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25. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Monsieur Lysidas, vous nous assommez avec vos grands mots. […] En un mot : « Soyez naturel. […] Ces périls, comme elle les pressent elle-même, comme elle sait les exposer à son maître tels qu’ils sont et sans phrases… Dorine déteste les grands mots qui dispensent d’avoir du courage. […] Dorine ne se paye ni d’apparences, ni de mots. […] Tel me semble être le dernier mot de la morale de Molière.

26. (1855) Pourquoi Molière n’a pas joué les avocats pp. 5-15

A peine trois ou quatre fois le mot est-il prononcé1, et dans le seul passage où Molière met deux avocats en scène, c’est pour les faire parler l’un fort vite, l’autre fort lentement2. […] En un mot, un avocat peut avoir des ridicules, pire encore peut-être, mais tout cela lui appartient en propre et nullement à sa profession. […] Il n’y a qu’au mot. — Les Fourberies de Scapin, acte II, scène VIII. […] Le mot avocat est pris au figuré. — Le Malade imaginaire, acte I, scène IX. […] Mais rien dans toute la pièce n’a rapport à la profession, si ce n’est la scène où Pourceaugnac prodigue des termes de procédure (acte II, scène XII) ; et encore prétend-il que ces mots-là lui viennent sans qu’il les sache, ou qu’il les a retenus en lisant les romans; et quand Sbrigani lui dit : « On voit bien que vous êtes du métier. - Moi !

27. (1884) Tartuffe pp. 2-78

La pensée de l’auteur se déguisait — le mot est de lui — pour s’évader jusqu’à nous. […] En un mot il était d’église. […] Après Tartuffe triomphant, grâce à la sottise d’Orgon, c’est Tartuffe dupé : Tartuffe ridicule, maintenons le mot. […] le beau mot ! […] telle est l’infatuation de notre homme, qu’aux premiers mots d’Elmire il est pris.

28. (1900) Molière pp. -283

C’est le dernier mot de cette délirante bouffonnerie. […] Je vais, en deux mots, lui donner son compte et celui de Basile. […] ALCIBIADE Je ne suis donc pas plus sage, Aspasie ; car sur un mot de ta bouche je conçois mille espérances ou mille craintes, mon cœur s’agite des émotions les plus diverses ; d’un mot tu me ravis, d’un mot tu me désoles. […] Comme tu es froide en disant ce mot ! […] Ce mot sur Molière, mot risqué et bien sévère, avait trait à son rôle de poète amuseur du roi Louis XIV et de la cour.

29. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Ce mot-là est un anachronisme de cent cinquante ans, au moins. […] Avec un mot il faisait une comédie. […] En un mot, l’histoire de M.  […] Est-ce que tu en sais le premier mot, cher pauvre orchestre ? […] ce mot nouveau est en effet un des titres de ce charmant écrivain.

30. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

Disons donc deux mots, si vous le voulez bien, de toutes ces pièces mises en conférences.et de toutes ces conférences mises, en pièces. […] Comment prend-on Molière au mot ? […] Il rentre donc, et dès ses premiers mots soulève une inimitié nouvelle. — Tout s’est passé comme le voulait Arnolphe. […] Avec un mot de lettre est tombée à ses pieds. […] En un mot, il faut instruire la femme.

31. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

& dans le dictionn. des arrêts, au mot comédien. […] De-là vient qu’il y a dans ces pieces de mauvaises pointes, des bouffonneries, des turlupinades, de petits jeux de mots. […] Marmontel aux mots […] (Langue françoise.) ces deux mots ne se disent plus qu’en matiere de dévotion, d’odeurs & de peinture. […] Nicod prend aussi le mot de truand pour un bateleur.

32. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

On y trouve aussi des coq-à-l’âne (« Sais-tu d’où vient ce mot ? […] Quoi qu’il en soit Molière adopta le mot sans, probablement, y réfléchir autrement. […] Le mot « Tartuffe » est devenu un nom générique pour désigner un hypocrite de religion et même un hypocrite de quelque nature qu’il soit. « Tartufferie » est un mot continuellement usité. […] Le mot : « Que diable allait-il faire dans cette galère ?  […] Encore est-ce le mot ?

33. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VIII » pp. 70-76

Voltaire, dans son Commentaire sur Corneille, a relevé comme grossier, un mot employé par l’auteur dans une épigramme contre Scudéry, qui à la suite de quelques débats à l’occasion de la critique du Cid, l’avait appelé en duel. Corneille termine son épigramme par un vers qui envoie le ferrailleur Scudéry en un lieu qui rime à duel et à cartel… Ce mot, dit Voltaire, est d’une grossièreté insupportable. […] Il la recommande aux Romains ; la politesse exquise de son esprit en avait conçu les lois : mais la chose était hors des mœurs générales ; le mot décence n’existait même pas ; pour l’en tenir lieu, Cicéron emploie cette locution : quod decet . […] Boileau n’a-t-il pas dit : Le latin dans les mots brave l’honnêteté ?

34. (1847) Le Don Juan de Molière au Théâtre-Français (Revue des deux mondes) pp. 557-567

Quant à Guy Patin, dont on était en droit d’attendre sur ce sujet quelques boutades, en sa double qualité de médecin5 et de libre penseur, il n’en dit pas le moindre mot, et n’enregistre même pas les épigrammes de Sganarelle contre le vin émétique, et pourtant, six mois plus tard, il saluait de sa verve railleuse l’apparition de l’Amour médecin, qu’il nomme, par une singulière distraction, l’Amour malade. […] Enfin comment faut-il entendre ces mots un peu obscurs : « On fut blessé ?  […] Aussi quelques-uns des traits qui tombaient le plus directement sur cette faction (le mot aujourd’hui, par exemple, dans la fameuse tirade sur l’hypocrisie : « Aujourd’hui, la profession d’hypocrite a de merveilleux avantages, etc. ») ont été évidemment sacrifiés pour donner satisfaction à cette cabale ; mais se plaignit-elle seule ? […] De Villiers, l’auteur du Festin de Pierre ou le Fils criminel, joué en 1659, et, dont nous avons déjà dit un mot, assure, dans la préface de sa pièce, qu’il ne l’entreprit qu’à la sollicitation de ses camarades de l’hôtel de Bourgogne, infatués de ce beau titre de Festin de Pierre et du succès qu’obtenait sur la scène italienne la figure de don Pierre et de son cheval. […] Il n’a dit incidemment un mot de cette pièce qu’à l’occasion de nos imitations du théâtre de la Péninsule, et remarque seulement qu’à la façon dont Molière a traduit le titre de la pièce de Tirso, on peut juger qu’il n’entendait guère l’espagnol.

35. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Rappelons-nous ces mots qu’un orateur ancien adressait aux maris de son temps : « Plus vous avez de pouvoir, plus vous en devez user avec modération. […] C’est la pensée de Priam et des vieillards qui la voyant s’avancer vers la tour où ils discourent, pareils à des cigales harmonieuses, n’ont pour elle aucun mot de reproche, admirent sa beauté et rejettent sur le destin la faute de leurs malheurs. […] Je sais quel scepticisme ces mots de femme parfaite éveillent dans la plupart des hommes. […] Il fait plus de cas d’un bon rôti que d’un bon mot, et visite plus souvent sa cuisine que sa bibliothèque. […] Je rappellerai seulement un mot de Shakespeare bien propre à faire réfléchir ceux qui approuvent en elles de telles marques d’indépendance.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. De l’Illusion Théâtrale. » pp. 426-433

Dans l’Amphitrion de Plaute, Jupiter fait la conversation avec le public, & lui adresse ces mots : ACTE III. […] Térence termine toutes ses pieces par le mot de plaudite, applaudissez. […] Messieurs, un mot avant que de sortir : Je serai court, contre mon ordinaire. […] Si je vous déplais, au contraire, Retirez-vous sans dire mot.

37. (1846) Quelques pages à ajouter aux œuvres de Molière (Revue des deux mondes) pp. 172-181

Sauf quelques mots qui sentent leur don Juan et qui montrent à nu l’élève enjoué de Lucrèce et de Gassendi, nous n’avons mis la main que sur quelques jovialités burlesques ; mais il s’attache un intérêt si vif et si légitime à tout ce qu’on peut croire sorti de la plume de l’auteur du Misanthrope, que nous n’hésitons pas à faire confidence au public de ce que nous appellerons notre trouvaille, pour ne pas abuser, comme on fait chaque jour, et pour beaucoup moins, du grand mot de découverte. […] Chacun y mit son mot. […] Par exemple, dans le programme de 1674, au lieu du mot chorus de l’édition de 1175, ou lit le mot facultas.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Des aparté. » pp. 446-462

Peut-être auroit-on pu trouver un mot François aussi significatif ; mais, graces à nos Savants, qui veulent donner à tout un vernis étranger, nous ne pouvons parvenir à nous défaire tout-à-fait d’un petit air de pédantisme, qui jure assez risiblement avec le caractere de notre langue & de notre nation. […] Plaute, moyennant cette adresse, est rentré dans la nature dont il paroissoit s’écarter, & l’on n’a pas le plus petit mot à dire, si son fourbe s’excuse adroitement. […] Le Chevalier, fort embarrassé d’abord, sort d’embarras en mêlant à ses discours quelques mots à l’oreille, ou quelques aparté, qu’il adresse alternativement aux deux Dames. […] J’ai souvent vu faire dans la société de petits aparté qui m’ont paru beaucoup plus piquants encore : c’est lorsqu’un homme fait à haute voix des compliments à un autre, & qu’il lui dit tout bas des mots piquants. […] Je ne sais si je me trompe, ces aparté, ou ces mots à l’oreille, (on les appellera comme on voudra) me paroissent très théatrals.

