(2014) Ticket_1426
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(2014) Ticket_1426

Il n'y a pas de places et pas d'argent. Ça m'a particulièrement frappé quand à 19h15 les trois seules places proposées par le principal centre d'accueil (même s'il y en a eu d'autres plus tard) ont été pourvues en 15 secondes. Et je parle de places acceptables car plus tard dans le camion l'IDE m'a dit "la Boulangerie c'est très dur, si c'est pour un jeune par exemple qui n'est pas dans la rue depuis longtemps, je l'enverrai pas là bas, il serait TRAUMATISÉ, pareil pour un vieux, il se ferait tout voler et il saurait pas se défendre". Une autre chose m'a fait réfléchir : des représentants syndicaux sont passé au debrief de 20h pour présenter leur action, et ont débattu un peu avec les employés. L'un d'eux a dit une phrase qui m'a marquée : "il faudrait quand même pas que les personnes dont le travail est d'aider les gens dans la précarité se retrouvent eux même en situation précaire", ce qui me semblent important, parce qu'en les écoutant, en effet, ils ne donnaient pas l'impression de disposer d'avantages sociaux importants, même si je ne connais pas du tout la réalité de leur métier. Durant la maraude, un des usagers s'est gentiment moqué du samu social en disant que le duvet qu'on lui avait donné la semaine passée ne protégeait pas du tout du froid. Donc si je devais faire un bilan : pas de moyens. Et à un niveau auquel je ne m'attendais pas, en fait c'est sans doute ce qui m'a le plus surpris. En effet, le refus de certains usagers à recevoir de l'aide, parfois leur méfiance, je m'y attendais, et je me doutais bien que le samu social était limité et ne pouvais pas apporter énormément d'aide, mais pas à ce point. Au total une très bonne expérience, très enrichissante, complètement nécessaire et logique du point de vue de nos études. Pour moi cette garde doit être maintenue dans les années à venir, autant pour la double écoute que pour la maraude, et je me considère chanceuse d'avoir rencontré la totalité des personnes que j'ai vu pendant la garde.