Pauvre Canard, ta chair est fine et molle ; Fidelle Oison, des fureurs des Gaulois Ton cri jadis sauva le Capitole ; Mais humblement vous croissez sous nos toits : Vous n’êtes bon qu’à nourrir des bourgeois. […] disoit-il, reçois nos sacrifices, Protège mes brebis, protège mes genisses Contre la faim cruelle & le loup inhumain ; Que je trouve le soir le nombre du matin, Qu’autour de mon bercail exacte sentinelle, Sans cesse en haletant rôde mon chien fidelle ; Que mon troupeau connoisse et ma flûte et ma voix ; Que le lait le plus pur écume entre mes doigts ; Rends mon bélier ardent, rends mes chèvres fécondes ; Puissent de frais gazons, puissent de claires ondes Dans un riant pacage arrêter mes brebis ; Que leur fine toison compose mes habits ; Et quand le fuseau tourne entre leurs mains légères, Ne blesse pas les doigts de nos jeunes bergères ? […] De tes rapides ans, lorsque j’ai vu la fin, Loin de m’abandonner à des pleurs inutiles ; Je dois de ton trépas rendre grace au destin. […] Mais enfin il arrive à ce brillant palais Que les flots ont creusé dans un roc toujours frais ; Sa mère en l’écoutant sourit et le rassure ; Les Nymphes sur ses mains épanchent une eau pure, Offrent polir les sécher de fins tissus de lin ; On fait fumer l’encens, on fait couler le vin. […] D’un corps souple et léger, d’un pied rempli de grâce, On la voit s’élancer sur fin coursier de Thrace, Le plus beau qu’Orithye eût encor élevé, A son fougueux époux par elle réservé.