Une fois repartis, nous avons aidé dans les rues plusieurs personnes sans abri en leur distribuant de la soupe, de l'eau, parfois un duvet.
C'est pour ça que je ne me sens pas capable de faire ce qu'ils font, je ne pense pas que je surmonterais cette impression de donner des coups d'épée dans l'eau.
Durant la nuit, les signalements nous conduisent à des SDF connus des équipes ou inconnus, qui ne veulent pas forcement aller dans un logement pour la nuit mais qui se contente parfois d'un simple café chaud, d'une bouteille d'eau, d'une cigarette, ou d'une discussion.
Je n'ai croisé personne, pas vraiment ; juste des inconnus qui n'ont plus de fonctions dans la société sinon celui de la figuration mendiante, tel ce mobilier urbain que vous et moi n'utilisons plus ; une cabine téléphonique, une fontaine dont l'eau, gelée, ne coule plus depuis les mois d'été.
Et lorsque l'on parvient à hisser la tête hors de l'eau pendant quelques semaines, quelques mois, l'équilibre est si précaire qu'il s'en faut de peu pour replonger.
Il accepte notre aide tous les soirs : une soupe, un café et deux sucres, comme il aime, et une bouteille d'eau.
Mais non, les places en foyer sont rares, et parfois, ou plutôt souvent, il n'y a que de maigres consolations : une soupe, des chaussettes, de l'eau...
Nous les appelons par leur prénom, ou leur nom, nous leur serrons la main sans artifice et leur offrons une place dans un foyer ou peut-être juste un bol de soupe, une bouteille d'eau ou un café chaud.
J’ai aussi réalisé que si dans la majorité des cas le 115 était bien accueilli par les sans abris, dans certains cas aucun dialogue n’était possible (on nous a ainsi jeté de l’eau alors que nous cherchions à parler avec quelqu’un, mais d’après ce que m’a dit le reste de l’équipe de l’EMA il y avait bien pire qui pouvait arriver).
A notre arrivée, nous leur avons distribué quelques bouteilles d’eau et quelques denrées comestibles pour leur permettre de tenir jusqu’au centre hébergement.
On demande souvent de l’eau ou du café (ah, ils ne sont pas tous alcooliques alors ?)
Ils essayèrent de se battre, il lui prit ses affaires, et les envoya voler dans le caniveau, étalant ainsi tout ce qu'elle possédait sur le trottoir, la terre, l'eau, et l'urine.
Ceci ne concerne donc pas seulement l'équipe du SAMU social, mais la goutte d'eau qui fait déborder le vase l'a, pour ma part, peut-être fait déborder pendant cette nuit de garde.