Ils supposaient une matière première existant de toute éternité, et dans laquelle les éléments de tous les êtres étaient confondus. Ils appelaient Chaos ce premier état : ils en avaient emprunté l’idée au récit de la création d’après Moïse 5, mais ils l’avaient altérée en supposant la matière éternelle. Au lieu de reconnaître la parole divine séparant et formant, dans l’œuvre des six jours, cette matière créée d’abord confuse et informe, ils croyaient que les premiers éléments et les atomes, après avoir erré longtemps épars dans le vide, avaient fini par s’unir, s’arranger d’eux-mêmes et par produire le bel ordre que nous voyons. […] Il consistait dans de petites figures d’argent, d’ivoire, de bois ou de toute autre matière, qui se plaçaient derrière la porte ou auprès du foyer chez les simples particuliers, dans les vestibules chez les gens riches, et dans un oratoire spécial chez les grands personnages. […] Ulysse fut condamné à errer dix ans sur les mers, avant de regagner sa chère Ithaque, et il eut à subir cette longue suite d’aventures et de périls qui ont fourni à Homère la matière de son Odyssée.
[Frontispice] [Fig. 1] [Page de titre] [Fig. 2] Préface La Mythologie est une matière où l’invention, étant un droit d’aînesse, comme dit La Fontaine, appartient tout entière aux anciens. […] Ces aventures de Philomèle et de Progné ont fourni à La Fontaine la matière d’une de ses plus belles fables, que voici : Autrefois Progné l’hirondelle De ses demeures s’écarta, Et loin des villes s’emporta Dans les bois qu’habitait la triste Philomèle. […] Mais la terre était informe et stérile ; les ténèbres couvraient la face de l’abîme, et l’esprit de Dieu se mouvait sur les eaux. » Sur ce point, les païens sont d’accord avec les traditions bibliques : seulement ils croyaient que la matière était éternelle, et que le chaos n’avait point commencé.