Mercure, de Jupin son père, Ne faisait aucun cas ; pour le Dieu de la guerre, Selon lui, c’était un brutal : Vulcain, un jaloux animal, Bon tout au plus à forger le tonnerre ; Apollon, un plat rimailleur ; Le vieux Atlas, un radoteur : Vénus, une catin ; Diane, une coureuse, Et Minerve, une précieuse ; Ainsi de tous : chacun passait A sa sévère et mordante censure. […] Tandis qu’impétueux, fier, inquiet, ardent, Cet animal guerrier qu’enfanta le Trident, Déploie en se jouant, dans un gras pâturage Sa vigueur indomptée et sa grace sauvage, Que j’aime sa souplesse, et son port animé ; Soit que dans le courant du fleuve accoutumé, En frissonnant il plonge, et luttant contre l’onde, Il bat du pied le flot qui blanchit et qui gronde ; Soit qu’à travers les prés, il s’échappe par bonds ; Soit que, livrant aux vents ses longs crins vagabonds Superbe, l’œil en feu, les narines fumantes, Beau d’orgueil et d’amour, il vole à ses amantes. […] Bientôt les animaux vaincus dans les déserts, Esclaves des humains, se plurent dans nos fers.