Il se renferme en lui-même pour se livrer tout entier à l’idée dominante qui l’attache et qui l’attriste ; son indifférence pour tout ce qui ne tient pas au souvenir et aux regrets qui l’occupent, lui donne l’air du calme et de l’indolence ; sa sensibilité se décèle par des traits qui lui échappent, mais il n’a jamais le dessein de la montrer : ainsi donc on le peindroit mal, en lui donnant des mouvemens impétueux et un langage passionné, et c’est un défaut qu’on peut reprocher à quelques auteurs modernes. […] Les anciens représentent l’Aurore vêtue d’une robe de couleur safranée, sortant d’un palais de vermeil, montant un char de même métal, tiré par Pégase, parce qu’elle est amie des Muses et des poëtes ; enfin elle est couronnée de fleurs, elle tient de la main gauche un flambeau, et de l’autre elle répand des roses pour marquer que les fleurs, dont la terre se pare, doivent leur fraîcheur à la rosée du matin.