. — Comme dans toutes les religions, la théogonie grecque reconnaissait une matière primordiale ; elle lui donna d’abord le nom d’Ophion, puis celui de Chaos. […] Aussitôt après cette mutilation, le sang d’Uranus ayant rejailli sur la terre, il put encore cependant la féconder, et la rendre mère d’Erimys, des Géans et des Mélies ; puis, la matière prolifique qu’elle avait également reçue lui fit mettre au jour Aphrodite. […] Ainsi la vieille Terre, l’antique épouse d’Uranus, c’est-à-dire la matière brute sortie du Chaos, s’appelait Gê ou Titée chez les Grecs, Apie chez les Lydiens, et Eurysternos, ou à large poitrine, puis Tellus ou Terra, chez les Latins. […] Sous cette forme de grande génératrice, la Terre, alors connue sous le nom de Cybèle, n’était plus d’origine crétoise : elle était toute phrygienne, car elle était aussi la divinité par excellence de la Phrygie, dont la théogonie plaçait la matière féminisée ou une déesse à la tête de la création. […] Bientôt la chaleur du soleil excitant la fermentation et la putréfaction de toutes ces matières, il en survint une peste qui ravagea de nouveau la population du pays.