(2013) Ticket_1728
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(2013) Ticket_1728

Cette nuit avec le Samu social me semble être une expérience très intéressante, et enrichissante. On découvre les autres facettes de Paris, le monde des sans-abris, sa dureté. Deux choses m'ont frappé au cours de cette garde : - d'une part la similitude entre les histoires des gens qui se retrouvent à la rue. Toujours de façon brutale, alors que "tout allait bien avant", qu'ils avaient un métier, un logement, une vie normale.. Au-delà de ces récits quasiment identiques, j'ai remarqué l'extraordinaire difficulté pour "s'en sortir". Je garde l'impression angoissante que revenir à une "vie normale" après avoir vécu dans la rue est presque utopique (ce qui est clairement confirmé par les équipes du samu quand on en discute avec elles...) - d'autre part, le travail de la maraude, qui me laisse une sensation amère de "coups d'épée dans l'eau". En effet, ce sont des personnes engagées, fortes dans leurs convictions, pour un travail très altruiste et désintéressé. Cependant, ils insistent tous sur le fait qu'il s'agit de proposer des logements d'urgence, voire de commencer les démarches sociales qui pourraient par la suite favoriser la prise en charge des usagers. C'est donc un travail inlassable, sans objectif à long terme (ou très peu), avec une marge de manœuvre limitée à quelques heures (on ne réveille pas quelqu'un qui dort dans la rue après minuit. Pour un départ du centre vers 21h, il y a donc seulement 3h où l'équipe peut œuvrer). Et tout recommence chaque soir, sans stabilité, sans évolution... Pour ajouter un commentaire quant au déroulement de la garde, je trouve que la double-écoute puis la première partie de la nuit suffisent. A 2 jours des partiels, j'étais contente d'être rentrée tôt chez moi (avant le retour au centre pour dîner), j'ai beaucoup plus apprécié ma garde et j'en garde un bien meilleur souvenir que si j'avais dû marauder toute la nuit (surtout au vu de ce que je dis juste au-dessus, ce sentiment d'impuissance, de non-construction réelle), et l'idée d'en refaire une à distance des examens ne me rebute pas.