Des gens appellent pour la première fois et sont déboussolés, mais certains appellent tous les jours dans l'espoir d'obtenir une place en foyer, pour dormir à l'abri...
.), la seconde partie de la nuit consistait plus à un "ramassage" des usagers ayant obtenu les faveurs du 115.
La plupart des usagers qui appellent pour obtenir une place dans un centre sont en effet éconduits, le nombre de place étant insuffisant.
Je n'avais pas autant conscience que chaque journée est pour ces personnes un combat, avec de longues heures d'attente au bout du fil, pour obtenir un abri le soir.
Lors des doubles appels, j'ai pu me rendre compte que les "critères" pour obtenir une des places (peu nombreuses) pour un hébergement pour la nuit sont : appeler aux alentours de 19h, ou être malade, ou se faire ramasser par un camion avant 23h.
Nous avons mauraudé dans des lieux qui m'étaient familiers, dans le 13ème arrondissement, aussi ai-je été surprise de voir nombre d'entre eux se manifester à l'approche du camion, héler les travailleurs sociaux, infirmiers et chauffeurs comme de bons amis et entretenir une conversation, obtenir un peu de réconfort en étant considérés comme des personnes normales et non pas comme faisant partie du décor de Paris.
Ils sont prévenus qu'il s'agit seulement d'une nuit de repos et qu'il est rare de l' obtenir (pire que la PACES 1/16 place sur tout le 75, homme et femme confondus ).
En commençant par la double écoute, ça a rapidement confirmé l'idée que j'avais que si beaucoup de gens appellent au samu social, peu de gens obtiennent une place.
J'ai compris par exemple que les gens ne meurent pas de faim à paris, car il existe de nombreux moyens d'obtenir de la nourriture gratuite (restos du coeur) ou bon marché, mais plutot de froid ou de problèmes d'ordre médicaux.
Nous avons aussi amener 5 SDF au centre d'hébergement de Romain Rolland, dont 4 qui se sont présentés tous les 4 ensemble, on leur a alors dit que pour avoir plus de chances d'avoir un hébergement pour la nuit il ne valait mieux pas qu'ils se présentent tous en même temps (car c'est rare d'avoir 4 places d'un coup et si par exemple on n'en a que 2 on ne leur dira pas et on leur donnera une réponse négative pour l'hébergement car sinon cela risquerait de créer des tensions si seulement 2 sur les 4 obtenaient une place par exemple) mais finalement par chance ils ont eu une place tous les 4!
Je me suis également rendu compte que toutes les démarches administratives sont affreusement compliquées, longues, fastidieuses et bien des personnes abandonnent avant d'avoir pu obtenir une once de réponse...
J'ai également pu entendre le rire des habitués du 115 qui sont à la rue depuis 10 ans et appellent chaque soir en se présentant par leur surnom connu des employés pour obtenir une place dans un centre pour la nuit.
On repart pour un peu de maraude après une pause assez tardive, de nouvelles rencontres marquantes, de ceux qui font signes au camion pour obtenir un café ou un sac de couchage à ceux qui ne veulent pas être dérangés ou encore certains qui veulent simplement discuter un petit peu.