Je suis arrivée à 17h57 à l'adresse indiquée : 59, rue Ledru Rollin. Une fois montée au 1er étage, j'ai réussi à trouver le coordinateur, M. F sans trop chercher. Il m'a donné un livret qui expliquait le déroulement de la nuit, puis m'a présenté à Mlle. M, avec laquelle j'ai fait 2h de double-écoute. On a eu plusieurs personnes au téléphone, qui appelées pour avoir un hébergement. La plupart des "interlocuteurs" étaient connus, c'est-à-dire qu'ils avaient déjà été hébergés dans la semaine précédente. On a reçu les places pour les hébergements que vers 19h15, heure à laquelle la plupart des interlocuteurs re-appellent pour avoir un abris. 20h: changement de salle : briefing sur ce qu'il s'est passé la nuit précédente et répartition des arrondissements entre membres de l'équipe. Notre équipe, avec F,L et G, était supposé marauder le 14e et le 5e arrondissements. 21h : départ des "troupes", avec dans chaque "camion": 1 conducteur, 1 assistante sociale et 1 IDE, ainsi que des provisions comme eau chaude (pour faire soupe, café, thé), des bouteilles d'eau, des couvertures et vêtements. Ainsi, on a commencé la fameuse maraude. J'ai appris que le terme "maraude" signifiait faire toutes les rues des arrondissements indiqués à la recherche de personnes sur la rue. -L’événement qui m'a marqué cette nuit là : un jeune homme de 30 ans, qu'on a trouvé au niveau de la place du Panthéon, habillait d'une simple veste en cuir, sans bonnet, sans gants, ni écharpe. Il nous a dit qu'il était dans la rue depuis 3 semaines. Au début, il nous faisait pas confiance, mais suite aux présentations et la persistance de l’équipe pour le convaincre qu'on était pas membres de la police, lui a permis de s'ouvrir à nous. Après environ 25 minutes, l’équipe a réussit de le persuader de faire des efforts pour sortir de cette situation, aller à la recherche d'aide (assistances sociales dans sa mairie) et reprendre sa vie en main. Je dirai qu'ils lui ont donné du courage de sortir de son isolement et d'aller en avant. -Par ailleurs, la plupart des personnes qu'on a rencontré dormaient et ne voulaient pas être réveillées. Du coup, on a couvert celles sans couvertures ou vêtements chauds. -Ensuite, on est tombé sur un sans abri très connu par l'équipe, qui était en possession d'un ordinateur et cela m'a fait un peu sourire, car il y a des personnes qui lui ont donné cette ordinateur inclus avec des films. Il y a donc encore de l'espoir pour l'humanité. Le ressenti global de cette aventure est que toutes les équipes du samu social, font un travail magnifique pour ces gens sans hébergement. Et je trouve cela dommage que parfois on ne les considère pas plus.
(2015)
Ticket_1321