J'ai commencé la garde par la double écoute. Les appels s'enchaînent, il ne faut pas rester trop longtemps au téléphone, mais il faut à la fois écouter, conseiller, donner des solutions... La balance est fine. En grande majorité nous ne pouvons rien faire, le réseau est saturé, plus aucune place, il faut rappeler plus tard mais "sans aucune garanti" evidemment. Je commence à comprendre la complicité des aides proposés. Le système est totalement déséquilibré entre les innombrables demandes et le peu d'offre disponible. C'est donc souvent le désespoir qu'on entend à travers le casque. Nous voilà équipé pour aller sur le terrain, je suis l'IDE comme son ombre, elle me présente le chauffeur et la TS. L'équipe au complet dans le camion, on se dirige vers les premiers signalements. Cette nuit là, on est souvent on arrive trop tard.. La croix rouge, le départ du signalé, ou l'impatience du signaleur. On voit aussi l'intolérance dans la rue, une dame sur ses grands talons aiguilles nous disant que "C'est dégueulasse" ici, à côté de Nicolae, 58 ans, allongé sur son matelas dans l'abris bus avec ses 13 couvertures et sa pneumonie. On voit aussi la chance quand devant un signalement disparu on le retrouve deux rues plus loin.. Et enfin on voit le centre. Le centre, beaucoup plus grand et plus luxueux que ce que j'imaginais, va non seulement accueillir notre géorgien, le nourrir et le loger pour la nuit, mais aussi le faire consulter un médecin dès le lendemain. Fabuleux il va peut être pouvoir être pris en charge pour son trouble de la marche et de l'équilibre. On le met aussi en garde contre les méthodes frauduleuses et très coûteuses pour avoir des papiers régularisés. L'espoir renaît. De très belles choses sont entreprises ici.. dommage qu'elles soient si limitées en nombre. Merci à toute l'équipe pour cette expérience.