Cette garde m'a permis de découvrir les centres d'hébergements de Paris (certains : Montrouge, la Boulangerie), de participer à une maraude, d'entrer en contact avec les SDFs, j'ai également assisté à un entretien entre une assistante sociale et un SDF.
Elle m'a ensuite confié qu'elle a tout fait pour leur trouver une place dans le centre d'hébergement de La Boulangerie, hangar de 300 personnes abîmées par la rue, pour qu'ils comprennent que la rue n'est pas une blague.
"La boulangerie" est un immense refuge assez impressionnant avec plus de 400 hommes réunis !
Aller à la boulangerie n'est pas vraiment ce qui va les sortir de la galère cette nuit, mais ils sont heureux de partager un café, une soupe, une petite conversation et les scores du match Paris-Marseille de cette nuit là.
Et je parle de places acceptables car plus tard dans le camion l'IDE m'a dit "la Boulangerie c'est très dur, si c'est pour un jeune par exemple qui n'est pas dans la rue depuis longtemps, je l'enverrai pas là bas, il serait TRAUMATISÉ, pareil pour un vieux, il se ferait tout voler et il saurait pas se défendre".
A part dans certains endroits comme la "Boulangerie" dans le 18ème, véritable usine de 400 places en dortoir, ou par honte, les responsables ont mis un service de sécurité à l'entrée pour faire régner l'ordre et accessoirement ne pas laisser rentrer les travailleurs du Samu Social histoire de cacher l'horreur qui règne dedans.
En discutant avec mon écoutante, j’ai appris que nous étions passés de 1 femme pour 9 hommes à 1 femme pour 4 hommes dans la rue, et que les centres ne s’étaient pas adaptés, certains sont mixtes mais une grande majorité sont réservés aux hommes comme la Boulangerie ou la Mie de Pain.
Nous avons accompagné des hommes de différentes catégories d'âge à deux centres différents : Montrouge et la Boulangerie, j'ai pu assister à plusieurs évaluations sociales et infirmières: chacun avait une histoire, un espoir ...
Un centre vraiment clean, le plus accueillant apparemment et effectivement, ils nous racontent sur le chemin du retour et durant la pause, des histoires atroces à propos des autres centres, la boulangerie, la Péniche et on comprend alors que toutes les nuits ne sont pas aussi calmes.
C'est ainsi que certains SDF refusent une possible place dans la fameuse Boulangerie, et préfèrent dormir dans la rue.
Ne serait-il pas possible, surtout dans les centres comme l'affreuse « Boulangerie » où il reste manifestement des places libres tous les soirs, de changer le système, d'avancer ces horaires ?
La boulangerie, la mie de pain...