Une garde au SAMU SOCIAL au cours des études médicales est aussi nécessaire que les gardes habituelles dans les services ou aux Urgences. J'ai été absolument ravie de cette expérience, en tant que future médecin mais aussi en tant que citadine côtoyant quotidiennement des SDF que je salue ou que j'ignore sans scrupules en rejetant la faute sur mon humeur du jour. Un médecin a pour devoir de guérir toute personne quelque soit sa situation, plusieurs fois j'ai été l'externe d'un patient logeant dans les centres d'hébergement ou la rue. Si c'est un patient comme les autres, il est toutes fois soumis à beaucoup plus de risques infectieux qu'il faut connaître. Cette garde permet de comprendre quels sont ses risques, quelle est sa vision de la médecine . Enfin, j'y ai découvert des postes de médecin que j'ignorais et qui m'intéresseront surement plus tard. Il n'y a pas que le libéral ou l'hospitalier, de nombreux postes de gynécologue ou médecin généraliste sont en demande dans les centres d'hébergement. Un suivi régulier des SDF éviterait les complications et les passages à l'hospitalisation, voire même aux Urgences, où les SDF sont de plus en plus refusés, ce qui est inadmissible. Aucun hôpital, en France du moins, ne devrait se permettre de refuser les SDF à la porte des Urgences. Si je ne devenais pas médecin, j'aurais été aussi ravie de cette nuit. Chaque SDF a son histoire et je ne peux m'empêcher d'imaginer celle de chacun désormais. Cette garde permet de comprendre quelle est sa vision de la vie en générale, ses centres d'intérêt et ses activités quotidiennes, quel est son ressenti par rapport à sa situation et son regard sur les gens qui ne vivent pas dans la rue. Le travail des équipes est remarquable, car ils arrivent à détecter les histoires cachées de chacun au delà de ce que la personne décide de raconter, de déformer ou non. J'ai découvert le panel des profils qu'ils côtoient et comment ils les identifient. Ils connaissent aussi chaque repère d'un quartier et suivent certains SDF depuis des années. Une garde au SAMU SOCIAL, c'est essentiel. Aussi, on devrait d'avantage parler de tous ces postes vacants de médecin dans les centres d'hébergement.
(2012)
Ticket_2088