Que répondre à ça... Ca ne met pas à l'aise du tout.. Ensuite une des 2 infirmières me dit: "J'aime pas les gens avec des lunettes, ca fait intello!". Bon.. Ensuite, j'ai du faire beaucoup d'efforts bien qu'on me mettait à l'écart, c'était assez dur. A la double écoute, on sent aussi une réticence mais j'ai su me faire accepter après quelques échanges. Je comprend que tous les étudiants n'arrivent pas à s'intégrer dans ces équipes.. Ensuite, j'ai posé beaucoup beaucoup de questions, je faisais quand meme des petites blagues, et ça c'est décoincé. Mais c'était pas donné.. Au bout d'une heure de maraude, l'ambiance allait un peu mieux. A propos de l'expérience humaine avec les gens dans le besoin: on voit le monde de la nuit, différent de toutes mes expériences d'humanitaire et de volontariat. J'ai vu une dame compètement transformée, sur une bouche de métro. Elle nous avait été signalée. Il faisait froid, elle avait les gens nues. Elle mangeait sur les plaques de bouche de métros, sans aucun support, 5 ou 6 têtes de moutons.. C'est une réalité extrement dure à voir. Elle nous a juste demandé un café et un sac de couchage, elle n'était pas du tout agressive, mais sympathique. Ca m'a vraiment marqué de voir une femme comme ca.. Je l'ai exprimé à l'équipe, ils étaient aussi étonnés, mais forgés pour ça donc on en a pas beaucoup parlé ensuite. Ensuite, une expérience plus sympa, on a croisé un habitué pas comme les autres: très bien soigné, peigné, très sympa et très bavard! On a parlé 45 minutes avec lui, il était très agréable, et je n'aurai jamais deviné qu'il était dans le besoin si on ne me l'avait pas dit. C'etait agréable de voir quelqu'un "qui se respecte" comme il nous a dit. Ces 2 expériences étaient radicalement différentes. Je pense que c'est très important de vivre cette expérience. On apprend des réactions et des façons de discuter des travailleurs du Samu Social. Ce que j'ai appris concernant le Samu Social: la travailleuse sociale critiquait bien l'association: elle disait que c'etait une solution ponctuelle, qu'elle conseillait le plus les gens à se débrouiller par eux memes parce qu'il ne fallait pas qu'ils espèrent une situation durable avec le Samu Social. Elle poussait les gens à se déplacer par leurs propres moyens pour aller dans les centres d'hébergement, et ne pas être transporté automatiquement en camion. J'ai trouvé très interressant de connaitre son avis et son ressenti sur son métier. J'ai aussi appris que parfois leur rôle est plus simple: si quelqu'un dort, bien couvert, ils regardent juste s'il respire et puis s'en vont. Je ne savais pas ça. C'est interressant de voir qu'ils font ce qu'ils peuvent, qu'ils n'ont pas un rôle de "sauveur" (de toute facon il n'y aurait pas assez de place dans les centres pour tous..). Chaque personne dans le besoin est différente, et le Samu Social s'adapte à chacun. C'est peut etre une "déformation professionnelle", mais je me suis dit qu'on pouvait faire plus: être plus efficace, , regarder plus de rues, chercher plus longtemps les gens signalés. Mais c'est une association , et c'est sans doute cette liberté et cette autonomie qui rend cette association forte. Ils connaissent bien leur métier et il est difficile, donc finalement je pense qu'ils gèrent bien. Voilà, c'était une expérience unique, très importante pour ouvrir les yeux, voir comment les travailleurs du Samu Social gèrent leurs émotions, et ces situations atypiques. Voire cet esprit d'équipe, et les relations qu'ils créés avec des gens qui sont dans le besoin extrême, de facon (apparemment) si facile. On apprend que la simplicité est la clé, que quelques mots suffisent parfois, ou même juste écouter. Un grand bémol sur l'ambiance au début, nous, étudiants en médecine on apprend pleins de choses grâces aux infirmiers, et c'est dommage qu'ils aient cette image très négative de nous, très injustifiée.
(2015)
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