J'ai adoré cette garde. Plusieurs fois dans la nuit on m'a proposé de me ramener chez moi si j'étais fatiguée mais je suis restée jusqu'à 04h30. J'ai trouvé ça passionnant de rentrer en contact avec des gens qu'on croise au quotidien mais qu'on "fuit" plus ou moins puisqu'ils nous confrontent à l'idée de misère, qui nous met parfois mal à l'aise. J'ai découvert beaucoup d'amour, j'ai appris qu'on pouvait tisser des liens forts avec des gens alors qu'ils croisent qu'un bref moment nos vies. Je trouve cette garde très intéressante, à la fois en tant que soignant (car parfois difficile de communiquer avec des gens d'autres milieux sociaux, surtout des gens en grande précarité) mais aussi en tant que personne propre. Apprendre à aller au delà des clichés, des stéréotypes, que les gens ne doivent pas être enfermés dans des cases... Les personnes qui m'encadraient n'avaient parfois pas de bonnes relations avec les médecins des urgences. Ils m'expliquaient que de quelques fois ils avaient été jetés des urgences (alors que l'infirmier du samu social avait jugé nécessaire d'emmener une personne à l'hôpital) sous prétexte que "les urgences n'étaient pas une solution d’hébergement". Je pense dorénavant qu'il est nécessaire de maintenir un dialogue pour parvenir à une prise en charge adéquate, en passant au delà des stéréotypes et que n'importe quel soignant (medical, paramedical) devrait faire cette garde pour avoir cette prise de conscience.
(2017)
Ticket_786