39. (1865) Les femmes dans Molière pp. 3-20

Ah fi… dit Armande à sa sœur à ce seul mot de mariage, Ne concevez-vous point, ce que dès qu’on l’entend, Un tel mot à l’esprit offre de dégoûtant, De quelle étrange image on est par lui blessée. […] N’en frissonnez-vous point et pouvez-vous, ma sœur, Aux suites de ce mot résoudre votre cœur. Les suites de ce mot, quand je les envisage, répond Henriette, Me font voir un mari, des enfants, un ménage, Et je ne vois rien là, si j’en puis raisonner, Qui blesse la pensée et fasse frissonner. […] Elmire enfin, la belle et froide Elmire était tout à fait la femme qu’il fallait pour rendre possible cette admirable scène v du quatrième acte, où Orgon est sous la table, et pour sauver tout ce qu’elle a de périlleux ; c’est, en un mot, une de ces femmes qu’on estime, qu’on admire même ; mais qui n’excitent pas de bien vives sympathies. […] Mot charmant que devrait se rappeler plus d’un couple s’engageant peu à peu sur une pente fatale, où il suffirait souvent d’une bonne parole pour tout réparer.

40. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

» Disant ces mots il me serrait la main d’une façon convulsive. […] Disant ces mots, je cédais ma plume et ma place, et vous n’auriez pas perdu à changer de maestro, mais Henri, dans un bel accès d’indignation : — Qui ? […] vous n’avez pas le plus petit mot d’indignation ou de pitié ! […] Le public a en horreur les personnalités, les gros mots, les offenses, les injures, les violences de tout genre. […] En un mot, le grand art de la comédie c’est de plaire, elle peut se soucier du reste.

41. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Voltaire et beaucoup d’autres ont appelé La Comtesse d’Escarbagnas, une farce : c’est une fausse application du mot. […] C’est une satisfaction toute semblable à celle que Piron offrit à l’abbé Desfontaines, lorsque, celui-ci se plaignant d’être appelé bouc dans une de ses épigrammes, il lui proposa de remplacer le mot entier par la lettre initiale. […] Une seule chose, à ce qu’il semble, c’est que l’abbé Cotin, étant dans les ordres sacrés, étant prêtre en un mot, ne pou voit être le personnage qui aspire à la main d’une jeune fille, et qui est sur le point de l’obtenir. […] Je vais le faire en peu de mots. […] On sait son mot : Il nous faudra brûler ce que nous avons adoré, et adorer ce que nous avons brûlé.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

D’où vous vient, à ce mot, une rougeur si grande ? […]  Certain mot de fils de putain  A pourtant frappé mon oreille,  Il n’est rien de plus certain. […] « Là, Sophie faisoit à la hâte les protestations les plus tendres à Damon, lui promettoit de n’aimer que lui, l’exhortoit à juger de la violence de son amour par la démarche hardie qu’elle faisoit, le quittoit, de crainte, disoit-elle, que ses parents ne s’alarmassent de sa trop longue absence ; revenoit effectivement vers son pere & sa mere, disoit en passant un mot flatteur au pauvre Sainval, qui avoit la complaisance de parler raison avec les barbons. […] « A ces mots, du bout de la rue, Clitandre crut que son ami vouloit le plaisanter ; il lui demanda d’un air surpris d’où il savoit l’aventure. […] La preuve en est qu’on n’y prend pas des mots, du jargon, du persifflage pour des choses ; & qu’on y siffle impitoyablement les acteurs qui jouent les Princes tragiques en petits-maîtres, & les petits-maîtres en pages ; ceux qui veulent donner de l’emportement & de la pétulance pour du sentiment, & de la taquinerie pour de la tendresse.

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. M. PALISSOT. » pp. 297-316

dans ces quatre mots ?... […] dans ces quatre mots ?... […] Cette langue énergique En dit plus en deux mots que la nôtre dans dix. […] Tant de choses en deux mots ? […] Non, parbleu, continua le rieur, ce mot d’être est trop comique, & je rirai long-temps d’une mere qui prend sa fille pour un arbre.

44. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VI. Les Femmes. » pp. 103-120

Qu’elle ait pour eux ce cœur filial, toujours soumis et toujours aimant, qui fait dire à Mariane, quand elle découvre le père qu’elle n’a jamais connu, ce mot si touchant : « C’est vous que ma mère a tant pleuré349 ?  […] Les autres ont beau faillir, elle ne faiblit jamais ; ils ont beau méconnaître ses mérites et attaquer sa conduite, jamais de sa bouche ne sort un mot de blâme ou d’aigreur : aux injures de Mme Pernelle, elle n’oppose qu’un doux et digne silence361 ; à l’impudente déclaration de Tartuffe, elle ne répond qu’avec le mépris serein de la véritable vertu, assez forte pour se défendre sans colère362. […] Il semble que, sans douceur, la vertu ne soit plus vertu à ses yeux, et que, dans l’idée sereine qu’il se fait de la femme, il ait toujours devant l’esprit le mot divin : « Major charitas 385. »   Surtout, qu’elle soit franche. […] Remarquer particulièrement le mot à Angélique à son oncle Béralde, quand celui-ci veut faire jouer à Argan le premier personnage dans la Cérémonie du Malade imaginaire : « Mais, mon oncle, il me semble que vous vous jouez un peu beaucoup de mon père » (act. […] Elmire ne dit pas deux mots pendant toutes les invectives de Mme Pernelle et les larmes d’Orgon.

45. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVII. Du titre des Pieces à caractere. » pp. 417-432

 Pirante osa compter sur elle ; Et par un testament d’espece fort nouvelle  Il fit l’honneur à ce parent, Non de recommander à ses soins son enfant, Mais de le subroger en sa place de pere : En un mot, comme un don, imposant ce devoir, De sa fille à nourrir, élever & pourvoir,  Il fit Eraste légataire. […] (J’estropiai long-temps ce mot encor nouveau.) […] Moi, j’en puis écorcher quelques mots au besoin. […] Ce mot a de quoi plaire. […] Pas un mot qui ait rapport au legs de l’Orpheline.

46. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Des mots grossiers qu’a protégés Molière, vous n’en retrouverez aucun dans ses successeurs au Théâtre-Français, ni dans Regnard, ni même dans les comédies de Dancourt. […] , sonnet dans lequel se trouve un mot que l’on ne trouvera pas une fois dans les douze volumes de lettres, pourtant très familières, de madame de Sévigné128. […] Il n’aurait pas dit qu’elle manquait de goût, car il a laissé échapper ce mot dans les notes qui ne paraissent pas avoir été destinées à l’impression. […] Au reste, elle ajoute à son opinion sur les deux historiographes la citation de plusieurs louanges fort ridicules qu’on disait avoir été données par eux au roi en personne à l’armée, et elle finit avec beaucoup de raison par ces mots : Combien de pauvretés ! […] Ce mot de reconnaissance ne peut regarder que madame de Sévigné, et les éloges qu’elle se plaisait à donner aux fables du poète, à mesure qu’elles paraissaient, surtout dans les cercles du duc de La Rochefoucauld, qui en était charme comme elle.

47. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Il s’en servit pour révéler une préoccupation de l’esprit, un état de l’âme, un sentiment, une passion ; pour faire éclater un caractère du premier mot et du premier geste. […] La scène est traduite mot à mot de l’italien ; cette brusquerie est du caractère et du rôle de Beltrame. […] L’humanité n’a pas dit son dernier mot ; sur notre sol ou dans d’autres régions, un grand siècle littéraire succédera aux grands siècles littéraires du passé.

48. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

Je n’ai voulu dire ici un mot de ces problèmes que pour repousser de suite un reproche qui me semble à la fois déplacé et mal fondé. […] Le mot qui semble indiquer une séparation judiciaire, est trop fort, et il faut en dire autant du mot entretenue. […] Ces derniers mots suffiraient à eux seuls pour justifier l’exactitude des appréciations que je viens de présenter. […] C’est seulement dans la troisième édition du Dictionnaire de l’Académie, publiée en 1740, qu’on voit apparaître un accent sur les mots terminés en ière encore est-ce d’abord un accent aigu ; le grave ne figure à cette époque que dans les mots qui finissent par ère, tels que, colère. […] Avant de nous révéler le mot de l’énigme cachée sous le Misanthrope, il juge a propos d’étudier l’état de la société, des idées et des mœurs à l’époque où cette grande œuvre fut conçue.

49. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

En un mot, Molière fut-il, à son entrée dans la vie, le jeune amant de Madeleine Béjart ? […] Réconciliés pour un mot, pour un mot on se brouillait encore ; et le chant amœbée, reprenant son jeu à travers le ménage, reparaissait aussi, comme réminiscence, dans les pièces du poète, chez qui l’homme ne s’oubliait jamais. […] Le mot lui fut dit, sans ambages et assez plaisamment, par M. de Harlay. […] Une phrase, un mot, suffisaient, et rarement le public les laissait échapper. […] Quintil, et dont voici en peu de mots l’analyse.

