Ma garde au SAMU SOCIAL a commencée par une mise en double écoute, entre les intervenants du 115 et les personnes appelant. Ce qui m'a d'abord surprise c'est le nombre de personnes en attente, et le temps que chacune d'elle peut attendre avant d'avoir un intervenant en ligne. Pour ensuite, dire a ces personnes ayant attendu souvent plus de 30 min, qu'il faut rappeller dans 15 min par manque de place dans les centres d'hébergement... Mais ces personnes semblent habituées, pouvant appeler des fois jusqu'à 50 fois par jour ! La seconde partie de la garde s'est passée dans le camion, avec une équipe composée d'un chauffeur, d'une éducatrice spécialisée, d'un infirmier et .. d'un téléphone. Ce téléphone permet d'entretenir un lien avec le centre 115, qui nous fait part des signalements faits dans notre terrain de maraude (3 arrondissements par équipe). Lorsqu'il n'y a pas de signalements, le camion fait des rondes jusqu'à trouver des gens dormant dans la rue, seuls, avec des amis, ou en famille. On s'arrête, propose un hébergement pour la nuit, une soupe, des chaussettes, un duvet... Ce qui m'a frappé c'est le refus très fréquent d'aller en centre d'hébergement : Les conditions y sont très difficiles, les gens dorment très proches les uns des autres, il y a des vols quasi systématiquement, des bagarres... Ils nous expliquent qu'il leur est impossible d'y dormir et qu'ils préfèrent souvent rester dans la rue. La pluspart du temps, les SDF sont content de voir arriver la brigade du SAMU SOCIAL, ils savent qu'il vont avoir a manger, et surtout un peu de compagnie le temps de quelques dizaines de minutes... D'autres réactions sont possibles : Par exemple pendant ma nuit, deux jeunes hommes connus du 115 nous on accosté de manière vive, "voulant" a manger, fouillant dans le camion... Mais la situation a été gérée par le chauffeur et l'infirmier, et nous avons pu repartir sans problèmes ! Ce phénomène n'est pas rare selon eux, faisant face parfois a des réactions violentes. Globalement, cette garde fut enrichissante pour moi, elle permet d'ouvrir les yeux sur les conditions de vie extrêmes de nombreuses personnes et familles, et surtout sur l'aide mis en place pour ces gens, encore insuffisante et dans des conditions très difficiles, mais tout de même présente.
(2012)
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