Pendant la maraude dans le 15ème arrondissement de Paris, nous nous arrêtons près d'une petite place ou nous voyons deux hommes assis sur un banc, qui nous font signe. L'un d'eux était connu du Samu Social il y a quelques années. Nous entamons, la discussion : il n'avait besoin de rien, il profitait simplement de cette soirée du mois d'août, et il était logé depuis plus de quatre ans dans un centre de stabilisation situé à deux pas de là. Nous avons évoqué avec lui son parcours, toutes les années où il était dans la rue, et où il faisait appel au Samu Social pour son hébergement. Il nous a aussi dit qu'il venait de faire une demande pour obtenir un appartement. Il nous disait : "C'est moi qui ai fait cela". Ce n'est pas quelqu'un d'autre qui l'a sorti de la rue, mais lui-même qui s'en est sorti, en s'appuyant sur les béquilles qu'on lui tendait. Quelques larmes ont coulé sur son visage... Des souvenirs difficiles qui refaisaient surface ? La prise de conscience de tout ce qui avait changé dans sa vie ? Je crois qu'il était fier, heureux de nous faire mesurer le chemin parcouru.