Cette nuit avec le 115 m’a vraiment permis d’ouvrir les yeux concernant la situation des sans abris aujourd’hui dans Paris et d’apprendre ce qui est fait pour eux par le SAMU social ainsi que par les autres organisations qui les aident. Dans un premier temps, j’ai assisté aux appels faits au 115, ce qui m’a surtout frappé au départ est le peu de personnel qui faisait l’écoute au moment de mon arrivée (elles étaient six), je pensais qu’il y aurait une équipe d’au moins 30-40 écoutants. Marie, que j’ai suivie lors des doubles appels, m’a expliqué que le système était saturé très rapidement et qu’à partir de ce moment les appels qui se faisait était directement coupé et qu’un grand nombre de personnes devait ainsi rappeler de nombreuses fois et attendre en moyenne une heure pour avoir quelqu’un et que, souvent, ce temps d’attente se finissait par une demande non pourvue. Ensuite, pendant l’écoute, j’ai appris quelle organisation est mise en place afin que les places d’hébergement soient réparties équitablement entre les personnes en ayant besoin. Je ne pensais pas que tous les appels seraient listés par personne pour permettre de garder une trace des demandes d’hébergement. C’était dur d’entendre dire aux sans abris qui téléphonaient qu’il ne pourrait pas être héberger ce soir. Il y a particulièrement une réponse qui était touchante car quand il a été dit à cette femme qu’elle ne pourrait pas être hébergée, elle a simplement dit « d’accord, je comprends, merci. Merci beaucoup Madame» et dans sa voix on pouvait sentir tout le découragement et la fatigue qu’elle ressentait. Dans l’EMA, je participais à la maraude « signalement », nous avons vu beaucoup de personnes qui dormaient à même le sol dans le froid (j’avais quatre épaisseur de vêtement sur moi et pourtant je sentais le froid, alors que je ne pouvais qu’imaginer ce qu’eux pouvaient ressentir) et qui avait appelé ou qui avait été signalé par des gens dans la rue. Nous avons donné de la soupe et des boissons chaudes et parfois des couvertures. Généralement, les demandes d’hébergement n’ont pas pu voir de suite quand il s’agissait de famille mais j’ai pu voir deux entrées dans un centre. L’un des sans abris que nous avons pris dans l’EMA nous a raconté une partie de son histoire, c’était très émouvant car c’est là que l’on comprend que finalement à tout moment notre vie peut basculée, que l'on peut se trouver isolé et finir dans la rue. Ce monsieur avait en plus des problèmes de santé importants donc il lui avait été proposé une consultation avec le médecin d’un centre où il avait pu être hébergé il y a deux nuits de cela, cependant il n’a pas pu voir le médecin à ce moment là. Quant il lui a été à nouveau proposé de voir le médecin cette fois-ci, il a répondu qu’il ne pourrait pas car le lendemain matin il devait être aux funérailles d’un de ses amis de la rue qu’il connaissait depuis 25 ans. J’ai aussi réalisé que si dans la majorité des cas le 115 était bien accueilli par les sans abris, dans certains cas aucun dialogue n’était possible (on nous a ainsi jeté de l’eau alors que nous cherchions à parler avec quelqu’un, mais d’après ce que m’a dit le reste de l’équipe de l’EMA il y avait bien pire qui pouvait arriver). Pour finir je voulais dire que je suis très heureuse d’avoir pu faire cette expérience avec le 115. Malgré le fait que la nuit fut dure, elle m’a montrée que s’il y a des gens dans les rues, il y a aussi des gens qui les viennent les écouter, leur apporter un peu de réconfort et qui font de leur mieux avec les moyens qui sont à leur disposition pour les aider. J’aurais ainsi aussi appris ce qui peut être proposé à ces hommes et ces femmes pour les héberger. Enfin comme mot de fin je voudrais dire un grand merci à l’équipe que j’ai suivie lors ma nuit car ses membres ont vraiment eu la patience de répondre à la moindre interrogation que j'avais. Merci donc à Fred, Lucie et Haffida ! Merci aussi à la très gentille Marie que j’ai suivi lors des doubles appels !
(2015)
Ticket_1154