On ne se promenait point sous les ombres du bois sacré qui environnait son urne sans éprouver un respect religieux ; et l’imagination, entraînée par une douce et tendre mélancolie, croyait, au moindre bruit, entendre encore les soupirs d’Orphée, ou revoir l’ombre errante d’Eurydice. […] Ces chroniques, plus poétiques que fidèles, disent qu’il chantait des airs si mélodieux et si tendres, que les ombres, attirées par la douceur de ses chants, quittaient leurs noirs abîmes pour venir se ranger autour de lui. […] Les ombres s’intéressaient à tous les événemens heureux ou malheureux de leurs amis. […] Si le vent faisait résonner les harpes des bardes, c’étaient les ombres qui, par ce tact léger, prédisaient la mort d’un grand personnage. […] On sent combien il paraissait consolant de peupler toute la nature des ombres de ses ancêtres et de ses amis, dont on se croyait sans cesse environné.