J'ai bien aimé cette garde, et je la trouve très utile. Je n'avais pas vraiment d'idée sur le quotidien, les moyens de se débrouiller et les attentes des sdf et j'attendais de cette garde pas mal de réponses (qui seraient positives). J'ai été "choquée" de me rendre compte que les moyens de s'en sortir existent mais sont très insuffisants. Beaucoup ne peuvent pas toucher le RSA. Le besoin de papiers d'identité, l'instabilité des conditions de vie, l'insécurité, l'alcool, le moral et le manque de places en hébergement forment un cocktail détonnant qui empêche toute possibilité d'amélioration et certaines personnes se retrouvent à appeler le 115 depuis près de 15 ans sans aucun changement de leurs conditions de vie. Lors des doubles appels, j'ai pu me rendre compte que les "critères" pour obtenir une des places (peu nombreuses) pour un hébergement pour la nuit sont : appeler aux alentours de 19h, ou être malade, ou se faire ramasser par un camion avant 23h. De plus, ceux qui ont pu dormir 3 nuits de suite en foyer doivent se préparer à un refus pour faire un roulement dans l'attribution des places. Certes il existe un suivi social, mais qui me parait dérisoire quant aux autres difficultés que peuvent rencontrer les sdf. Au cours de cette nuit, j'ai rencontré une femme SDF qui bien que ivre résumait bien la situation : hôpital ou prison puisqu'il n'y avait plus de places en foyer ! Je suis admirative du dévouement des équipes. J'ai été prise en charge par des personnes très humaines et consiencieuses. Le samu social est chargé d'une mission d'"urgence" qu'il remplit très bien à mon avis et qui est très utile; je trouve que le problème se situe dans la prise en charge en aval, notamment le manque de places en CHRS (foyer longue durée, apparemment le seul moyen de redevenir autonome, d'être abrité et d'espèrer une réinsertion, avec notamment un emploi).
(2012)
Ticket_1984