas pu trop profiter de cela car lors de ma nuit 2 camionnettes de maraudage étaient bloquées (panne, situation difficile) et l'on a du se transformer en maraude de signalement, ce qui correspond à faire la navette.
le fait d'entendre cette discussion m'a fait réalisé que des gens souffrent vraiment au coeur de Paris...
Un signalement m'a particulièrement marquée : il s'agissait d'un SDF aveugle, connu du chauffeur depuis des années, que l'on a trouvé assis par terre et que l'on a ramené dans sa chambre d'hôtel (si l'on peut appeler ça un hôtel vue l'insalubrité des locaux, bien qu'étant situé en plein coeur de Paris).
Le plus incroyable et quelque part la seule chose qui m'ait rassurée dans cette nuit, c'est cette impression que le Samu Social, et d'autres comme la Croix Rouge, les Restaus du Coeur etc...
De courts instants où les belles valeurs réchauffent les coeurs, malgré le froid cette nuit là. […] Mais ces intentions apportées, une soupe chaude pour réchauffer le corps, une présence, une écoute attentive, un échange de paroles, un sourire, une poignée de main pour réchauffer le coeur, sont si précieux.
Je pense que ce qui m'a le plus touché est le fait qu'elle soit une fille de mon âge, j'espère de tout mon coeur qu'elle parviendra bientôt à une solution ...
Ce fût mon dernier appel avant de partir dans le camion pour la maraude, et franchement ça m'a redonné du baume au coeur.
J'ai compris par exemple que les gens ne meurent pas de faim à paris, car il existe de nombreux moyens d'obtenir de la nourriture gratuite (restos du coeur) ou bon marché, mais plutot de froid ou de problèmes d'ordre médicaux.
Merci aux gens, le coeur sur la main, qui circulent la nuit pour apporter un iota de confort à ceux qui attendent en sursis la fin de la nuit, pendant que nous rêvons au chaud.
Ils les connaissent, les appellent par leur prénom et leur donnent un peu de baume au coeur en leur tenant compagnie quelques minutes et en leur proposant une boisson chaude.
On est restés pas loin d'une heure et demi à parler, et on sentait qu'il avait beaucoup de choses sur le coeur mais que jusqu'à présent il n'avait trouvé personne à qui les dire.
En montant les marches jusqu'à chez moi, le temps m’apparaît comme suspendu et mon coeur tangue encore de ce que j’ai vu et ressenti.
Tous ont leur place dans le centre et nous devons dire non, à contre coeur, à plusieurs personnes, qui dès que le camion reste trop longtemps à un endroit, affluent pour savoir s'il est possible de venir.