(2015) Ticket_1177
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(2015) Ticket_1177

Pendant la double-écoute en première partie de soirée j'ai été frappé par le peu de places d'hébergement face au nombre d'appels. J'ai aussi constaté la difficulté que les écoutants éprouvent face aux usagers ne parlant pas français ou très peu. Dans ces conditions tenir un dossier pour traiter leur demande dans les meilleures conditions peut être un réel défi et demander patience et abnégation. En seconde partie de nuit dans le camion j'ai pu m'entretenir librement avec le chauffeur et le travailleur social, notre équipe ne comportant pas d'infirmier. Le chauffeur qui était un "ancien" du samu social (6 ans d'ancienneté) a pu me décrire les évolutions de son travail au fur et à mesure des années. Aujourd'hui les maraudes ont une place de plus en plus limitée dans l'exercice, le nombre de véhicules diminue, l'"urgence" comme ils l'appellent est progressivement remplacée par de la "stabilisation" où on propose plusieurs nuits d'hébergements pour une même personne alors que le "un pour un" (une personne, une nuit) était de rigueur dans le passé, ce qui laisse moins de places d'hébergements pour un usager qui serait recueilli par une maraude. C'est avec une certaine amertume que ce chauffeur me confiait que l'exercice avait changé et qu'il ne se reconnaissait plus tellement dans l'exercice d'aujourd'hui. Le profil des usagers change également ainsi que le nombre de familles à la rue qui augmente et qu'une maraude ne peut pas prendre en charge. Je ne sais trop qu'en penser, après tout je n'ai découvert qu'une facette du samu social, l'écoute et la maraude mais il y aura encore des gens dans la rue, des (plus ou moins grands) isolés à qui le contact d'une maraude peut faire du bien et il serait dommage de voir cette activité s'essouffler.