50. (1819) Notices des œuvres de Molière (I) : L’Étourdi ; Le Dépit amoureux pp. 171-334

Le mot d’étourdi est à peu près l’équivalent d’inavvertito, qui signifie proprement, homme sujet à des inadvertances. […] C’est la même idée, comme le titre l’indique ; mais ce n’est pas le même sujet, si, par ce mot, ou entend la nature et la disposition des incidents, en un mot l’action. […] Molière qui, en général, pèche souvent par l’expression, ne pèche jaunis par la pensée et les plus grandes corrections dont ses ouvrages fussent susceptibles, se borneraient presque toujours à de simples changements de mots.

51. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. » pp. 489-499

Je le puis d’un seul mot ; la pitié m’y convie. […] Ils ne sauroient me voir sinon en m’adorant, Ni me dire un seul mot sinon en soupirant. […] Aucun n’a pris cette licence : Ils m’ont su révérer si fort jusqu’à ce jour, Qu’ils ne m’ont jamais dit un mot de leur amour. […] De mots piquants, par-tout, Dorante vous outrage.

52. (1769) Idées sur Molière pp. 57-67

et cette charmante Martine qui ne dit pas un mot dans son patois qui ne soit plein de sens et de raison? […] C’est le mot de Vadius qui, après avoir parlé comme Caton sur la manie de lire ses ouvrages, met gravement la main à la poche, en tire le cahier qui probablement ne le quitte jamais : Voici de petits vers. […] quand il ne croit pas un mot de toutes les protestations d’amour que lui fait Célimène, et que pourtant il est enchanté qu’elle les lui fasse; relisez toute cette admirable scène où deux amants viennent de se raccommoder, et où l’un des deux, après la paix faite et scellée, dit pour première parole, Ah ! […] Revoyez cent traits de cette force, et si vous avez aimé, vous tomberez aux genoux de Molière, et vous répéterez ce- mot de Sadi : Voilà celui qui sait comme on aime.

53. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

. — Naissance dans le même temps du mot de précieuses. […] Ils en font, en un mot, une mijaurée excessivement ridicule. […] La dissolution de la société de Rambouillet fut l’époque ou commencèrent des sociétés d’un autre ordre, et où s’introduisit dans la langue un mot nouveau, dont la naissance atteste celle de la chose ou de l’espèce de personnes qu’il désigne, le mot précieuse.

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. De l’Etat, de la Fortune, de l’Age, du Rang, du Nom des Personnages. » pp. 39-75

Je vais le prendre au mot. […] Toute contrainte, en un mot, m’importune. […] Si Hortense alloit vous prendre au mot ? […] Je ne dirai plus mot : êtes-vous contente ? […] Mot latin.

55. (1802) Études sur Molière pp. -355

Jugeons, en peu de mots, les deux ouvrages. […] Un mot, rien qu’un mot en passant, à Chrisalde. […] Un mot sur le protecteur de la pièce. […] Molière a-t-il imaginé le mot Tartuffe ? […] Chaque acte, chaque scène, chaque mot de sa pièce nous l’ont prouvé.

56. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. Des Pieces intriguées par des noms. » pp. 204-215

LES MOTS A LA MODE, Comédie en un acte, en vers. […] Un beau nœud de brillants dont le sein est saisi, S’appelle un boute-en-train, ou bien un tatez-y ; Et les habiles gens en étymologie Trouvent que ces deux mots ont beaucoup d’énergie. […] Franchement, ces mots-là sont un peu saugrenus. […] En un mot, ce jargon n’est point édifiant.

57. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVIII. De l’exposition des Caracteres. » pp. 433-447

voilà des mots très heureux & qui valent, à mon sentiment, la tirade du Philosophe marié. […] Il veut absolument dire deux mots à l’oreille de ce fat : Dorine le retient, l’exhorte à laisser agir sa belle-mere : elle vient de sa part demander un moment d’entretien à l’imposteur : elle l’a fait appeller ; il paroît. […] Sa politique Est d’être toujours grave avec un domestique : S’il lui disoit un mot il croiroit s’abaisser. […] Enfin, pour ébaucher en deux mots sa peinture, C’est l’homme le plus vain qu’ait produit la nature : Pour ses inférieurs plein d’un mépris choquant : Avec ses égaux même il prend l’air important : Si fier de ses aïeux, si fier de sa noblesse, Qu’il croit être ici-bas le seul de son espece : Persuadé d’ailleurs de son habileté, Et décidant sur tout avec autorité ; Se croyant en tout genre un mérite suprême ; Dédaignant tout le monde, & s’admirant lui-même : En un mot, des mortels le plus impérieux, Et le plus suffisant, & le plus glorieux.

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

Il prend soin de les arrêter, ces larmes qu’il trouve si belles ; & l’aimable bergere prend soin en même temps de le remercier de son léger service, mais d’une maniere si charmante, si tendre & si passionnée, que le berger n’y peut résister ; & chaque mot, chaque regard, est un trait plein de flamme dont son cœur se sent pénétré. […] Un petit mot d’écrit que, pour charmer sa peine, Mon maître attend de vous. […] Votre frere à son tour ne dit mot ? […] Enfin, tranchons le mot, tous les ouvrages de Moliere ne sont qu’une imitation continuelle. […] Nous sommes nés pour être imitateurs, & l’imitation est même nécessaire à notre être, puisque ce n’est qu’en imitant que nous parvenons à prononcer des sons de convention, à répéter des mots françois, espagnols, chinois, russes, &c. d’après les personnes qui nous entourent ; à parler enfin une langue qui doit nous être de la plus grande utilité le reste de nos jours.

59. (1868) Une représentation de M. de Pourceaugnac à Chambord. Examen de deux fragments inédits paraissant appartenir à l’œuvre de Molière (Revue contemporaine) pp. 700-722

Si le troisième acte4 existait, il devait être resserré en un petit nombre de scènes ; peut-être était—il réduit aux premiers mots de Sbrigani et à quelques phrases relatives au mariage des amants ; peut-être était-il tout à fait fondu dans ce que nous appelons le deuxième acte. […] Quant à la sérénade, il semble qu’elle fut supprimée avec les premiers mots d’Eraste, qui devenaient alors inutiles. […] Si elles le furent, ce ne dut être que pour faire équilibre [aux intermèdes des apothicaires et des avocats, qui se trouvaient alors chacun terminer un acte; en tous cas, elles n’apparurent à Paris que réduites en nombre et à l’époque du carnaval, ce que justifieraient les derniers mots d’Eraste (acte III, scène X). Ces mots semblent ajoutés ; l’époque de la représentation de Pourceaugnac ne fait nullement penser au divertissement populaire du carnaval, amenant des masques au travers de l’intrigue, chose usuelle à la Cour, mais qui eût semblé mal justifiée à la Comédie, sans quelques mots de préparation. Mais quelques mots ajoutés postérieurement sont sans importance, et n’ont, d’ailleurs, aucun rapport avec le remaniement qui nous occupe et qui, s’il a eu lieu, a dû être fait à Chambord, après que le divertissement de Pourceaugnac avec le rôle italien, joué par Lully, eut été offert en primeur au roi Louis XIV.

60. (1747) Notices des pièces de Molière (1670-1673) [Histoire du théâtre français, tome XI] pp. -284

parle, si tu veux, et ne te fais point, de la sorte, arracher les mots de la bouche. […] Laissez-moi le finir en deux mots, etc. […] Il ne joignit à cela aucun mot d’éloge, et vous savez que ce n’est pas sa coutume. […] Le roi ne lui en dit pas un mot à son souper : tous les Courtisans la mettaient en morceaux. […] Il n’y a pas le mot pour rire à tout cela pour l’homme de cour et pour le peuple.”

61. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

On reproche à la comédie d’intrigue de sortir de l’ordre naturel des choses, en un mot d’être invraisemblable53. […] Je ne parle ici que de la comédie mêlée de sérieux, de la comédie mi-tragique, en un mot de la comédie nouvelle. […] Ces pédantes, parce qu’elles savent « citer les auteurs et dire de grands mots, » prétendent être, « par leurs lois, les juges des ouvrages » ; elles font des « règlements » nouveaux et des « remuements » dans la littérature. […] Il est vrai que, dans La Critique de l’École des femmes, Molière s’est défendu comme d’un crime contre la comédie d’avoir commis un bon mot. […] Je ne dis pas cela seulement parce que sur mille sept cent soixante-douze vers, je n’ai pas trouvé, tout compte fait, plus de neuf ou dix mots pour rire.

62. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Le dernier mot du poète est un mot de doute et d’espérance. […] Il ne dit pas un mot qui ne le trahisse. […] La question n’est pas de celles auxquelles on peut répondre d’un mot. […] Aujourd’hui nous attachons à ces deux mots un sens plus moral et plus bourgeois. […] Est-il sûr qu’il ait bien compris le mot de don Juan ?

63. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Les villes d’université comme Bologne enfantèrent tout naturellement le docteur, le pédant ridicule, dont chaque mot est une délicieuse ânerie ; les modèles n’étaient pas rares dans un temps où l’engouement pour les lettres grecques et latines dégénérait aisément en folie ; c’était l’époque où Philelphe le Florentin et Timothée entamaient, à propos de la force d’une syllabe grecque, une querelle acharnée, dans laquelle le dernier jouait et perdait sa grande barbe et en mourait de chagrin. […] Ils étaient, en outre, habiles à amuser les spectateurs avec des lazzi, expression technique qui désignait moins des bons mots, comme nous l’employons en France, que les fantaisies pittoresques de la pantomime. Voulant donner la définition de ce qu’on entendait par ce mot, qui, étymologiquement, veut dire liens (lazzi, parole lombarde, au lieu de lacci, parole toscane), Riccoboni se sert de l’exemple suivant : « Dans la pièce d’Arlequin dévaliseur de maisons, Arlequin et Scapin sont valets de Flaminia, qui est une pauvre fille éloignée de ses parents et qui est réduite à la dernière misère. […] Mais elle est évidemment le dernier mot de l’art dramatique.

64.

Thym, elle fait quelquefois des phrases, elle se sert même de mots étrangers qu’on n’attendrait pas de sa bouche. […] Il y a là, chez Molière, une façon de grouper les mots qui relève fortement le goût de cette bagatelle, et que nous aurions voulu retrouver en hollandais. […] Il nous reste un mot à dire au sujet du fragment d’affiche des Comédiens de Monsieur. […] » Voilà le grand mot ! […] Disons, en un mot, que l’auteur anglais a déshonoré la création de Molière par d’obscènes additions.

65. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Il m’était facile, en cédant à ma partialité pour le grand poète à qui j’ai voué une espèce de culte, de prodiguer contre son illustre adversaire les mots de fanatisme, d’intolérance et d’hypocrisie ; mais j’aurais eu honte de répéter ces imputations banales que ma conviction n’admet pas. […] Il y avait dans sa manière de prononcer ce mot de tartufoli quelque chose de pénitent et de sensuel qui caractérisait assez bien la papelardise. […] Substituons le mot d’hypocrite à celui de dévot ; et cette excuse du personnage deviendra l’apologie du poète. […] Toujours en présence de sa dupe ou de ses ennemis, il ne dit pas un mot qui doive détromper l’un ou donner aux autres quelque avantage sur lui. […] Le prétendu mot de Molière pourrait bien avoir sa source dans une de ces deux anecdotes qui sont racontées dans le Ménagiana ; voici la première : « M. l’évêque de.… faisait une mission à la tête de douze prêtres dans tous les lieux de son diocèse.

66. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

Tout ce qui peut donner l’idée d’une situation, développer un caractère, mettre un ridicule en évidence, en un mot toutes les ressources de la plaisanterie, lui parurent du ressort de son art. […] Avec quelle candeur comique un personnage grossier, dévoilant des idées ou des sentiments que les autres hommes dissimulent, ne trahit-il pas d’un seul mot la foule de ses complices ! […] Aussi est-ce le Comique Bourgeois qui produit le plus de ces mots que leur vérité fait passer de bouche en bouche. […] Mais qu’un Bourgeois, voyant la fille de son voisin attaquée de mélancolie, conseille au père de lui acheter une garniture de diamants pour hâter sa guérison, le mot qu’il s’attire, vous êtes orfèvre, M.  […] Il étudiait l’homme dans toutes les situations ; il épiait surtout ce premier sentiment si précieux, ce mouvement involontaire qui échappe à l’âme dans sa surprise, qui révèle le secret du caractère, et qu’on pourrait appeler le mot du cœur.

67. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [78, p. 118-119] »

1775, Anecdotes dramatiques, tome II, p. 203 On a longtemps ignoré où Molière avait puisé le nom de Tartuffe, qui a fait un synonyme de plus dans notre langue, aux mots hypocrite, faux dévot, etc. […] Attentif à ce tableau, qui peut-être lui fournit encore d’autres traits, il conçut alors le nom de son imposteur d’après le mot de tartuffoli, qui avait fait une si vive impression sur tous les acteurs de la scène.

68. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. M. DIDEROT. » pp. 317-332

D’Orval réfléchit sur les charmes touchants de Rosalie, & sur l’effet produit dans son cœur par les mots qui lui ont découvert la tendresse de Rosalie. […] Constance est surprise de voir fuir d’Orval : au moment qu’elle arrive elle voit la lettre qu’il écrivoit, elle y lit ces mots : « Je vous aime & je fuis... hélas ! […] Clairville furieux réfléchit sur la dureté des derniers mots de Rosalie : il consulte d’Orval sur le parti qu’il doit prendre. […] « Sans la supposition que l’aventure du Fils naturel étoit réelle, que devenoit l’illusion de ce Roman & toutes les observations répandues dans les entretiens sur la différence qu’il y a entre un fait vrai & un fait imaginé, des personnages réels & des personnages fictifs, des discours tenus & des discours supposés ; en un mot toute la poétique, où la vérité est mise sans cesse en parallele avec la fiction ? […] « Que celui qui dit qu’il y a dans les détails un mot important qu’on ait transporté de l’Ami vrai dans le Fils naturel, dit un mensonge.

69. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Voilà mon dernier mot. […] Je remarque enfin dans la lettre de madame Scarron une espèce de contresens comme il s’en trouve souvent dans les écrits qui ne sont pas francs : « Si les enfants sont au roi, je veux bien m’en charger ; je ne me chargerais pas sans scrupule de ceux de madame de Montespan. » Ces mots signifient, je veux bien me charger des enfants du roi et de madame de Montespan, si le roi me l’ordonne. […] Le mot de scrupule est donc employé à contresens dans la phrase de madame Scarron. […] Le dernier mot de madame Scarron fut rapporté au roi. […] Voulant être distinguée du roi, lui être agréable, parce qu’elle l’aimait, mais voulant son estime et conserver le respect d’elle-même, pouvait-elle employer des moyens à l’usage des femmes ordinaires, mettre en pratique cet art de plaire, cet art de la cour, qui comprend l’art de nuire à tout ce qui n’est pas soi ; à intriguer contre une favorite a qui et le doit sa place ; à lui tendre des pièges, à lui opposer d’autres femmes dont elle pourra avoir bon marché, à rechercher les occasions de s’introduire près du maître, de surprendre ses regards, de les attirer par des soins et des parures qui déguisent son âge ; à se faire vanter, célébrer par des prôneurs ; à se distinguer tantôt par la finesse de la louange, tantôt par son enthousiasme, toujours par l’à-propos ; à rappeler d’une dis tract ion, à faire revenir d’un caprice par des bouderies, par des querelles, par des minauderies ; en un mot, à pratiquer le manège d’une coquetterie subalterne ?

70. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Au contraire, les mots naïfs, les mots arrachés par la situation au caractère ou à la passion d’un personnage, conserveront toujours le droit de plaire par le naturel et la vérité. […] Molière a une foule de ces mots. […] Quant aux hypocrites, je n’en dirai qu’un mot. […] Ce mot s’adressait à un bouffon, et non pas à un ami. […] Racine rapporte ce mot.

71. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Les acteurs étaient toujours obligés d’en revenir à la vieille Farce, à la Farce « garnie de mots de gueule », aux jeux des pois pilés, qui continuaient d’avoir la faveur populaire. […] Sans doute les Arlequin, les Pedrolino, les Pantalon, étaient d’excellentes charges (ce mot est la traduction du mot italien caricature, passé depuis lors dans notre langue), c’est-à-dire des copies ressemblantes, quoique outrées, de la nature humaine.

72. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Vers & de la Prose dans les Comédies. » pp. 103-117

Il n’est rien de plus sec & de plus aride que ses bonnes graces & ses caresses ; & donner est un mot pour qui il a tant d’aversion, qu’il ne dit jamais je vous donne, mais je vous prête le bon jour. . . . . . . . . . . . . . […] En un mot, il aime l’argent plus que réputation, qu’honneur & que vertu : & la vue d’un demandeur lui donne des convulsions ; c’est le frapper par son endroit mortel ; c’est lui percer le cœur ; c’est lui arracher les entrailles. […] D’un autre côté, ceux qui ignorent l’art de rendre une piece comique par sa contexture, s’évertuent à prouver que les comédies doivent être versifiées ; c’est que les madrigaux, les jeux de mots, les pointes, les épigrammes dont ils veulent remplir leur ouvrage, n’ont pas le moindre sel en prose. […] Prestement, Ecoute un mot secrètement : Regarde un peu ce garnement ; Vois comme sérieusement Il se promene gravement.

73. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Des différents Genres en général. » pp. 1-8

une Prude qui, contente d’avoir le mot de décence & de vertu continuellement à la bouche, manque à l’une & à l’autre en prononçant leur nom ? […] Voilà, dans peu de mots, l’histoire de la décadence de la comédie, & de sa chûte à Athenes, dans l’ancienne, dans la moderne Rome, & à Paris. […] C’est ce que nous verrons dans ce volume, quand nous aurons dit en passant un mot des genres auxquels il est bon de ne pas se livrer : alors nous examinerons les différents genres des pieces à intrigue, ensuite ceux des pieces mixtes, & nous finirons par décomposer les différents genres des pieces à caractere.

74. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. M. BARTHE. » pp. 413-419

Qu’importe le mot, quand la chose n’est point ? […] je vous jure, s’écria-t-elle, que je n’écrirai jamais ces derniers mots […] Il fallut cependant se laisser vaincre en partie, c’est-à-dire que, de quatre mots, Lucile consentit à en écrire trois.

75. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Ce nom de Tartuffe a été un sujet de longues investigations pour les érudits, qui, en général, s’occupent beaucoup plus des mots que des choses. […] Molière, qui écoutait et qui profitait partout, conçut, suivant cette version, le nom de son imposteur d’après le mot de tartufoli. Cette fable n’est pas heureusement imaginée ; on croit avec beaucoup plus de raison que c’est à un vieux mot français que Molière doit le nom de son hypocrite. […] Ce changement est d’autant plus vraisemblable que l’auteur de la Lettre sur L’Imposteur qui analyse avec le plus grand soin, et presque mot à mot, la scène entre les deux beaux-frères, n’y fait aucune mention de ces portraits, et qu’il a parlé de six ou sept dans celle de l’exposition. […] Armés de la férule scolastique, ils ont cherché querelle aux mots, et n’ont pas même épargné les points et les virgules.

76. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XII. Réflexions Générales. » pp. 241-265

En un mot, il faut juger, et le triomphe du comédien est de passionner si bien les cœurs que le jugement soit séduit et forcé. […] Tous ceux qui travaillent péniblement pour gagner le pain de chaque jour, et qui accomplissent en silence, par une lutte humble et continue, les obscurs devoirs de la vie, le peuple en un mot, a besoin de divertissement. […] Voir à la fin des Œuvres de Molière (Paris, Poirion, 1749, 8 vol. in 12) plus de vingt épitaphes ou épigrammes qui ne roulent que sur ce jeu de mots, qu’on trouve pour la première fois dans le Mercure galant, 1673, tome 1. […] Le Médecin volant, le Portrait du Peintre, la Satire des Satires, les Mots à la mode, de Boursault, les Scènes de la Fille savante, de la Cause des Femmes, etc., des Italiens, ne sont que de détestables et graveleux pastiches de Molière, qui d’ailleurs, ne pouvant pas jouer uniquement son répertoire, prêtait son talent d’acteur aux plus mauvaises pièces, en sorte qu’un contemporain non assidu au théâtre attribuait tout à Molière. […] Bayle a pris le mot barbarisme à La Bruyère, et Fénelon à Bayle.

77. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Du Choix d’un Sujet. » pp. 25-38

Albert fait venir Métaphraste, précepteur d’Ascagne, pour lui demander quel est l’ennui secret de son éleve ; le pédant le désole en lui crachant sans cesse du latin, & en l’interrompant continuellement, sans lui donner le temps de dire deux mots de suite. […] Enfin arrive cette scene divine, cette scene inimitable, qui mériteroit d’être rapportée ici mot à mot, si nous ne la réservions pour la comparer, quand il en sera temps, avec la scene italienne dont elle est imitée. […] D’après cet oracle, le bel esprit de la société trace le plan, chacun y met quelque détail ; le précepteur de l’enfant de la maison transcrit ce qu’on appelle une piece, & s’admire : les auteurs la jouent ; vous jugez bien qu’ils la trouvent divine, c’est le mot, & digne de paroître sur le Théâtre François.

78. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Pieces à scenes détachées, dans lesquelles une Divinité préside. » pp. 61-74

Parle, dit le Sultan, & ne me cache rien :  Mot pour mot je veux tout apprendre. […] un chat du complot,  Un beau matin en fit pâture ; A quoi le vieux matois donna telle tournure,  Que le maître n’en sonna mot. […]   Mille tendres sornettes Que l’on a soin d’orner de mots à double sens ;  Parler éloquemment cornettes,  Et prononcer sur des rubans ; De tout ce qui paroît juger sans connoissance,  Hors de propos prodiguer son encens,  Et placer bien sa médisance :  Voilà des aimables du temps Ce qui fait le mérite & toute la science.

79. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

— En un mot, disent-ils, est-ce que avant Molière il n’y avait pas de comédie ? […] En un mot toutes les exclamations furibondes. […] Il avait l’esprit, la grâce, et le sourire, et le bon mot. […] Il savait que ce mot-là : Un fou ! […] Quant à écrire un mot de remerciement à ces dames, Monsieur ne daigne.

80. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Mais, dans ce mot que de choses ! […] Il fut en un mot le plus humoriste des humoristes. […] Un autre parlant à elle hésita longtemps sur le mot avoine. […] Mot de Goethe. […] Mot de Schiller.

81. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

Jamais la pédanterie, l’entêtement de l’esprit de secte et de système, la manie de se payer de mots et d’imposer aux autres et à soi-même par un absurde galimatias, n’avaient autant décrié les gens de cette profession. […] Aussi longtemps qu’on verra l’homme consulter son propre intérêt, pour répondre à ceux qui le consultent sur le leur, on se rappellera, on citera le mot : Vous êtes orfèvre, monsieur Josse  : c’est dire qu’on ne l’oubliera jamais et qu’on le répétera toujours. […] Un procès pour vingt mille francs, une querelle pour un méchant sonnet, et une folle passion pour une coquette, voilà ce qui suffit pour mettre en mouvement la bile d’Alceste, et en jeu le caractère des autres personnages, en un mot, pour animer toutes les parties de cette grande composition. […] Quant au ridicule, il n’est pas, il ne peut pas être, d’après ce que je viens de dire, produit par le contraste du caractère et de la situation, de la passion et de l’intérêt ; c’est un ridicule de mots, un ridicule exagéré et presque imaginaire, tel qu’il convient au genre de la farce proprement dite. […] Jamais pièce, surtout, n’a fourni un plus grand nombre de ces mots naïfs et piquants qui, devenus proverbes, sont des raisonnements, des axiomes, ou des plaisanteries dans la bouche de ceux qui savent les citer à propos.

82. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. » pp. 323-356

  Cet extrait fait ainsi, & lu par les personnes qui ne jugent jamais que d’après les autres, fera certainement dire : « La piece de Plaute est mot à mot celle de Moliere. […] Ecoute, observe ici l’ordre que je desire, Et réponds mot pour mot à ce que je vais dire : Quel est premiérement ce Sosie inconnu Qui t’a tout raconté ce qui t’est avenu ? […] Rappelle tous tes sens, rentre bien dans ton ame, Et réponds mot pour mot à chaque question. […] « Ceux qui ont dit que Moliere a imité son prologue de Lucien, ne savent pas la différence qui est entre une imitation & la ressemblance très éloignée de l’excellent dialogue de la Nuit & de Mercure dans Moliere, avec le petit dialogue de Mercure & d’Apollon dans Lucien ; il n’y a pas une plaisanterie, pas un seul mot que Moliere doive à cet Auteur Grec. » Il faut être juste : si nous avouons que Moliere fut heureux de trouver un beau sujet, travaillé déja par plusieurs Auteurs ; convenons aussi qu’il a vu bien mieux qu’eux & l’ordonnance générale & les détails.

83. (1853) Des influences royales en littérature (Revue des deux mondes) pp. 1229-1246

Les mots de ce genre, vagues et d’une portée douteuse, sont précieux en un temps où les généralités ambitieuses sont à la mode et où chacun, plus ou moins, aime à planer dans les espaces. […] Des mots nets et précis, représentant des idées claires, sont la mort de toute discussion : si l’on comprenait bien les termes dont on se sert, peut-être parviendrait-on à s’entendre ; on écrirait moins, on penserait et on agirait davantage. C’est pour prévenir ce malheur que le mot influence et quelques autres de même espèce semblent avoir été imaginés. […] Il semble en un mot que chez Racine et Fénelon les qualités viriles aient disparu pour faire place à des qualités plus féminines. […] Ce qu’il va chercher dans la solitude, ce qu’il finit par trouver au coin d’un bois, c’est le mot qui l’avait fui.

84. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

Dans sa lettre à Gobelin, elle dit : « Il se passe ici des choses terribles entre madame de Montespan et moi, le roi en fut hier témoin ; et ces procédés, joints aux maladies de ses enfants, me mettent dans un état que je ne peux soutenir. » Dans la seconde, à madame de Saint-Géran, se lisent ces mots : « Tout ce que je souhaiterais serrait de voir à madame de Montespan un cœur fait comme le vôtre. […] ce mot suppose qu’elle avait été en bonne intelligence avec lui ; l’indifférence ne se brouille point. « Elle me dit sur tout cela de très mauvaises raisons et nous eûmes une conversation assez vive, mais pourtant fort honnête de part et d’autre. […] Une lettre écrite de Versailles, à Gobelin, sans date, lui annonce un nouveau don du roi. « J’avais, dit-elle, une grande impatience de vous apprendre que le roi m’a encore donné 100 000 fr. ; ainsi, en voilà 200 000 que j’ai à votre service. » Je prie de remarquer ce mot à votre service : il veut dire : pour vous aider à me trouver une terre à acheter, ce qui montre que Gobelin était un véritable agent de madame Scarron103. […] Cette dernière circonstance accrédite l’assertion de La Beaumelle, sur le mot il et l’occasion du nouveau bienfait du roi.

85. (1910) Rousseau contre Molière

quoi, vil complaisant… », ou des mots violents, les premiers venus. […] Un mot encore sur ce point. […] Il n’y a pas un mot de cela dans Rousseau. […] Vous vous rappelez le mot de Labiche, mot digne de Molière. […] » II n’y a pas de mot plus fort et il est parfaitement naturel.

86. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. De ce que nous entendons par caractere. » pp. 259-260

Avant d’entrer en matiere, je prie le Lecteur de voir avec moi ce qu’un Auteur qui a traité de l’Art de la Comédie, dit sur le mot caractere. « Les anciens employoient un seul & même terme pour exprimer ce que nous entendons par mœurs & caracteres ; c’est de quoi on peut se convaincre en lisant les poétiques d’Aristote & d’Horace, & même les caracteres de Théophraste : en effet, bien que ce traité porte dans la langue originale le titre de caracteres, l’Auteur n’a point employé ce terme dans l’ouvrage même ; il se sert d’un mot qui semble mieux répondre à celui de mœurs en françois ».

87. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

C’est un mot de Pline l’ancien. […] Quand le mot mascarade n’était pas assez fort, on appelait cela une bouffonnerie. […] Grammont est un pauvre hère qui donne la réplique à Lauzun, et qui n’a pas un mot à répondre à personne. […] le mot n’était pas inventé, heureusement pour le xviie  siècle), tu accepterais le rebut d’un roi ! […] (des mots durs pour attraper les badauds) pour faire des portes en gomme indiennes.

88. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

En un mot, ces pièces sont trop didactiques, on y remarque trop l’intention d’instruire, tandis que la leçon ne doit jamais être donnée au spectateur qu’en passant, et comme sans y songer. […] Le Grand ne connaissait certes pas le théâtre comique des Grecs ; il a donc entièrement dû à son propre génie (je ne crains pas de me servir de ce mot), l’idée d’un genre alors absolument neuf. […] Le nœud de ses pièces est, le plus souvent, un mot à demi prononcé qui reste suspendu sur les lèvres, on ne sait souvent trop pourquoi. […] On reconnaît çà et là les membres dispersés du poète, mais tout est si renversé, si tourmenté, une confusion si pénible a remplacé la riche simplicité de l’original, que les passages mêmes qui sont traduits mot à mot, perdent en quelque sorte leur véritable sens. […] Il a peint la dissimulation des courtisans à l’égard des autres et à l’égard d’eux-mêmes ; en un mot, il a découvert avec une grande finesse tout le jeu secret des intrigues de cour.

89. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Et l’on ne saurait, sans changer le sens de ces deux phrases, remplacer le mot gent par les mots gentil, gentille. […] » En un mot, la troupe était un peu dérangée, et chacun des acteurs méditait de prendre son parti. […] Ce mot était devenu proverbe. […] Il est surprenant que Grimarest n’en ait pas dit un mot dans un livre dont le fils paraît avoir fourni les matériaux. […] Ce mot, qui passa aussitôt de bouche en bouche, mit le comble à la gloire de Molière.

90. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Brueys & Palaprat, imitateurs, comparés avec Térence, Blanchet, un Auteur Italien, & la nature. » pp. 100-132

Ce dernier mot, si simple, si naïf, a mérité de faire proverbe, aussi bien que le Revenez à vos moutons de la farce. […] Monseigneur, si je ne vous paye, A vostre mot ne me croyez Jamais. . . . . . […] A vostre mot, vraiement, Monseigneur, n’en faictes nul doupte. Dès ce moment Agnelet promet en termes clairs à son Avocat de ne répondre que par bée & de ne le payer qu’avec son mot, c’est-à-dire, en disant bée. […] J’ai détaillé la farce de Patelin, pour faire connoître que si elle a survécu à mille autres pieces faites après elle, c’est parcequ’on y voit du simple, du naturel & du comique, nés de la situation & non du mot.

91. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XI. De la Religion. Principe et Sanction de la Morale de Molière. » pp. 217-240

Pour trouver des expressions qui en fassent sentir la haute moralité, on ne peut que citer Molière lui-même, quand il fut obligé d’implorer la puissance royale pour obtenir le droit de dire tout haut qu’un hypocrite est un scélérat et qu’un tartuffe est un sacrilège : J’ai mis tout l’art et tous les soins qu’il m’a été possible pour bien distinguer le personnage de l’hypocrite d’avec celui du vrai dévot ; j’ai employé pour cela deux actes entiers à préparer la venue de mon scélérat ; il ne tient pas un seul moment l’auditeur en balance ; on le connaît d’abord aux marques que je lui donne ; et d’un bout à l’autre il ne dit pas un mot, il ne fait pas une action qui ne peigne aux spectateurs le caractère d’un méchant homme, et ne fasse éclater celui du véritable homme de bien que je lui oppose772. […] Quelque mine qu’ils fassent, ce n’est point du tout l’intérêt de Dieu qui les peut émouvoir ; ils l’ont assez montré dans les comédies qu’ils ont souffert qu’on ait jouées tant de fois en public sans en dire le moindre mot. […] En un mot, la morale de Molière est fondée sur la notion claire et l’amour vif du bien 800. […] « À propos de ce mot humanité, qui n’était point d‘un usage populaire du temps où fut jouée cette pièce, Aimé Martin remarque justement que Molière, en l’employant, semble pressentir et critiquer à l’avance l’abus qu’en feront au commencement du siècle suivant les esprits forts, et à la fin de ce même siècle les scélérats qui ont fait de la guillotine l’instrument de leur politique. » Œuvres complètes de Molière, édition variorum de Ch. […] « Cléante nous rend l’homme du monde comme Louis XIV le voulait dés ce temps-là ; il a un fonds de religion, ce qu’il en faut : pas trop n’en faut, comme dit la chanson. » Cela n’est qu’un mot, d’un goût discutable, et qui ne prouve rien.

92. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

En un mot, il imitait la sagesse de certains Législateurs, qui, pour accréditer de bonnes lois, se soumettent eux-mêmes à d’anciens abus. […] On substitue aujourd’hui au mot de boiteux, toute autre injure qui vient dans la tête de l’Acteur. […] Ce seul mot nous fait regretter que Molière n’ait pas fourni une plus longue carrière. […] En un mot, il imitait la sagesse de certains Législateurs, qui, pour accréditer de bonnes lois, se soumettent eux-mêmes à d’anciens abus. […] GRATIS : Ce mot est purement Latin, et signifie, Par grâce, sans qu’il en coûte rien.

93. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

On ne te trouve plus, chez nous, que dans les drames ; L’égoïsme, insensible à la voix du malheur, Aux pleurs de la pitié ferme toujours son cœur ; Et la philosophie et sa douce influence N’ont pu, de son exil, tirer la bienfaisance : Le cri de l’infortune est à peine écouté ; L’homme d’esprit sourit au mot d’humanité ; Le mérite caché languit dans la misère, Et l’intrigant, hélas ! […] La censure, il est vrai, de son poids nous écrase6, Commente chaque mot, mesure chaque phrase ; Ce vers, nous dira-t-on, ne passera jamais : Il sent l’indépendance, il n’est donc pas français. […] Mais un frondeur chagrin et que tout inquiète M’interroge en ces mots : « Trop prévoyant prophète, Sur qui fondez-vous donc cet espoir si brillant ? […] N’a-t-on pas lieu de s’étonner de cette excessive docilité aux ordres de quelques défenseurs de ce mot sacré, quand on voit, peu de jours après, au même théâtre, les baïonnettes de la gendarmerie employées à maintenir l’ordre aux représentations orageuses du Combat des Montagnes, où les mécontents, malgré leur nombre, ont été forcés à une retraite si précipitée !

94. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

En un mot, la Troupe étoit un peu dérangée, & chacun des Acteurs meditoit de prendre son parti. […] & il n’y a pas le petit mot à dire. […] Le Roi ne lui en dit pas un mot à son souper : & tous les Courtisans la mettoient en morceaux. […] Il n’y a pas le mot pour rire à tout cela pour l’homme de Cour, & pour le peuple. […] Il composa quatre vers qui commencent par ces mots.

95. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. De la Gradation. » pp. 342-351

Si la gradation est nécessaire jusques dans les mots, si un poëte adroit ne met jamais allons après volons, s’il ne dit pas je vous aime après je vous adore, parceque la seconde expression est plus foible que la premiere ; à plus forte raison doit-il avoir le soin de graduer ses moyens & ses situations, de façon que l’admiration du public croisse sans cesse. […] Il est vrai que ces mots.... […] Il est vrai que ces mots....

96. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

Un mot le résume : c’est l’égoïste. […] Ce mot de haute comédie n’appartient pas seulement à la langue de la critique ; il est populaire. Molière, en créant la chose, a donné l’idée du mot. […] Jamais paroles plus charmantes sont-elles sorties d’un cœur paternel, que ces mots de l’excellent homme à la vue d’Henriette et de Clitandre se tenant par la main : …Ah ! […] Boileau l’a caractérisé par un mot profond : il l’appelait le Contemplateur.

97. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Ce qui nous intéresse enfin, c’est de nous répéter, fût-ce pour la millième fois, que Molière seul a surpris le comique au sein de la nature, qu’il n’a pas cherché à dire de bons mots, à faire paraître son imagination ou son esprit, mais à peindre le cœur humain et à être vrai, qu’en un mot son comique est un comique moral. […] Quelqu’un relève dans la pièce plusieurs mots où toute la salle a ri, quoiqu’il n’y ait rien de moins spirituel, ou pour mieux dire, rien de plus bas. […] Elle s’est ainsi formé un sens esthétique (mais ce mot n’est pas de sa langue), un instinct du bon et du mauvais, du beau et du laid, du vrai et du faux, un véritable tact littéraire. […] Avec deux ou trois question sans malice, il l’aurait bientôt mise en contradiction avec elle-même, et il lui ferait avouer tout haut qu’elle ne sait pas le premier mot de ce qu’elle dit. […] Uranie aime mieux se taire, et ses lèvres dédaigneuses retiennent le mot qui sauverait son orthodoxie.

98. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [29, p. 54-59] »

J’approuve ses raisons, dit N… il n’y a pas le mot à dire. […] Nous pouvons également la retrouver dans le Recueil de bons mots de l’abbé de Choisy selon Pierre Bonvallet.

99. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [76, p. 115-117] »

[76, p. 115-117263] Penaut, frère de Despréaux, ayant essayé de tourner en épigramme un mot assez malin qu’il avait dit à Pradon264, n’avait pu faire que ces deux vers : Hélas ! […] Pour éviter sans doute la consonance de la rime de satire avec le mot lire qui termine cet hémistiche ; mais Molière soutint qu’il fallait s’en tenir à la première expression, et que la raison et l’art même demandaient et autorisaient souvent le sacrifice d’une plus grande perfection du vers à une plus grande justesse.

100. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Songez davantage, en un mot, aux instincts moraux. […] Dans les deux cas, sans avoir exprimé le mot, il a exactement dépeint la chose. […] De mots piquants partout Dorante vous outrage. […] Ce mot chimère, qui revient sans cesse dans la bouche de Belise, prouve que ce mot, qui l’a vivement froissée, occupe totalement son esprit, et la manière désordonnée dont il est répété dépeint bien le trouble que ce froissement a jeté dans son esprit. […] Le mot instinctif désigne leur nature et le mot moral exprime le but de leur fonction, qui est de diriger et de caractériser les bonnes mœurs.

101.

Et ne jouait-il pas lui-même avec les mots ? […] Le mot était passé dans le répertoire des injures. […] XXXIII, p. 52) reproduisit mot pour mot l’article du Moniteur. […] Réponds d’un mot, et j’attendrai les détails. […] Déjà mon cœur après ce mot soupire Parle.

102. (1686) MDXX. M. de Molière (Jugements des savants) « M. DXX. M. DE MOLIÈRE » pp. 110-125

La Précieuse à tes bons mots A reconnu son faux Mérite. […] L’un défenseur zélé des Bigots mis en jeu, Pour prix de ses bons mots, le condamnait au feu. […] Ainsi il ne me reste plus qu’à dire un mot de sa manière d’écrire, et de représenter ses pièces de théâtre.

103. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Des Pieces intriguées par un Valet. » pp. 125-134

Il sauroit que nos jeunes gens mêmes ne se fient plus à nos intriguants subalternes, pour tromper les oncles & les tuteurs de leurs maîtresses ; que les modernes amours ont des courtiers plus décents, quoiqu’ils fassent la même chose ; qu’un état ne doit pas empiéter sur l’autre ; que les valets, en un mot, n’ont plus de crédit que chez les vieux garçons ». […] Si l’Auteur juge ces pieces dignes de nos premiers treteaux, nous n’avons pas le plus petit mot à lui répondre. […] « Que les valets en un mot n’ont plus de crédit que chez les vieux garçons ».

104. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Du Caractere des Professions. » pp. 284-302

Un Clerc, répétant le dernier mot. […] Vous mettez quatre mots à une ligne ! […] Je ne veux pas qu’on mette plus de deux mots & une virgule à chaque ligne. […] Quatre mots à une ligne !

105. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

— Oui, c’est là le vrai mot que l’on doit dire sur lui : c’était une âme pure ! […] Il emprunta, pour répéter encore le mot, les costumes, mais il inventa et donna l’âme à ces personnages. […] Cet homme de bien, qu’on croyait enterré, se reprend à dire son mot dans les choses temporelles. […] Ce mot est celui des Fourberies de Scapin. […] Despois pour avoir, en beaucoup de points, le dernier mot sur Molière.

106. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Mais lorsque Mascarille prétend que sa subtilité de fourbe lui a acquis la publique estime, qui donc le prend au mot ? […] Il ne craint pas, pour atteindre son but, de hasarder quelques mots un peu vifs pour l’oreille. […] Les truffes sont dans le mot. […] Si Molière est le Dieu de la nouvelle société française, cela peut s’expliquer en deux mots. […] Au mot de baigneur, il lui vient une idée bizarre.

107. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. » pp. 426-435

On tranche le mot aisément. […] Je ne veux point tous ces caquets, & je veux un homme, en un mot, qui m’ait obligation de ma fille, & à qui je puisse dire : Mettez-vous là, mon gendre, & dînez avec moi. […] Le Roi ne lui en dit pas un mot à son souper.

108. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VI. La commedia sostenuta » pp. 103-118

Les vieillards, les valets prenaient les masques de Pantalon, de Brighelle ou d’Arlequin, et la pièce recommençait à chaque fois avec toutes les complications et toutes les cascades (cascate, le mot est dans La Supplica de Beltrame) que le genre comportait. […] Nous ne parlerons que du troisième, de Mamfurio, à qui Métaphraste, du Dépit amoureux, a emprunté l’étymologie du mot magister, « trois fois plus grand, tre volte maggiore ». […] Rappelons en quelques mots où en était la scène française à la même époque.

109. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

La pièce des Femmes savantes, jouée pour la première fois, en 1672, est une dernière malice de Molière, à double fin : d’abord pour se défendre de la réprobation de quelques mots de son langage et de quelques erreurs de sa morale ; ensuite pour servir les amours du roi et de madame de Montespan, qui blessaient tous les gens de bien et dont la mort récente de madame de Montausier était une éclatante condamnation. […] Il les rétablit aussi dans l’horreur convulsive du mauvais langage, et surtout des expressions qui se rapportent à l’amour vulgaire et grossier ; il leur fait un supplice                                              du barbare amas De mots estropiés cousus par intervalle De proverbes traînés dans tes ruisseaux des halles. […] Mais, ajoute Voltaire, les connaisseurs rendirent bientôt à Molière les suffrages de la ville, et un mot du roi lui donna ceux de la cour. » Le suffrage du roi, qui explique très bien celui de la cour, et celui des connaisseurs de la ville, s’explique très clairement lui-même par l’intérêt qu’avait le prince à diminuer la considération des sociétés graves, de mœurs honnêtes, d’occupations nobles, à rendre ridicules les censeurs de ses désordres ; et c’est ce que Molière entreprit dans sa comédie des Femmes savantes, où il représente tout savoir dans les femmes comme une méprisable pédanterie, et toute critique, ou toute censure exercée de fait sur les opinions et les mœurs de la cour, comme une insolence digne de châtiment.

110. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

Il y a, à la vérité, un signe où elle reconnaît les grands hommes, et il n’est peut-être pas bien exact de dire que tous les objets soient égaux devant l’indifférence de sa curiosité ; Molière est mille fois plus intéressant à ses yeux que Cyrano de Bergerac, Pradon ou Boursault : « Plus un poète est parfait, dit-elle, plus il est national ; plus il pénètre dans son art, plus il a pénétré dans le génie de son siècle et de sa race ; la hauteur de l’arbre indique la profondeur des racines466. » Quoi qu’il en soit, l’école historique, je dis l’école historique idéale, à la considérer dans l’unité et la pureté de sa doctrine, annule la critique littéraire au sens où le langage a toujours entendu le mot de critique, puisqu’elle ne juge pas, ne blâme ni ne loue. […] Que faut-il entendre par ce mot : perfectionnement du goût ? […] Sans définir les mots d’art et de science (ce dont il faut se garder, si l’on veut s’entendre soi-même et se faire entendre), on peut dire qu’entre la science et l’art il y a cette différence que, dans l’une les gens médiocres peuvent rendre d’utiles services, au lieu que dans l’autre ils ne font rien qui vaille.

111. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

Le Seigneur Jupiter, dont vous êtes l’agent, Honnête ou non, c’est dont fort peu je m’embarrasse,   Pour goûter des plaisirs nouveaux,   A quelque Nymphe du Parnasse   Voudroit-il en dire deux mots ? […] Il est certain secours que de vous on desire ;   Et j’ai deux mots à vous dire   De la part de Jupiter. […] Il est de certains mots dont l’usage rabaisse  Cette sublime qualité ;  Et que, pour leur indignité,  Il est bon qu’aux hommes on laisse. […] Nous voyons dans ces deux couplets les mêmes mots, les mêmes idées ; les deux personnages y ont les mêmes prétentions, les mêmes fatuités ; tous les deux vantent la beauté de leurs dents, de leur jambe, la finesse de leur taille, la délicatesse de leur goût & de leur esprit, leur talent singulier pour séduire les femmes ; tous les deux concluent qu’avec leur mérite on peut être content de soi dans tous les pays. […] Il n’est pas besoin, Monsieur, & je n’ai qu’un mot à vous dire.

112. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

La satire directe met en jeu l’amour-propre qui regimbe, qui s’irrite et qui récrimine : la comédie le ménage, elle dit le mot de tout le monde sans le dire à personne expressément, et c’est ainsi qu’elle devient tout ensemble un plaisir innocent et un enseignement profitable. […] En un mot, dans les pièces sérieuses, il suffit, pour n’être point blâmé, de dire des choses qui soient de bon sens et bien usitées ; mais ce n’est pas assez dans les autres : il y faut plaisanter ; et c’est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens. » Molière a réussi dans cette étrange entreprise : il fait excellemment rire les honnêtes gens, et il ne s’inquiète pas si les autres font la grimace. […] La piété, qui contient toutes les vertus et qui les achève, ne redoute pas le nom de Tartufe : elle gémit plus douloureusement que personne de la perversité que qualifie ce mot vengeur ; la bonne foi sait gré au poète de lui avoir donné le signalement du monstre, pour en éviter les approches et les embûches. […] La Bruyère et Fénelon en eurent plus tard le soupçon ; mais, en général, on prit presque au mot la modestie du poète. […] Si l’on y regarde de près, ou verra que l’invention dans le langage n’a jamais été portée plus loin ; le mot abstrait ne parait pas, la métaphore y supplée de manière à parler aux sens.

113. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IX. De l’Adultère et des Amours faciles. » pp. 166-192

En un mot, cette pièce est d’un bout à l’autre un effort du plus grand génie, qui triomphe du sentiment moral par la force comique, au point de rendre d’honnêtes époux ridicules, et de faire trouver excusable, agréable, admirable, le plus odieux adultère. […] Peut-être pourrait-on dire que nous sommes plus délicats aujourd’hui qu’on ne l’était il y a deux siècles, et que nous affectons d’être « plus chastes des oreilles que de tout le reste du corps615 ; » il est vrai que le mot grivois ou gaulois, si l’on veut, était alors admis partout, excepté chez les précieuses, et que les dames même ne faisaient point de façon d’en rire : c’était une suite de la licence du seizième siècle616. […] « À ces mots, dit Félibien 633 , l’on vit s’approcher du fond du théâtre un grand rocher couvert d’arbres, sur lequel étoit assise toute la troupe de Bacchus, composée de quarante satyres. […] III, La Pudeur au XVIe siècle : « Chaque siècle a son degré de décence… ; parmi les mœurs du temps, le mot crû n’était que le mot naturel ; les femmes l’entendaient à table tous les jours, et orné des plus beaux commentaires, etc. 

114. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. De l’Entr’acte. » pp. 289-308

Qu’un amant, pour un mot, a de choses à dire, Et qu’impatiemment il veut ce qu’il desire ! […] George Dandin, désespéré de n’avoir pu prouver son déshonneur, s’écrie : Je ne dis pas un mot ; car je ne gagnerois rien à parler. […] Quel tableau vigoureux, sur-tout dans un pays & sur un théâtre où le mot de décence n’étouffe point le talent, ne lui fait pas un crime de sa hardiesse, ne lui interdit pas l’usage de ses ailes, & ne le force pas à ramper à côté de l’esprit ! […] que leurs craintes, leur désespoir ne leur arrachent pas quelques mots entrecoupés, & qu’ils s’en tiennent constamment à des gestes dont chacun demande un commentaire qui ne peut être que très bouffon, mêlé au son de nos violons.

115. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. » pp. 125-143

Comme nous avons beaucoup parlé de cette comédie dans le courant de cet ouvrage, il n’est pas nécessaire d’en faire un extrait bien étendu : il nous suffira d’en dire deux mots pour rappeller seulement le sujet au Lecteur. […] Monsieur, pas un mot ne s’en peut retrancher. […] | De mon côté, pas le mot. — Vous avez, me dit-il, envie de m’échapper ; il y a long-temps que je m’en apperçois ; mais vous n’y réussirez pas : je n’ai garde de vous laisser aller seul. […] J’oyois un de ces jours la Messe à deux genoux, Faisant mainte oraison, l’œil au Ciel, les mains jointes, Le cœur ouvert aux pleurs & tout percé de pointes Qu’un dévot repentir élançoit dedans moi, Tremblant des peurs d’enfer, & tout brûlant de foi : Quand un jeune frisé, relevé de moustache, De galoche, de botte & d’un ample panache, Me vint prendre, & me dit, pensant dire un bon mot : Pour un poete du temps vous êtes trop dévot !

116. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

On sait à Paris qu’une partie de la Suisse parle la langue française ; mais les mots ont-ils le même sens, les mêmes expressions rendent-elles les mêmes idées des deux côtés du Jura ? […] Vinet relève quelque part ce mot et le corrige : « Si Racine est plus naturel, dit-il, il est plus vrai, et s’il est plus vrai, il est plus moral. […] On sait avec quelle vivacité railleuse, il relève quelques mots de Nicole sur l’influence du théâtre : « Non, non, Monsieur, on n’est point accoutumé à vous croire si légèrement, Il y a vingt ans que vous dites tous les jours que les cinq propositions ne sont pas dans Jansénius : cependant on ne vous croit pas encore. […] Aujourd’hui nous attachons à ces deux mots un sens plus moral et plus bourgeois. […] Une œuvre pareille fait scandale, et le mot de Macette est ici vrai : Le scandale est pire que l’offense.

117. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. M. DORAT. » pp. 463-467

— Que devins-je à ces mots, ô mon cher Ricomer ! […] D’un mot je pouvois la confondre ; mais elle n’avoit que trop compté sur mon trouble & mon effroi.

118. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Monologues. » pp. 261-273

Le monologue que fait l’Avare, quand on lui a volé sa cassette, peint mieux son désespoir qu’un dialogue qui contiendroit à peu près les mêmes mots. […] Dans le Babillard, comédie en un acte, en vers, de Boissy, Léandre impatiente par son caquet six femmes auxquelles il ne donne pas le temps de placer un seul mot dans la conversation. […] Le Sosie latin débite à sa lanterne une narration de dix ou douze pages, sans qu’elle daigne répondre un seul mot : aussi la scene est-elle très ennuyeuse ; au lieu qu’elle est très plaisante chez notre poëte.

119. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. De la Catastrophe ou du Dénouement. » pp. 503-516

Les Auteurs qui ont traité de l’art de la comédie, ont presque tous fait de grands raisonnements pour expliquer ce que signifie le mot de catastrophe ; pour moi, je dirai tout uniment, d’après Scaliger 66, que la catastrophe, dans la comédie, est une révolution aussi heureuse que prompte dans les affaires des personnages. […] Quelle adresse n’a-t-il pas fallu pour amener insensiblement le spectateur au point de n’avoir besoin que d’un seul mot pour être entiérement satisfait ! […] Mille pieces en finissant me laissent inquiet sur le sort de quelque acteur : dans le Tartufe, par exemple, le fils d’Orgon m’a dit dès le premier acte, qu’il est amoureux de la sœur de Valere ; je voudrois bien qu’un mot m’apprît au dénouement si ses feux seront couronnés.

120. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Quelques mots nous donneront tout de suite le ton du recueil ; voici, par exemple, les aphorismes humoristiques qu’on y prodigue : « Une femme mariée, dit Arlequin, est comme une maison dont le propriétaire n’occupe que le plus petit appartement, et où cependant toutes les grosses réparations se font sur son compte. » Mezzetin, reprend : « Comme ainsi soit que le naturel des corneilles est d’abattre des noix et de parler gras, celui des pies d’avoir la queue longue, et des perroquets d’être habillés de vert, de même la nature des femmes est de faire enrager leur mari. » Colombine trouve son maître Persillet triste et soucieux : « Qu’est-ce que c’est, Monsieur ? […] À cela, mot, point de réponse. […] En peu de mots, je vous prie, car il faut que je me rende au Bureau. […] Le notaire, enchérissant même sur ce programme, propose aux créanciers de les transformer en actionnaires ; le mot n’y est pas, mais la chose y est : ARLEQUIN aux créanciers.

121. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

. — Mot tendre du roi à madame de Maintenon. — Son départ pour l’armée. — Madame de Montespan reste près de la reine son voyage à Bourbon. — Coïncidence de son retour avec celui du roi. — On reprend les anciennes habitudes. — Humeur de madame de Maintenon. — Explication entre elle et Madame de Montespan. […] Dans le mois de janvier, le roi eut l’occasion de dire un mot plus que galant à madame de Maintenon. […] Mais elle ne veut pas être prise au mot.

122. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. » pp. 219-261

Moncade dit à Pasquin de lui faire un conte pour le distraire ; Pasquin est fort embarrassé, il ne prononce pas un mot que son maître ne trouve occasion de se rappeller Mariane & de renouveller ses transports jaloux. […] Baron a traduit cette scene mot à mot. […] Dave assure que son pere veut l’éprouver : si vous refusez, lui dit-il, il verra bien que vous êtes épris ailleurs, & il fera chasser l’Andrienne : feignez d’être prêt à lui obéir, il n’aura plus le mot à dire, & lui-même sera bien attrapé. […] Mot à mot : soixante vers pour vingt-neuf.

123. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

L’un défenseur zélé des bigots mis en jeu, Pour prix de ses bons mots le condamnait au feu. […] Il est vrai qu’on y remarquait un grand défaut, et ce défaut en un mot est que ces comédiens du Petit-Bourbon ne jouent rien qui vaille, malgré la force de leur brigue. […] Non seulement il se trouve dans les ouvrages de cet admirable auteur des vices de construction, mais aussi plusieurs mots impropres et surannés… Au reste, L’Étourdi eut plus de succès que Le Misanthrope, L’Avare, et Les Femmes savantes, n’en eurent depuis. […] ” Cela arriva comme je l’avais prédit, et dès cette première représentation, l’on revint du galimatias, et du style forcé. » « [*]Cet aveu (de Ménage) n’est autre chose que le sentiment réfléchi d’un savant détrompé, mais le mot du vieillard, qui du milieu du parterre s’écria par instinct, courage, Molière, voilà la bonne comédie, est la pure expression de la nature, qui montre l’empire de la vérité sur l’esprit humain. » [*]. […] Voici en peu de mots quel en est le sujet.

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