(2016) Ticket_1011
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(2016) Ticket_1011

A mon arrivée, le responsable m'a très aimablement accueillie et m'a présenté son équipe et le fonctionnement du 115 de Paris. J'ai de prime abord été étonnée du nombre de personne employée par le 115 et de ce qu'il sous entendait: la quantité importante de demandes de personnes seules, en couple ou en famille à traiter. J'ai ensuite assisté à une double écoute avec une opératrice diplômée en psychologie. Son rôle était d'essayer de trouver un hébergement pour la nuit pour des appelants sur Paris. Du fait du peu de nombre de place, celle-ci devait juger, suivant la gravité, son impression personnelle de la personne, l'âge et de la nécessité de l'appelant, de l'attribution d'une de ces places ou non. Ce procédé a été très choquant pour moi à voir, car frustrant. Frustrant de voir l'opératrice répondre par la négative à certains. Frustrant de témoigner de son désarroi d'avoir à le faire. Frustrant de savoir que certains, ce soir, faute de places et de moyens, dormirons dehors. Je suis ensuite partie en camion sous la pluie battante en compagnie du conducteur, du travailleur social et de l'IDE. L’ensemble de l'équipe a été accueillante et sympa durant toute cette garde. Je suis admirative de leur dévouement, de leur choix de faire des maraudes alors qu'ils pourraient très bien travailler dans des contextes plus faciles et confortables. Je remarque qu'il n'y a aucun jugement, aucun à priori et plus que tout une vraie envie d'aider ces personnes en difficultés. Un moment mémorable pour moi durant cette maraude: 1. Il est 2:45, il pleut depuis le début de la soirée, et la, sur une bouche d'aération de métro, nous voyons un homme sans couverture, sans protection, sans abri de fortune allonge et trempe jusqu'aux os. Bien qu'endormi, l'équipe décide de le réveiller. IL n'y a plus de place d'hébergement, du coup impossible de le recueillir. Première claque pour moi car frustrant de ne pas pouvoir faire plus. L'équipe repère une porte cochère et organise avec deux couvertures de survie et un duvet un petit coin un peu plus confortable. Nous lui donnons un café et un peu de nourriture. Encore cette impression de ne pas avoir fait assez et la volonté de pouvoir faire plus. Nous le saluons et lui tout sourire, nous remercie chaleureusement de nos brefs et maigres efforts qui ont pour lui valeur inestimables. Deuxième claque: en montant dans le camion, je me met a penser a demain matin et aux personnes qui trouveront devant leur porte un clochard allonge... Je pense à leurs regards et je me dis que c'aurait pu être le mien...