Cacus que ne retient ni crime ni danger, Dérobe les troupeaux de l’illustre étranger : Quatre jeunes taureaux, quatre belles génisses, Qui des herbages frais savouraient les délices, Les cache en sa caverne ; et cependant sa main, Pour déguiser aux yeux les traces du larcin, Saisit par leurs longs crins, fait marcher en arrière Les taureaux, dont les pas marqués en sens contraire De son infame vol écartaient le soupçon. […] Sous le vestibule de ces tristes demeures, ils trouvent le Deuil assis auprès des Remords ; les pâles Maladies à côté de la triste Vieillesse ; la Peur, la Faim, la honteuse Pauvreté, monstres d’un aspect affreux, sont auprès de la Terreur, du pénible Travail, du Sommeil parent de la Mort : là, ils voient aussi la cruelle Joie qui résulte du crime ; la Guerre furieuse ; les Euménides étendues sur un lit de fer ; et la Discorde insensée, dont les cheveux sont des vipères retenues par des bandelettes sanglantes. […] Alors les deux voyageurs aperçurent le champ des soupirs, où résident les ames blessées cruellement pendant la vie des traits de l’Amour, ou qui périrent en proie à une flamme criminelle : là, Énée distingua Phèdre, qui semble craindre de pénétrer jusqu’au trône du dieu des Enfers, où son aïeul est le juge suprême des crimes des ames ; il y vit aussi Didon, reine de Carthage, qui, n’ayant pu supporter la fuite de ce héros, s’était donné la mort sur un bûcher. […] Rhadamanthe préside dans ces tristes lieux ; il force les coupables à avouer leurs crimes, et prononce le genre de tourment auquel ils sont condamnés : les Furies exécutent ses ordres.